Après la résolution 2071 : Menace de mort contre les otages et le président français

Après la résolution 2071 : Menace de mort contre les otages et le président français

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 15 octobre 2012

Après l’adoption de la résolution 2071, par le Conseil de sécurité de l’ONU, ouvrant grandes les portes à une intervention militaire au Nord-Mali, sous couvert international, les mouvements djihadistes n’ont pas tardé à réagir.

Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a été le premier à se manifester, menaçant de nouveau, la vie des otages français si d’aventure, l’option armée au Nord-Mali venait à se préciser.

Oumar Ould Hamaha, membre du ‘Mujao’, l’a affirmé dans une déclaration à l’AFP, allant plus loin en menaçant l’intégrité physique de François Hollande. « La vie des otages français est désormais en danger à cause des déclarations du président français qui veut nous faire la guerre. Lui-même, sa vie est désormais en danger. Il faut qu’il le sache », dira-t-il. C’est la première fois que le ‘Mujao’ menace directement un président étranger alors que de son côté, M. Hollande, tout en indiquant que la France apportera un soutien logistique aux forces combattantes maliennes et ouest-africaines, a réitéré la détermination française, dans sa lutte contre le terrorisme. « C’est en montrant une grande détermination que nous pouvons convaincre les ravisseurs qu’il est temps, maintenant, de libérer nos otages », a-t-il notamment déclaré, lors d’une conférence de presse donnée à Kinshasa. A propos justement d’otages, Oumar Ould Hamaha s’enflamme et promet même d’enlever des otages français en Afrique de l’Ouest ou même en France. « On peut le faire facilement », a assuré ce djihadiste malien, originaire de la région de Tombouctou.

Par ailleurs et toujours dans la même logique menaçante, le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, alias Abou Qumqum, le chef présumé du ‘Mujao’ a mis en garde Paris dans un enregistrement vidéo. « Nous déclarons, encore une fois, la guerre à la France qui est contre les intérêts de l’Islam », déclare-t-il. Dans cette même vidéo défilent les images des trois Occidentaux, enlevés fin octobre 2011, dans un camp de réfugiés sahraouis près de Tindouf.

La Mauritanie a lancé, la semaine dernière, un mandat d’arrêt international contre Hamada Ould Mohamed Kheirou. Ce mandat vise également trois autres Mauritaniens dont Moustapha Ould Limam Chafi, homme d’influence en Afrique de l’Ouest qui a notamment négocié la libération d’otages occidentaux d’ ‘Aqmi’. Dans une autre vidéo, diffusée le 9 octobre sur ‘Sahara Medias’, un site Internet d’information mauritanien, un djihadiste français avait déjà mis en garde François Hollande sur une intervention militaire dans la région. L’imminence d’une guerre dans les sables du Nord-Mali a placé la France en état d’alerte. Ce nouveau front semble déjà passionner les djihadistes, notamment ceux de France, puisque selon le magistrat antiterroriste français Marc Trévidic, des «frémissements de départs» de djihadistes français vers le nord du Mali ont été observés, à cause de l’importance de la communauté malienne dans l’Hexagone. Ces conclusions sont étayées par la présence de deux Français, dont l’un connu de la direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI), dans une brigade d’ ‘Aqmi’.

Rappelons que le 5 octobre dernier, le ‘Mujao’ avait menacé les pays occidentaux, Paris en tête, en cas d’intervention militaire dans la région. Ramenant l’éventuelle confrontation militaire sur le plan idéologique, Abou Al-Walid Sahraoui, le porte-parole officiel du Mouvement, a estimé que les préparatifs, en eux-mêmes, à la guerre sont une victoire pour les groupes djihadistes qui ont réussi à attirer les troupes étrangères dans le Nord-Mali, faisant un parallèle victorieux avec les guerres en Irak et en Afghanistan. Profitant de cette occasion, il assimilera cette prochaine confrontation à une guerre sainte contre les Croisés, en appelant le monde musulman à s’impliquer. Au total, douze Européens, dont six Français, sont retenus en otage dans le Sahel. Rappelons également que quatre otages algériens sont toujours entre les mains du ‘Mujao’.