Alger et Washington se rejoignent

Paiement de rançon, non-ingérence étrangère au Sahel, lutte antiterroriste

Alger et Washington se rejoignent

El Watan, 11 novembre 2010

4e session à Alger du dialogue militaire algéro-américain. A l’issue des travaux, les deux parties ont estimé que la coopération entre les deux pays en la matière s’est largement renforcée.

De hauts responsables du département américain de la Défense ont souligné, hier à Alger, que les Etats-Unis et l’Algérie partageaient les mêmes opinions au sujet du refus du paiement des rançons aux terroristes, du rejet de l’ingérence des forces armées étrangères dans la région du Sahel ainsi que sur la coopération en matière de lutte contre le terrorisme islamiste.L’Algérie et les Etats-Unis affichent une entente cordiale sur les questions de lutte contre le terrorisme. Une délégation américaine composée de hauts responsables du département US de la Défense, en visite à Alger pour la quatrième session du dialogue militaire, a tenu une conférence de presse hier au siège de l’ambassade américaine, ont souligné à quel point les relations entre l’Algérie et les Etats-Unis se sont renforcées.

Les deux pays seraient ainsi sur la même longueur d’ondes en ce qui concerne le refus du paiement des rançons aux terroristes, le rejet de l’ingérence des forces armées étrangères dans la région du Sahel ainsi que sur la coopération en matière de lutte contre le terrorisme islamiste. «Nous avons des objectifs et des intérêts communs», a ainsi précisé Joseph McMillan, principal adjoint de l’assistant du secrétaire à la Défense chargé des affaires de sécurité internationale.

S’il est admis que les militaires ne sont pas de grands bavards, le responsable américain n’a pas manqué d’affirmer l’importance pour les pays de la région infestée par les éléments d’Al Qaîda au Maghreb (AQMI) de lutter avec leurs propres moyens contre ce fléau, appuyant ainsi le principe de «non-ingérence» prôné par Alger. «Ce que j’ai dit au gouvernement semblait en accord avec ce qu’ils pensaient. Le problème si le terrorisme doit être traité par les pays concernés. L’utilisation de la force par les armées étrangères doit être l’ultime recours», a déclaré M. McMillan. Et d’ajouter : «Mon pays estime que ce sont les Etats concernés directement qui doivent se charger de ce problème. Nous avons apprécié l’initiative lancée par l’Algérie de rassembler les pays frontaliers en vue de combiner leurs efforts pour lutter contre ce phénomène».

Le Pentagone est également du même avis qu’Alger en ce qui concerne le paiement des rançons aux groupes terroristes : «La rançon est contreproductive car elle encourage les terroristes, elle les finance», a précisé le responsable militaire américain, enchaînant d’un ton plus solennel : «Aucune concession ne doit être faite sur cette question, mais le défi est d’amener le monde entier à approuver cette approche.» Il considère que la criminalisation du versement de rançon, telle que proposée par l’Algérie, est l’une des approches mais ne donne pas un avis précis sur la question : «Le gouvernement algérien a une position claire, nous avons eu une conversation à ce sujet concernant la façon et la méthode avec laquelle on doit traiter cette question.»

Joseph McMillan reste vague sur la question de l’acquisition par l’Algérie d’équipement militaire : «Les forces algériennes ont déjà acquis des avions de transport américains. Nous allons aborder les modalités et les définitions avant de procéder à l’achat d’avions militaires», s’est-il contenté de dire.

Pour ce qui est de la coopération militaire entre les Etats-Unis et l’Algérie, le responsable américain – qui préfère ne pas s’embarrasser de «détails bureaucratiques» – explique qu’elle s’articule principalement autour d’un programme d’exercices militaires qui s’étale sur deux ans, mettant ainsi en exergue «l’engagement sur le long terme des Etats-Unis».
Il s’agit, à en croire le responsable US, de «reconnaître l’Algérie en tant que pays important et vital pour les Etats-Unis». «Nous souhaitons que les relations se développent davantage dans les années à venir», escompte-t-il.

A ceux qui prétendent qu’Al Qaîda ne serait qu’une pure «fabrication américaine», M. McMillan répond sur le ton le plus solennel : «Des milliers de familles de par le monde, et en Algérie, savent qu’Al Qaîda est une vérité. Et si c’est une fabrication, elle n’émane pas des Etats-Unis.» Il assure qu’«il n’y a aucun lien direct entre les ressources naturelles et la présence de forces américaines».
Sur le chapitre du Sahara occidental, le responsable américain puise dans le jargon diplomatique pour exprimer sa position : «C’est un conflit qui aurait dû être résolu depuis fort longtemps. Le secrétaire général de l’ONU a désigné un envoyé spécial en charge de cette question et les Etats-Unis soutiennent ses efforts. Nous sommes prêts à soutenir toute initiative mettant fin au conflit.»

Quant à une éventuelle extradition de l’ancien dirigeant de l’ex-FIS, Anouar Haddam, Joseph McMillan avoue ne pas connaître les tenants et aboutissants de cette affaire : «Je ne suis pas au courant de cette question, mais s’il y a un fugitif algérien aux Etats-Unis, le ministère américain de l’Intérieur se chargera du dossier.»
Amel Blidi