L’opposition contre toute ingérence étrangère

L’opposition contre toute ingérence étrangère

El Watan, 1er mars 2011

Les Libyens en révolte rejettent toute opération militaire de la communauté internationale qui les déposséderait de leur soulèvement.

«Le reste de la Libye sera libéré par le peuple libyen», a affirmé dimanche dernier à Benghazi (est) le porte-parole du comité de la révolution, Abdelhafez Ghoqa, récusant «toute ingérence ou opération militaire étrangère». «Nous comptons sur l’armée pour libérer Tripoli», a-t-il assuré lors de l’annonce de la formation prochaine d’un «Conseil national indépendant» pour représenter politiquement les régions du pays tombées aux mains de l’insurrection. «Nous acceptons une interdiction de survol, mais pas de sanctions économiques qui pénaliseraient la population», a indiqué samedi l’avocat Fethi Terbil, un des animateurs du soulèvement, rapporte l’AFP.

«Ce que nous voulons, c’est du renseignement, mais en aucun cas une atteinte à notre souveraineté aérienne, terrestre ou maritime», a-t-il ajouté, lors d’une rencontre avec des journalistes à Benghazi. «Il y a un très fort sentiment national en Libye», explique Abeir Imneina, professeur de sciences politiques à l’université de Benghazi. «De plus, l’exemple de l’Irak fait peur dans l’ensemble du monde arabe», souligne-t-elle, en référence à l’invasion américaine de 2003, censée apporter la démocratie dans le pays puis par contagion à l’ensemble de la région, un scénario totalement démenti par les faits. «On sait bien comment cela s’est passé en Irak, qui se trouve en pleine instabilité, ça ne donne vraiment pas envie de suivre le même chemin. On ne veut pas que les Américains viennent pour finir par devoir regretter El Gueddafi», poursuit-elle.
Rédaction Internationale


 

Après le contrôle de l’est de la Libye

Les insurgés préparent la bataille de Tripoli

El Watan, 1er mars 2011

Après avoir pris le contrôle de l’Est et de plusieurs villes de l’ouest du pays, l’opposition prépare, la bataille de Tripoli, la capitale, où le colonel Mouammar El Gueddafi continue à entretenir l’illusion de défendre son pouvoir.

Ainsi, au quatorzième jour de l’insurrection El Gueddafi et ses forces ne contrôlent plus que Tripoli et sa région, alors que Washington évoque l’exil du dirigeant libyen, «une possibilité» pour mettre fin à la répression sanglante des populations. En effet, lors d’une conférence de presse, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a néanmoins refusé hier de «spéculer» sur la possibilité de voir les Etats-Unis contribuer à un tel exil. «L’exil serait tout à fait une possibilité pour produire le changement» réclamé par les manifestants descendus depuis deux semaines dans les rues du pays, indique Jay Carney, en observant que le colonel El Gueddafi doit «s’écarter» du pouvoir, comme l’a déclaré pour la première fois samedi dernier le président américain Barack Obama.

Le même responsable affirme que les Etats-Unis étaient en contact avec des groupes de la rébellion en Libye. Cependant, il est «prématuré» d’évoquer une reconnaissance de l’un ou de l’autre par Washington. Les insurgés ont créé, dimanche dernier, un Conseil national indépendant à Benghazi, deuxième ville du pays et fief traditionnel de la contestation, chargé de représenter «toutes les villes libérées». Cet organe sera «le visage de la Libye pendant la période de transition», a déclaré son porte-parole, Abdelhafez Ghoqa. «Nous comptons sur l’armée pour libérer Tripoli», a-t-il ajouté.

A plus de 1000 km à l’ouest, autour de la capitale, l’opposition confirme le contrôle de plusieurs villes. Selon un membre du comité révolutionnaire de Nalout (230 km à l’ouest de Tripoli), ces villes sont «aux mains du peuple». Il s’agit de Al Rhibat, Kabaw, Jado, Rogban, Zentan, Yefren, Kekla, Gherien et Hawamed. «Nous nous plaçons sous l’autorité du gouvernement intérimaire de Benghazi» et «nous préparons les forces pour marcher sur Tripoli et libérer la capitale du joug d’El Gueddafi», a ajouté Chaban Abu Sitta. Située à 60 km à l’ouest de la capitale, la ville de Zawiya est sous contrôle des insurgés. Les villes stratégiques de Misrata à l’est et Gherien au sud semblent aussi sous l’autorité de l’opposition. Hier, le commissaire européen à l’Energie, Gunther Oettinger, a déclaré que les forces loyales à El Gueddafi ne contrôlent plus les principaux champs de pétrole de Libye, désormais entre les mains de l’insurrection.

«Nous avons tout lieu de penser que le gros des champs d’exploitation» de gaz et de pétrole «n’est plus entre les mains d’El Gueddafi, mais se trouve sous le contrôle de tribus et de forces provisoires qui ont repris le pouvoir», a-t-il indiqué à Bruxelles. Dans ces conditions, «nous avons décidé de ne pas imposer un blocus pour ne pas pénaliser les personnes qui ne seraient pas celles visées par des sanctions», a-t-il ajouté en marge d’une réunion des ministres européens de l’Energie.
Par ailleurs, l’armée américaine positionne des forces navales et aériennes autour de la Libye, a indiqué hier le Pentagone. Et cela, au moment où les puissances occidentales envisagent la possibilité d’une intervention militaire contre le régime d’El Gueddafi. «Nous avons des planificateurs qui étudient plusieurs plans possibles et je pense que l’on peut dire à coup sûr qu’au vu de cela nous sommes en train de repositionner des forces en vue d’avoir la flexibilité nécessaire une fois que les décisions auront été prises», a déclaré le porte-parole du Pentagone, Dave Laplan.

Amnay idir