Les Américains cherchent à revenir en Libye

Lutte contre le terrorisme au Maghreb

Les Américains cherchent à revenir en Libye

El Watan, 15 juillet 2017

La chaîne de télévision américaine CNN révèle que la Maison-Blanche étudie la possibilité d’envoyer de façon rotative jusqu’à 50 soldats des forces des opérations spéciales pour le partage de renseignements et le contre-espionnage.

Absente ces derniers mois du théâtre libyen, l’administration américaine est sur le point de finaliser une nouvelle approche diplomatique et militaire pour la Libye qui devrait asseoir un nouveau partenariat entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme.

Selon CNN qui cite deux responsables américains, cette nouvelle approche — qui pourrait être finalisée dans les prochaines semaines — vise à renforcer le rôle diplomatique des Etats-Unis en Libye, soutenir la réconciliation entre les factions libyennes et faciliter la réouverture éventuelle de l’ambassade américaine dans ce pays.

L’administration américaine prévoit également des programmes de partage de renseignements ainsi que des formations militaires pour soutenir l’armée libyenne et le rétablissement de la présence américaine à Benghazi après l’attaque de 2012 qui a coûté la vie à quatre Américains, dont l’ambassadeur Christopher Stevens. La chaîne de télévision américaine révèle que la Maison-Blanche étudie, en outre, la possibilité d’envoyer de façon rotative jusqu’à 50 soldats des forces d’opérations spéciales pour le partage de renseignements et le contre-espionnage.

Les deux responsables, qui s’exprimaient sous couvert de l’anonymat, ont affirmé qu’il était nécessaire pour les Etats-Unis d’établir une présence permanente en Libye après la fermeture de son ambassade en 2014 suite à la détérioration de la situation sécuritaire, reconnaissant qu’il était difficile sur le plan pratique d’atteindre ces objectifs stratégiques. Le défi majeur pour l’administration américaine, signale CNN, est de parvenir à concilier les différentes parties libyennes en vue de constituer un gouvernement national.

Instabilité chronique

Les appréhensions de Washington sont fondées puisque bien que soutenu par la communauté internationale, le gouvernement libyen d’union nationale (GNA) n’a toujours pas réussi à pacifier la Libye et à imposer son autorité. Trois gouvernements, l’un à l’Est et deux autres à l’Ouest, se disputent le pouvoir. Après plusieurs mois d’accalmie, la capitale Tripoli a renoué la semaine dernière avec les violences.

Une coalition de forces loyales au GNA a annoncé, mercredi, avoir repoussé, après trois jours de combats, une offensive lancée par des milices fidèles à l’ancien chef d’un gouvernement non reconnu, Khalifa Ghweil, écarté du pouvoir après la formation du GNA. L’offensive s’est concentrée sur Garabulli, ville côtière située à 60 km à l’est de Tripoli. Les combats ont fait au moins quatre morts, dont deux travailleurs étrangers, et 21 blessés, selon un bilan du ministère de la Santé.

Les autorités à l’est du pays et alliées au maréchal Haftar, à l’inverse du GNA, confortent leur contrôle sur l’ouest du pays après la victoire remporté par l’Armée nationale libyenne (ANL) sur les groupes terroristes affiliés à Daech et à Al Qaîda à Benghazi. La perspective de voir le maréchal Hatar diriger un jour la Libye fait toutefois peur à la population qui voit d’un très mauvais œil son alliance avec les groupes salafistes de la région. Les citoyens et les intellectuels libyens dénoncent systématiquement des menaces touchant à leur liberté d’expression. Les salafistes, soutenus et financés par l’Arabie Saoudite, semblent même être au cœur du pouvoir à l’est.

Ils sont actuellement présents dans toutes les institutions sensibles et font régner leur loi. Haftar a reconquit plusieurs localité de l’est et du sud libyen grave à l’appui militaire des Egyptiens, des Emiratis et des pays occidentaux. Des sources indiquent qu’il est également aidé par les Russes. Le souhaite des Etats-Unis de revenir en Libye pourrait correspondre à leur souci de ne pas se laisser distancer au Maghreb par certaines puissances.
Zine Cherfaoui