Mali: la médiation appelle à une signature de l’accord de paix le 15 mai à Bamako

Mali: la médiation appelle à une signature de l’accord de paix le 15 mai à Bamako

Agences, Maghreb Emergent, 19 avril 2015

La médiation, conduite par l’Algérie, a rappelé, dans un communiqué, l’engagement international à mettre en œuvre de façon effective et intégrale l’accord de paix et de réconciliation au Mali.

La médiation internationale au dialogue malien, conduite par l’Algérie, a invité samedi toutes les parties à signer l’accord de paix et de réconciliation au Mali à l’occasion d’une cérémonie prévue le 15 mai prochain à Bamako (Mali), dans un communiqué de la médiation rendu public à Alger par le ministère des Affaires étrangères et relayé par l’Agence de presse algérienne.

« La médiation souligne que le processus de paix en cours doit se poursuivre de la manière qui puisse consolider les acquis jusqu’ici obtenus. A ce titre, elle invite et engage tous les mouvements politico-militaires parties à la Déclarations d’Alger du 9 juin 2014 et à la plate-forme d’Alger du 14 juin 2014 et/ou toutes les parties signataires de la feuille de route du 24 juillet 2014 à procéder à la signature de l’accord à l’occasion de la cérémonie qui sera organisée le 15 mai 2015 à Bamako à cette fin », a indiqué le communiqué.

La médiation, qui a été élargie aux Etats-Unis d’Amérique et à la France, a affirmé que « cette étape (la signature de l’accord) ouvrira la voie à la mise en œuvre et à l’opérationnalisation des engagements pris ».

Engagement à une mise en œuvre « complète » de l’accord

« La médiation veillera à ce que la mise en œuvre de l’accord soit effective et complète, selon des modalités et un calendrier d’application à convenir conformément aux dispositions de l’Accord », lit-on également dans le même texte.

« Les dispositions nécessaires seront prises pour permettre et faciliter à toute personne et entité désireuse de marquer leur contribution à la réalisation des objectifs de l’accord d’apporter leur soutien direct et formel à l’accord », a ajouté la médiation, qui a tenu des réunions de consultations à Alger du 15 au 18 avril courant.

La médiation a tenu, selon la même source, « une série de réunions et de consultations (…) sous la présidence de son chef de file, l’Algérie, pour faire le point sur le processus de paix en cours au Mali depuis l’ouverture au paraphe le 1er mars 2015 à Alger de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali du processus d’Alger et arrêter les actions à engager au titre des prochaines étapes. »

« Elle (la médiation) prend bonne note du contenu des déclarations du Conseil de sécurité du 10 avril 2015 et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine du 27 mars 2015 sur la situation au Mali et fait sien l’appel des membres des deux organes engageant les parties à saisir cette occasion historique qui s’offre à elles pour asseoir une paix durable au Mali », a également précisé le communiqué.

Après avoir considère que l’accord comporte « un dispositif robuste » de garanties internationales, de suivi et d’accompagnement, gage d’une application effective de l’ensemble des dispositions de l’accord, la médiation a affirmé que « le paraphe de l’accord par tous les membres de la médiation et d’autres partenaires du Mali, ainsi que le soutien unanime dont il bénéficie au plan international, constituent, en eux-mêmes, un engagement juridico-politique de la communauté internationale en faveur d’une mise en oeuvre intégrale des engagements convenus. »

Soulignant que tous les acteurs, séparément et collectivement, « doivent prendre conscience de la responsabilité qui est la leur en la matière », la médiation a exhorté « fortement » les parties à continuer à respecter jusqu’à terme tous les engagements qu’elle ont pris à travers l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 et ses modalités de mise en œuvre, la Déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet 2014 et la Déclaration des parties au processus d’Alger du 19 février 2015. Elle a, dans ce sens, engagé les parties à « promouvoir toute initiative qui soit de nature à restaurer et renforcer la confiance et à permettre une mise en oeuvre complète des dispositions de l’accord. »

« Les instances internationales seront saisies si le processus de paix est en péril »

La médiation a, en outre, affirmé qu’elle « ne manquera pas de saisir les instances internationales concernées au sujet de toute attitude ou action de nature à mettre en péril le processus de paix en cours. »

La médiation a, dans le même contexte, lancé « un appel à toutes les bonnes volontés, notamment celles au nord du Mali, y inclut les Chefferies traditionnelles, les Autorités coutumières et toutes les personnalités influentes à soutenir l’accord et à apporter toute contribution nécessaire à sa mise en œuvre. »

« La médiation, réitérant l’engagement sans faille de ses membres aux côtés du Mali souverain, uni et réconcilié, appelle les partenaires de ce pays et l’ensemble de la communauté internationale à une mobilisation continue et soutenue jusqu’à une sortie effective et définitive de la crise », a conclu le communiqué.


