Lamamra sur l’enlisement de la crise libyenne

Lamamra sur l’enlisement de la crise libyenne

«Notre sécurité nationale est directement affectée»

El Watan, 22 octobre 2014

L’armée nationale est présente sur la ligne frontalière avec la Libye l Un état d’alerte persistera dans le temps et ne sera levé qu’une fois que la Libye aura retrouvé le chemin de la paix.

L’Algérie est directement exposée aux retombées du prolongement de la crise en Libye.» Cette déclaration a été faite, hier à Alger, par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à l’occasion de la célébration du 20e anniversaire du Dialogue méditerranéen de l’Alliance du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Avec cet énième appel au règlement pacifique et rapide de la crise libyenne, le chef de la diplomatie algérienne ne cache pas la crainte de l’Algérie de voir l’impact du conflit, dans le pays voisin, déborder en dehors de ses frontières. «Les efforts que déploie l’Algérie pour le règlement de la crise libyenne et celle qui prévaut dans la Sahel, se fait, également, dans la mesure où la sécurité nationale en est directement affectée», indique M. Lamamra. «Nos voisins méditerranéens partagent avec nous cette préoccupation et notre volonté de contribuer à convaincre d’abord les frères libyens de redécouvrir les vertus du dialogue inclusif», rappelle le même responsable comme pour insister sur l’urgence d’un règlement rapide de la crise et éviter un enlisement dangereux pour tous.

Le dialogue interlibyen, qu’Alger appelle de tous ses vœux, ne connaît toujours pas son amorce du fait de la persistance de certaines parties libyennes à faire parler les armes et imposer leurs visées par l’usage de la force. «L’Algérie veut convaincre les Libyens de se diriger vers une réconciliation nationale garante d’une consolidation de la légitimité des institutions et d’une mobilisation de tous les moyens et ressources pour reconstruire ce pays dévasté par la guerre et des confrontations fratricides», affirme le ministre, en notant que la communauté internationale est consciente que les crises qui «tardent à trouver des solutions durables se dégradent de manière insoupçonnée pour prendre des proportions et des dimensions difficilement gérables».

Le ton adopté par le ministre est celui de la solennité et de la gravité, appelant à n’en point douter à plus de responsabilité de la part de tous les acteurs libyens et régionaux pour faire aboutir la solution pacifique de toute urgence. De son côté, l’Algérie, a-t-il dit, veille à «ce que ses frontières ne soient pas utilisées à des fins de déstabilisation vers l’intérieur du territoire national comme vers les territoires des pays voisins». Une précision qui reflète la situation d’alerte qu’occupe l’armée nationale sur la ligne frontalière avec la Libye. Un état d’alerte qui persiste dans le temps et ne sera levé qu’une fois que la Libye aura retrouvé le chemin de la paix perdue.

Le ministre assure que le terrorisme international «ne constitue plus aujourd’hui une menace sérieuse, ni à la sécurité ni à la l’économie nationale de l’Algérie, mais reste une menace pour la sécurité des personnes et des biens». Ce qui, ajoute-t-il, constitue une source de préoccupation et sollicite la mobilisation de grands moyens de l’Etat et la vigilance de tous les citoyens. La menace terroriste en Méditerranée, précise M. Lamamra, «nécessite une réponse collective fondée sur le dialogue et la cohérence… La sécurité de cette région est inséparable du règlement de la crise dans le Sahel». Le premier round de dialogue entre parties libyennes en conflit devait débuter en ce mois d’octobre, mais la persistance des conflits armés, notamment du fait des milices islamistes ne reconnaissant pas la légitimité du Parlement élu en juin dernier, amoindrit les chances de dialogue et de règlement pacifique de la crise.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon avait effectué, il y a plus d’une semaine, une visite surprise en Libye afin d’appeler toutes les parties à donner une chance au dialogue. «Sans un arrêt immédiat des affrontements et sans le rétablissement d’une paix durable, prospérité et vie meilleure seront un rêve lointain», avait-il averti.
Nadjia Bouaricha