Le va-et-vient des ministres candidats

LEGISLATIVES 2017

Le va-et-vient des ministres candidats

Le Soir d’Algérie, 1er mars 2017

Depuis début février, les informations se téléscopent sur la candidature ou non d’un certain nombre de ministres au scrutin législatif du 4 mai prochain.
Le flou reste total toutefois, malgré les dernières déclarations d’Ould Abbès, secrétaire général du FLN, qui se voulaient pourtant répondre aux interrogations sur cette question. Iront-ils oui ou non et qui ira ? Le suspense reste entier mais d’ores et déjà, des huit ministres annoncés par le SG du FLN comme candidats, quatre d’entre eux annoncent dans une espèce de tour de rôle, qu’ils ne le seront pas.
D’ici le 5 mars, échéance ultime du dépôt des listes, l’on peut s’attendre à ce que d’autres se retirent de la compétition. Quelles lectures possibles peut-on faire de ces tergiversations ? Huit noms de ministres en poste étaient donnés, par le SG du FLN, partants comme candidats aux élections législatives prochaines : Boudjema Talai, ministre des Transports, Abdelmalek Boudiaf ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, celui de l’Aménagement territorial, du Tourisme et de l’Artisanat Abdelwahab Nouri, la ministre chargée des Relations avec le Parlement Mme Ghania Eddalia, Abdeslam Chelghoum ministre de l’Agriculture du Développement rural et de la Pêche ; Tahar Hadjar ministre de l’Enseignement et de la Recherche scientifique, Abdel-kader Ouali ministre des Ressources en eau et de l’Environnement et enfin Mme Aïcha Tabagou ministre déléguée du Tourisme et de l’Artisanat. Depuis l’annonce officielle de cette liste par le SG du FLN sous la bannière de laquelle devaient se porter ces candidats ministres, l’on assiste chaque jour à la défection de certains d’entre eux.
A ce jour, Abdeslam Chelghoum, Abdelouahab Nouri, Boudjema Talai et Abdelmalek Boudiaf ont fait savoir qu’ils ne prendront pas part à la compétition électorale. Cette valse de désistement a été précédée par l’information relative à la non-candidature de Abdelmalek Sellal, donnée durant les premières semaines de février comme partant.
Le SG du FLN a bien précisé il y a quelques jours que la candidature de Sellal relevait de la décision du président de la République, mais est-il utile d’apporter cette précision dans la mesure où pour toutes les candidatures de ministres, celle de Sellal comprise, l’on ne peut imaginer qu’elles se fassent ou même s’effacent sans l’aval du Président d’abord comme président d’honneur du FLN et ensuite président de la République.
Plusieurs lectures de ce revirement sont possibles. Laisser le scrutin se faire sans la participation de ceux qui gouvernent aujourd’hui peut donner aux élections à venir plus de crédibilité et amener plus d’électeurs à se rendre aux urnes.
Si l’on ajoute que la plupart des 8 ministres FLN devaient occuper les têtes de liste des villes où ils se présentaient, l’on suppose que leur retrait permet de calmer tous les candidats des autres formations politiques qui commençaient à s’agiter de l’OPA du FLN sur cette élection. Ainsi retirés de la compétition, l’on peut donner l’illusion que le scrutin est ouvert à tous.
L’autre lecture possible est que, malgré toutes les précautions prises par les organisateurs du scrutin pour donner l’illusion que ce seront des élections transparentes et propres, les candidats ministres FLN soient rejetés par les électeurs avec fracas et, partant, le résultat en serait catastrophique non seulement pour eux mais pour le FLN, pour l’exécutif qu’ils représentent malgré eux et pour enfin, tous ceux dans le pouvoir actuel qui auraient des prétentions pour une échéance plus lointaine et plus importante, celle des présidentielles de 2019.
Enfin et toujours comme lecture possible de cette valse du y va, n’y va pas, n’y aurait-il pas, depuis l’annonce des huit ministres candidats, des accords secrets qui pourraient avoir abouti sur un partage des candidats en tête de liste entre ceux du FLN et des candidats d’autres formations à qui on céderait des circonscriptions en guise de récompense pour leur participation inattendue à cette élection et du crédit qu’ils peuvent apporter à ce scrutin, par leur présence.
Ce ne sont là que des hypothèses. Il y en a sûrement d’autres et les jours à venir pourraient éclairer davantage ces retournements pour le moins inattendus.
Khedidja Baba Ahmed