Accord de paix et de réconciliation au Mali : Les certitudes de Lamamra

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 20 avril 2015

Comment interpréter la déclaration du chef de la diplomatie algérienne, hier, à propos de la signature de l’accord de paix et de réconciliation au Mali ? Alors que l’opinion internationale attend l’adhésion de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Ramtane Lamamra annonce que l’accord, paraphé à Alger le 1er mars dernier, sera signé le 15 mai prochain à Bamako, alors qu’une première date avait déjà été annoncée pour le 15 avril à Alger. Il précisera que «cette signature se fera avec le soutien de la communauté internationale et la participation de tous les acteurs maliens», sans évoquer le cas de la CMA qui, jusqu’à dernière information, refuse toujours de signer l’accord.

Samedi, et dans un communiqué rendu public dans la capitale algérienne, la médiation internationale au dialogue malien, conduite par l’Algérie, a invité toutes les parties à signer l’accord de paix et de réconciliation.

La médiation avancera même des garanties sur «la mise en œuvre de l’accord, effective et complète, selon des modalités et un calendrier d’application». Alors, que s’est-il passé, en moins de 24 heures, entre l’invitation, voire la prière, de la médiation et l’annonce pleine d’assurance du ministre algérien des Affaires étrangères ? Alger a-t-elle reçu des certitudes des mouvements du Nord Mali d’être au rendez-vous, le 15 mai à Bamako ? La CMA a-t-elle eu gain de cause concernant certains amendements ? Ramtane Lamamra a-t-il réussi à convaincre la délégation de la CMA présente, dernièrement, à Alger, à l’invitation de l’Algérie ? Rien n’est moins sûr d’autant plus que des informations non vérifiables ont circulé sur l’issue négative de cette rencontre.

Rappelons qu’un communiqué de la Coordination, rédigé à Nouakchott, le 14 avril 2015, et signé par Mohamed Elmaouloud Ramadane, le porte-parole du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), a précisé que la délégation conduite par Sidi Brahim Ould Sidatt, Secrétaire Général du MAA, se déplacerait à Alger pour expliquer, «de vive voix» la position de la CMA. Cette dernière, qui regroupe essentiellement le MAA, la Coordination pour le peuple de l’Azawad (CPA), le MNLA et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), désirait également, à travers cette visite, «exposer aux acteurs de la médiation internationale les raisons qui ne lui permettent pas de parapher le document proposé à sa signature le 1er mars, ainsi que les réserves pertinentes remises à la mission internationale, le 17 mars 2015 à Kidal». Des amendements «qui constituent l’essentiel des revendications de l’Azawad» remis à la mission internationale qui s’était déplacée à Kidal, dans le nord du Mali, pour convaincre la CMA de signer le projet d’accord. La médiation avait essuyé un non catégorique de la Coordination qui fait de l’autonomie de l’Azawad une condition sine qua non pour parapher l’accord de paix.

Dans un précédent communiqué de presse rédigé dans la capitale mauritanienne, le 10 avril dernier, et signé par Mossa Ag Attaher, le porte-parole du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), la CMA avait tenu à informer l’opinion nationale et internationale qu’elle ne pourra pas parapher l’accord en question «dans son état actuel et à la date indiquée», le 15 avril à Alger. La CMA avait réaffirmé, alors «son engagement à poursuivre le dialogue».

Pour rappel, l’accord a été paraphé, à Alger, par Bamako et certains mouvements politico-militaires du nord engagés dans la plateforme d’Alger, sous la supervision d’une médiation internationale. Pourtant, et dès le départ, la CMA a refusé de le cautionner en demandant du temps pour l’expliquer à ses militants réfractaires. Sur le terrain, à Kidal, à Ber ou à Ménéka, les pro-Azawad avaient souligné les limites du texte qui n’intègre ni l’autonomie ni le fédéralisme dans le projet d’accord de paix.