Ghezali-Hanoune: l’autre « bataille d’Alger »

Ghezali-Hanoune: l’autre « bataille d’Alger »

Liberté, 25 mars 2017

Louisa Hanoune (PT) et Salima Ghezali (FFS), désignées tête de liste à Alger, seront sans aucun doute très suivies lors de la campagne électorale. Retrouver ces deux femmes de caractère

Les élections législatives approchent à grands pas. Prévues pour le 04 mai 2017, elles sont, en empruntant la langue de bois utilisée par certains politiciens, « décisives ». Tandis que pour d’autres citoyens lambda, ce rendez-vous « nous replonge » dans la décennie noire qu’a connue le pays durant les années 90. Peut être parce que ces élections connaissent les mêmes acteurs politiques des la décennies passées! A l’instar de Louisa Hanoune (62 ans ), Secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), et Salima Ghezali (59 ans), militante des droits de l’homme et de la démocratie en Algérie.

Cette dernière, qui a marqué les générations qui ont vécues le terrorisme en Algérie, a été désignée tête de liste du Front des forces socialistes (FFS) à Alger. Elle est surtout connue pour être l’ancienne directrice du journal « La Nation », fermé officiellement en 1996. Hormis son parcours journalistique, Salima Ghezali est l’une des fondatrices de « Femmes d’Europe et du Maghreb », elle était aussi présidente de l’AEF, (l’association pour l’émancipation de la femme). En 2000 elle devient conseillère du FFS, elle était également connue pour être proche de Ahmed Ait Ahmed.

Dans un portrait dressé par le quotidien français l’Express, publié en 1995, la journaliste l’avait décrite comme étant une : « petite brune aux yeux malicieux fait preuve d’un courage impressionnant. Au point, en 1989, de foncer dans une manifestation intégriste, pour y distribuer, au nez et à la barbe du service d’ordre, un texte qu’elle a écrit: ‘’Halte aux mensonges des prêcheurs de la haine!‘’».

Pour rappel, Salima Ghezali a eu plusieurs prix internationaux, dont le prix Sakharov des droits de l’homme en 1998.

Quant à sa « concurrente », Louisa Hanoune, elle a eu un parcours politique très riche. En 2004, elle était la première femme arabe à se présenter aux présidentielles, en remportant 1 % des votes (101 630 voix). La journaliste Daikha Dridi l’a décrite dans l’article : « Louisa Hanoune, première candidate à la présidence algérienne », comme étant « une battante qui ne mâche pas ses mots, c’est pourtant comme cela qu’elle est apparue pour la première fois au grand public, avec l’ouverture démocratique en 1989, et c’est comme cela qu’elle a continué à se faire connaître tout au long des années de guerre civile qui ont suivi, lorsqu’elle dénonçait ouvertement la brutale répression que le régime militaire faisait subir aux islamistes.
C’est probablement pour ces raisons que personne n’a vraiment été surpris lorsque le leader islamiste le plus populaire d’Algérie, le plus radical aussi, Ali Benhadj, a choisi, à sa sortie de prison, après douze années de réclusion, de rendre visite à Louisa Hanoune pour la remercier. Quand on connaît les parcours personnels mais aussi et surtout les idéologies qui fondent les combats politiques de chacun de ces deux personnages, l’image a pourtant de quoi laisser aphone ».

Parité dans les listes électorales

Parallèlement, dans la sphère politique, les femmes têtes de listes sont peu nombreuses, voire inexistantes même chez les partis les plus « emblématiques ».

A l’exemple du FLN, qui a désigné Eddalia Ghania, actuelle ministre des réformes avec le parlement, à la tête de la liste de la wilaya de Blida, sur un total de 612 candidats pour 462 sièges au parlement.

Pareil pour le RND qui a désigné une seule femme tête de liste, sur un total de 614 candidats, comme indiqué sur le compte Facebook du RND Béjaia (voir en dessous).

Cependant, le chargé de communication du RND, Seddik Chihab, avait révélé, sur les colonnes du quotidien El Watan, il y a quelques jours : «Nous avons placé 149 femmes sur nos listes. Certes, nous n’avons pas de femme tête de liste, mais il y a automatiquement des femmes classées en deuxième position».

Dans le même journal, il est repris qu’à la coalition islamiste, Mouvement de la société de paix (MSP) et le Front du Changement (FC), «nous avons également placé 48 femmes en deuxième position. En tout cas, nous avons dépassé le seuil des 30% fixé par la loi pour les candidatures féminines», a indiqué Farouk Tifour, cadre au MSP.

«Le FNA accorde une place privilégiée à la femme qui est en tête de 4 listes. La liste de Chlef ne comporte que des femmes», a affirmé le président du parti, Moussa Touati, dans une déclaration à l’APS.

Au PT, quatre listes sont conduites par des femmes. A Tizi-Ouzou, Sidi Bel Abbès et Sétif c’est Nadia Yefsah, Imane Abdelmalek et Khadidja Zerari qui sont têtes de liste.

Le FFS a deux listes dirigées par des femmes. Celle de Skikda est conduite par Habiba Hadjoudj, épouse Boudersa.

Pour le RCD, aucune femme n’a été désignée tête de liste. Fetta Sadat, Lila Hadj Arab et Me Ouali, sont classées deuxièmes sur, respectivement, les listes d’Alger, Tizi Ouzou et Béjaïa.

Imène AMOKRANE