Attentats au Maghreb sur fond de lutte géopolitique

Attentats au Maghreb sur fond de lutte géopolitique

El Watan, 15 avril 2007

Le Maghreb, notamment l’Algérie, est-il sur le point de faire les frais de luttes géopolitiques que se livrent les USA et la France au moyen du terrorisme islamique ?

On assiste depuis environ une vingtaine d’années à une même constante : tous les pays du tiers-monde où ont été faites de grandes découvertes de pétrole et de gaz ont été victimes de déstabilisation où le terrorisme islamiste (qu’il soit local ou international avec El Qaïda) semble être l’acteur le plus souvent impliqué. L’Afghanistan, depuis les découvertes en mer Caspienne, l’Algérie où il y eut le plus grand nombre de découvertes dans le monde entre 1998 et 2003, le Tchad, le Soudan et plus récemment encore la Mauritanie. Tous ces pays ont été victimes de déstabilisation par terrorisme islamiste interposé bien qu’à des degrés de gravité divers. Ces pays offrent également la particularité d’être beaucoup tournés vers la France qui les avait colonisés que les Etats-Unis d’Amérique. La volonté des USA d’enlever à la France son influence sur cette partie du monde, et notamment l’Afrique du Nord, est fortement perceptible, et les résultats sont du reste palpables puisqu’une bonne partie du Sahara pétrolier algérien est exploitée, depuis que le terrorisme islamiste battait son plein en Algérie dans les années 1990. Les velléités d’accaparement des gisements mauritaniens et tchadiens sont claires tandis que le pétrole libyen est depuis fort longtemps exploité par les compagnies américaines. Il est incontestable que le Maghreb et plus profondément les pays du Sahel (Mali et Nigeria) par où passera l’oléoduc en provenance du Nigéria, intéresse beaucoup les Américains et l’enjeu consistera à évincer l’Europe, et plus particulièrement la France de cette zone pour laquelle les USA ont un intérêt vital, tout particulièrement depuis la découverte d’hydrocarbures en Mauritanie qui partage avec les Etats-Unis d’Amérique, il est bon de le savoir, le même océan, en l’occurrence l’océan Atlantique. Les cargaisons de gaz et de pétrole pourront être ainsi acheminées directement vers les ports américains sans être obligés de passer par les détroits qui ne sont jamais assez bien sécurisés. La Mauritanie est en train d’être préparée à cette fonction avec l’idée à terme d’acheminer les hydrocarbures algériens par la côte mauritanienne. La mise en œuvre de cette stratégie comme par la présence militaire américaine dans les pays d’Afrique du Nord en faisant valoir le principe de lutte contre le terrorisme islamiste qui aurait élu domicile dans certaines de ces régions (Algérie, Mauritanie, Maroc, Mali, Niger, Tchad) depuis qu’il a été chassé d’Afghanistan. La création de bases militaires au Mali (Sud de l’Algérie) a déjà été révélée par de nombreux journaux. Amplifier les actions terroristes dans ces régions pour faire accroire à leur dangerosité pour la sécurité du monde et par conséquent à une nécessaire intervention américaine semble être le jeu auquel s’adonnent depuis ces dernières années les forces américaines. Cet état d’instabilité permanent poussera les pays d’Europe à se désintéresser de cette région la laissant aux Américains qui ont déjà parfaitement identifié leurs intérêts et commencé à s’en accaparer. A ce jeu sournois semble parfaitement s’accommoder le réseau El Qaïda qui, en réalité, travaille, consciemment ou pas, pour les intérêts géopolitiques américains. Cette peur savamment entretenue du terrorisme islamiste et notamment du réseau El Qaïda, leur permet de légitimer la nouvelle configuration du monde, notamment le Grand Moyen-Orient qu’ils viennent de décider. Il y a donc peu d’espoir que le terrorisme islamiste s’arrête tant qu’ils n’auront pas atteint leurs sinistres objectifs.

Nordine Grim