Nicolas Sarkozy veut renégocier «tous les accords entre la France et l’Algérie»

Il estime que «1962, c’était il y a longtemps»

Nicolas Sarkozy veut renégocier «tous les accords entre la France et l’Algérie»

El Watan, 27 septembre 2015

L’ancien président français Nicolas Sarkozy nourrit toujours l’espoir de revoir les accords signés entre la France et l’Algérie, notamment ceux du 27 décembre 1968.

Ayant échoué à imposer ce projet en 2010, lorsqu’il était président, l’actuel chef du principal parti d’opposition en France, Les Républicains (ex-UMP), tente visiblement d’utiliser cette carte à fond pour gagner un électorat potentiel en prévision de la présidentielle de 2017. S’exprimant devant le think tank libéral Choiseul 100 qui a regroupé 100 leaders économiques de moins de 40 ans, Nicolas Sarkozy, selon un compte rendu du Point.fr, s’en est pris d’abord aux «banlieues peuplées en majorité de Maghrébins», dont beaucoup d’Algériens. «En réponse à une question sur le traitement des banlieues qui lui a été posée par Aziz Senni – auteur de L’Ascenseur social est en panne, j’ai pris l’escalier – Nicolas Sarkozy s’est lancé dans une charge très violente sur les quartiers par rapport au monde rural», rapporte le journal français. «Les banlieues doivent arrêter de culpabiliser la France.

La souffrance est aussi forte chez les ruraux qui, eux, n’ont pas brûlé les abribus et pourtant crèvent», rétorque Nicolas Sarkozy à cette question concernant les habitants des cités en France. Profitant de cette perche qui lui est tendue, il s’en prend à nouveau à l’Algérie. En effet, Nicolas Sarkozy a émis la proposition de revoir «tous les accords avec l’Algérie». «Parce que 1962, c’était il y a longtemps», justifie-t-il. Ce n’est pas la première fois que le président des Républicains s’attaque frontalement à l’Algérie.

En juillet dernier, alors qu’il était en visite en Tunisie qui avait été endeuillée quelques semaines auparavant pour un attentat terroriste, il n’a pas hésité à tenir des propos très peu diplomatiques sur l’Algérie. Il est allé même jusqu’à comparer la proximité de la Tunisie avec l’Algérie à une «malédiction». «La Tunisie est frontalière avec l’Algérie (et) avec la Libye. Ce n’est pas nouveau… Vous n’avez pas choisi votre emplacement. L’Algérie, qu’en sera-t-il dans l’avenir, de son développement, de sa situation ? C’est un sujet qui, me semble-t-il, doit être traité dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée», avait-il déclaré.

Cette déclaration avait, rappelons-le, suscité une réaction officielle du ministère algérien des Affaires étrangères. «Cette sortie est malvenue. Il est tout à fait légitime de poser, à cet égard, la question de savoir si la pensée coloniale que l’histoire a complètement disqualifiée ne serait pas en train de tenter de se régénérer à travers des exercices stériles de manipulation de la géographie», avait réagi, à partir de Paris, le ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra.

Par ailleurs, reprochant au président Barack Obama de n’avoir rien fait pour stabiliser le Moyen-Orient, Nicolas Sarkozy plaide, selon la même source, pour «une reconfiguration plus générale du Moyen-Orient». Dans ce sens, il s’attaque à l’islam et appelle à sa réforme en profondeur. «L’islam est la seule religion qui a connu son moyen-âge après sa renaissance», déclare-t-il en guise d’analyse sur le radicalisme religieux.

Madjid Makedhi