Bilan des dépôts des listes au ministère de l’intérieur

Bilan des dépôts des listes au ministère de l’intérieur

Le FLN, le RND et Taj font le plein

El Watan, 7 mars 2017

Sur les 2389 formulaires retirés, le ministère a reçu 1088 listes électorales, dont 165 de l’étranger. Trois partis, le FLN, le RND et Taj, occupent la première place avec des listes au niveau de 52 circonscriptions, loin derrière eux, le FFS avec des listes dans 35 circonscriptions et le RCD avec des listes dans 13 circonscriptions. C’est ce qu’a affirmé, hier, le directeur général des libertés publiques au ministère de l’Intérieur, précisant que le corps électoral a connu une hausse de 193 000 électeurs, atteignant les 23 276 550 inscrits.

Le ministère de l’Intérieur a fait état des premiers résultats de l’opération des dépôts de listes électorales qui a pris fin dans la soirée de dimanche (à minuit). Lors d’une conférence de presse, animée hier en fin de journée, Lakhdar Amara, directeur général par intérim des libertés publiques et des affaires juridiques, et Abderrahmane Seddini, inspecteur général, ont d’abord démenti «toute allégation de refus de dossiers» et précisé que «cette étape de l’opération électorale s’est déroulée sans aucun incident et devra être définitive dés le 19 mars».

Selon les responsables, sur les 2389 retraits de formulaires, le ministère a reçu 1023 listes électorales au niveau des 48 wilayas, et 65 au niveau des représentations diplomatiques à l’étranger, ce qui donne un total de 1088 listes enregistrées. Parmi celles-ci, 796 appartiennent à des partis politiques, 165 à des indépendants et 128 à trois alliances dont El Feth (composée de 5 partis) et Ennahda-El Adala-El Bina.

L’étude du dossier consiste en la vérification des deux conditions dictées par la nouvelle loi organique, à savoir l’obtention des 4% des voix lors des dernières élections, ou la signature de dix élus et, dans le cas contraire, 250 signatures pour chaque siège à pourvoir, et 200 signatures pour les candidats de notre communauté résidante à l’étranger.

Ainsi, le FLN, le RND et Taj viennent en première position avec 52 listes chacun, suivis du PT avec 41 listes, du FFS avec 35 listes, d’El Islah avec 34 listes, de l’alliance El Feth avec 27 listes, de Ahd 54 avec 17 listes et du RCD avec 13 listes. «Ces listes vont être étudiées d’ici 10 jours et, dans le cas d’un rejet, les concernés ont le droit d’introduire des recours et même d’opter ensuite pour la voie judiciaire», explique Lakhdar Amara. Interrogé sur la dernière révision du fichier électoral, ce dernier affirme qu’elle a permis «de rayer 528 958 électeurs et d’enregistrer 722 771 nouveaux inscrits».

Une hausse de 193 000 électeurs

Selon le responsable, le corps électoral a connu une hausse de 193 000 électeurs par rapport au dernier scrutin, ce qui donne un chiffre global de 23 276 550 électeurs. Interrogé sur les préoccupations de certains chefs de parti politique qui affirment avoir reçu des CD avec une liste inutilisable, Amara répond : «Vous devez savoir que la loi donne droit à tous les citoyens de contester une inscription ou une radiation.

De plus, aujourd’hui nous travaillons avec une Haute instance chargée de la surveillance des élections, qui est un partenaire et a de larges prérogatives. Elle a la latitude de prendre part à la révision ordinaire et exceptionnelle et peut à tout moment intervenir. C’est là un gage de l’administration pour une meilleure transparence dans la gestion du scrutin.»

Lui emboîtant le pas, l’inspecteur général, Abderrahmane

Seddini, souligne l’importance de la numérisation du fichier de l’état civil qui a permis, selon lui, de corriger de nombreuses erreurs. «Avant, tout se faisait manuellement et les marges d’erreur étaient importantes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous pouvons dire que les décès, les changements de résidence et les homonymes sont facilement maîtrisables.»

Salima Tlemçani


Les femmes présentes en force : Le PT et le FNA se distinguent

Les femmes seront présentes en force pour la prochaine course à la députation. Une révolution dans la pratique politique algérienne, où la gent féminine se contentait, des années durant, de la simple figuration.

Le tabou se casse petit à petit. Après une expérience timide en 2012, tous les partis ont veillé, cette fois-ci, au respect des dispositions de la loi qui les oblige à consacrer au moins 30% des places sur les listes électorales aux femmes. Ce seuil pourrait être largement dépassé. Et c’est le Parti des travailleurs (PT) qui se distingue en réalisant la parité homme-femme dans ses 42 listes de candidatures au prochain scrutin.

La formation que préside Louisa Hanoune s’est même illustrée en faisant confiance à quatre candidates pour chapeauter ses listes dans des circonscriptions électorales importantes. En plus de la secrétaire générale du parti qui conduit la liste d’Alger, le PT a désigné trois femmes têtes de liste : il s’agit de Nadia Yafsah à Tizi Ouzou, Khadidja Zerari à Sétif et Imane Abdelmalek à Sidi Bel Abbès.

«Nous avons réalisé la parité sur toutes nos listes», assure Djelloul Djoudi, chargé de communication du parti. Le PT se montre ainsi fidèle à sa position sur la question de la parité qu’il a exprimée lors du débat relatif à la loi sur la promotion de la femme en politique votée, en 2011, par l’Assemblée populaire nationale (APN).

