Algérie-Mali: Pour des frontières«hermétiques»

Algérie-Mali

Pour des frontières«hermétiques»

par Ali Babès, Le Quotidien d’Oran, 25 février 2008

La lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine constitue un nouveau challenge pour la coopération algéro-malienne.

Une coopération qui devrait prendre l’aspect, un peu rébarbatif, d’une meilleure coordination des services de sécurité des deux pays pour rendre la frontière commune moins poreuse, mais surtout plus hermétique pour les bandes armées de tout acabit qui pullulent dans cette région.

La région sahélo-sahélienne est devenue, et cela est connu, le fief d’une infinité de bandes armées, brigands, opposants politiques maliens et nigériens, coupeurs de routes et, bien sûr, terroristes. C’est dans ce cadre que le président de l’assemblée parlementaire algérienne (APN), M. Abdelaziz Ziari, a évoqué l’éventualité du recours aux nouvelles technologies pour mieux surveiller cette frontière algéro-malienne. Il a précisé, à l’issue des entretiens qu’il a eus samedi à Alger avec le président de l’Assemblée nationale malienne, M. Dioncounda Traoré, que les efforts déployés par les deux pays sur les questions de la sécurité des frontières s’inscrivent dans le cadre d’un «partenariat réel et continu». «La largeur des frontières représente un vrai défi pour l’instauration de la stabilité et la sécurité dans cette région», a-t-il précisé.

Bien sûr, Alger et Bamako veulent travailler davantage sur le dossier de la lutte contre le terrorisme, mais surtout à coordonner leurs efforts pour démanteler, sinon surveiller les mouvements des bandes terroristes dans cette région qui chevauche pratiquement quatre Etats. Pour l’Algérie, la coopération malienne dans la gestion du risque terroriste dans la partie sud du pays et au delà des frontières est capitale. Une coopération qui est également orientée vers la lutte contre le banditisme dont les intérêts croisent parfois ceux des réseaux terroristes, notamment Al-Qaïda au Maghreb. Cela est un fait avéré, et s’en cacher est contre-productif, sinon suicidaire. Et, le long de cette frontière qui doit être couverte par un réseau de surveillance hautement sophistiqué, beaucoup de trafics en tout genre croissent et prospèrent, au détriment de la sécurité des pays riverains.

Les infiltrations de bandes armées, bandits ou terroristes, à partir de pays tiers vers les régions sud du pays ont toujours amené Alger à chercher les meilleures voies de coopération avec les pays riverains. Autant avec le Niger qu’avec le Mali, par ailleurs des pays émetteurs et zone de transit de l’immigration clandestine et dont les zones nord constituent des repaires et des points de repli pour les groupes terroristes, qui vadrouillent dans toute la région du Sahel, jusque vers la Mauritanie. Cela inquiète l’Algérie, qui gère presque seule autant le terrorisme que le banditisme armé et l’immigration clandestine, elle-même porteuse de beaucoup de problèmes qu’Alger ne peut supporter seule.

L’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans la lutte contre ces phénomènes devrait donner une autre configuration aux enjeux sécuritaires dans cette partie qui lie l’Algérie au Mali, un pays qui devrait être soutenu dans sa lutte contre l’immigration clandestine et les bandes armées qui sillonnent ses frontières. Avec le Niger, et au-delà le Tchad, la gestion de la frontière avec le Mali reste, plus que jamais, l’enjeu majeur pour la sécurité des frontières sud de l’Algérie.