Législatives: La crise économique s’invite dans la campagne électorale

Législatives: La crise économique s’invite dans la campagne électorale

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 11 avril 2017

Tous les partis politiques engagés dans les élections législatives 2017 ont pris conscience de la gravité sociale et économique actuelle, estime M. Mustapha Mékidèche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES).

Il a expliqué, hier lundi, dans une intervention à la radio nationale qu’il ne suffit pas «d’avoir un pacte social pour aborder l’étape difficile actuelle pour un changement de paradigme de croissance». Il relève, face aux différents programmes économiques des partis engagés dans cette campagne électorale, qu’«il y a d’abord un progrès très significatif du contenu économique des différents programmes, tous partis confondus». «J’ai plus trouvé des éléments de convergence entre les différents programmes que des éléments clivants», précise-t-il, soulignant un consensus des partis sur la question de la maîtrise budgétaire, car «l’expérience de ces partis fait que la maîtrise budgétaire apparaît dans ces différents programmes comme un élément important dans le processus de redressement économique, la promotion des énergies renouvelables et la transition énergétique, la recherche de sources de financement ou la promotion du secteur privé ». Selon M. Mékidèche, ‘’il y a une perception de la gravité de la crise actuelle par l’ensemble de la société, qui s’est approprié cette situation, avec élimination des discours populistes et électoralistes.

C’est la crédibilité des programmes qui fera qu’on vote ou pas ». D’autre part, le vice-président du CNES relève que ‘’les thèmes de campagne ont un aspect symbolique et psychologique, mais il faut voir dans le contenu qui reflète la gravité de la crise, on perd plus de 50% de nos revenus, ce qui fait qu’il y a eu de la résilience, qui a une limite et qu’il faut s’engager dans un processus différent et voir quelle est la crédibilité des différents programmes » des partis en lice. Dès lors, ‘’on retrouve comme prérequis de l’émergence économique, souligne-t-il, la sécurité et la stabilité politique du pays », et donc le discours de ces partis en campagne électorale est qu »’il n’y a pas de reprise économique, s’il n’y a pas de paix et sécurité, c’est récurrent aux partis politiques ». M. Mékidèche relève, d’autre part, l’évolution des programmes des partis vers les aspects économiques et les solutions de sortie de crise, soulignant que ‘’des partis parlent de la nécessité d’une réforme fiscale, des niches fiscales à supprimer et inverser le paradigme de bâtir le budget sur la base d’un budget infini mais sur nos possibilités économiques, comme le dit le RCD ». ‘’Ou améliorer le recouvrement fiscal au lieu d’élargir la base fiscale, et lutter contre l’évasion fiscale, et là, on voit apparaître des éléments de convergence de politique économique en dépit de divergence sur d’autres sujets, comme l’énergie renouvelable ou la nécessité de revoir la loi sur les hydrocarbures, qui n’a pas été efficace », estime M. Mékidèche. Pour lui, ‘’il faut arrêter les incantations, on a une loi sur les hydrocarbures qu’il faut revoir froidement et cela n’a pas été abordé par les différents partis ». ‘’C’est un sujet sérieux sur le choix du mix énergétique de notre pays », prévient-il, avant de revenir sur ‘’les sujets de certains partis comme la fermeture des robinets de rente, comme le réclame le PT », et ‘’fermer progressivement les niches de rente comme les bulles spéculatives dont l’immobilier ». ‘’Nous sommes dans la troisième année d’un choc externe sur l’économie du pays, et on a toutes les chances de passer à un autre type de croissance assise sur la création de richesses par le secteur productif, même s’il y a un autre débat sur les secteurs de production public/privé », relève le vice-président du CNES, pour qui, ‘’il faut dépasser ce débat ». Il préconise, sur le fonctionnement des entreprises publiques, qu »’il faut donner l’autonomie de gestion aux entreprises publiques et aller vers le partenariat public-privé ».