Le FNA a également accordé une place de choix à l’élément féminin. «Le FNA accorde une place privilégiée à la femme qui est en tête de 4 listes. La liste de Chlef ne comporte que des femmes», affirme le président du parti, Moussa Touati, dans une déclaration à l’APS.
D’autres partis ont également désigné des femmes têtes de liste, à l’image du FFS. Sur les 35 listes de candidatures validées, le parti du défunt Hocine Aït Ahmed a confié la première place à deux femmes : Salima Ghouzali à Alger et Mme Boudersa à Skikda.

La coalition islamiste, MSP-FC, a également deux femmes en tête de liste dans l’émigration (sud de la France et Tunisie). «Nous avons également placé 48 femmes en deuxième position. En tout cas, nous avons dépassé le seuil des 30% fixé par la loi pour les candidatures féminines», précise Farouk Tifour, cadre au MSP.

Pour sa part, le Front de libération nationale (FLN) a accordé la priorité à ses nouvelles recrues, en l’occurrence Aïcha Tagabou et Ghania Eddalia. Les deux ministres conduiront respectivement les listes du parti à Illizi et Blida. Même s’ils n’ont pas de femme tête de liste, certains partis affirment avoir respecté la loi e placé plusieurs femmes en deuxième position. C’est le cas du RCD qui affirme avoir accordé une place de choix aux femmes sur ses listes. «Nous avons satisfait amplement les exigences de la loi.

Dans l’ensemble, elles sont très bien classées. En général, les femmes sont classées à partir de la deuxième place», explique Atmane Mazouz, chargé de communication du parti, en citant les noms de Fetta Sadat, Lila Hadj Arab et Me Ouali, classées deuxième sur, respectivement, les listes d’Alger, Tizi Ouzou et Béjaïa. Le RND, lui aussi, n’a pas désigné de femmes têtes de liste. «Nous avons placé 149 femmes sur nos listes. Certes, nous n’avons pas de femme tête de liste, mais il y a automatiquement des femmes classées en deuxième position», souligne Seddik Chihab, chargé de communication au RND.

Madjid Makedhi


Ces hommes d’affaires têtes de liste du RND

Sur les 52 têtes de liste RND, sept sont issus du monde économique. Ces hommes d’affaires sont, selon Seddik Chihab, porte-parole du parti, tous des militants qui activent sous les couleurs RND depuis pratiquement sa création.

Il n’y a pas eu, insiste-t-il, de «parachutage». «Les listes ont été établies par les structures locales du parti et validées par Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND», a insisté Chihab Seddik. Ainsi, donc, aux côtés des géants de l’industrie de l’électroménager, on trouve également les chefs d’entreprise de la Mitidja. A Blida, c’est le célébrissime Tayeb Zeraïmi, patron de Semoulerie industrielle de la Mitidja (SIM), qui pilote la liste RND.

De l’avis de tout le monde, cet industriel, qui active surtout dans le secteur de l’agroalimentaire, n’a aucun antécédent avec la justice et ne traîne pas de casseroles. Seulement, il faut reconnaître que c’est la première fois que le parti d’Ahmed Ouyahia s’appuie sur la confection des listes électorales sur un homme d’affaires de la réputation et l’envergure de Zeraïmi.

Ahmed Ouyahia, qui a toujours défendu le droit des hommes riches à faire de la politique, a rassuré que son parti n’a jamais pris de position hostile aux détenteurs de l’argent avec la condition que cet argent soit «propre». Bien au contraire, il a souhaité la bienvenue, au sein du RND, aux entrepreneurs honnêtes qui veulent investir le champ politique et s’est réjoui de voir Smaïl Benhammadi conduire la liste du RND à Bordj Bou Arréridj.

Smaïl Benhammadi, frère de Moussa Benhammadi, ancien ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, est connu, en plus de son activité comme gérant de la société Altrapco, qui dépend du groupe familial, pour avoir mené à terme, et ce, à plusieurs reprises, la campagne électorale du président Abdelaziz Bouteflika.

Smaïl Benhammadi dirige une entreprise familiale dans le secteur de la distribution. Il possède une importante briqueterie et un complexe de fabrication de matériels électroniques domestiques (téléviseurs, démodulateurs, antennes,…) et trois entreprises dans le secteur du BTP. S’agissant de la ville d’Adrar, c’est Maazouzi Mohamed, un entrepreneur, qui sera tête de liste. Ces trois candidats n’ont jamais été députés ni prétendu à la députation.

Quant aux quatre autres hommes d’affaires, ils ont déjà à leur actif un ou deux mandats parlementaires, ils étaient ou bien des anciens députés ou alors des sénateurs. C’est le cas de l’universitaire et entrepreneur Torchi Boudjemaa, qui rempile pour un troisième mandat dans la wilaya de Mila. A Tiaret, c’est le député sortant Bekhairi Hamid, un entrepreneur, coordonnateur de wilaya et membre du conseil national.

Dans la ville de Constantine, le RND a choisi le jeune entrepreneur Chenini Djamel pour piloter, comme en 2012, la liste du parti et enfin à El Tarf, le meneur de la liste RND n’est autre que l’ancien sénateur et homme d’affaires Maizi Boubekeur. Au RND, il n’y a pas de «gens de la chkara, ni l’argent de la drogue ou du conteneur et encore moins de l’import-import ou de la corruption. Ces hommes d’affaires activent légalement», se défend Seddik Chihab.

Nabila Amir