Raffarin pour réparer les dégâts de Kouchner

IL SERA À ALGER LE 24 NOVEMBRE PROCHAIN

Raffarin pour réparer les dégâts de Kouchner

L’Expression, 13 Novembre 2010

Pour opérer une cataracte, le Dr Kouchner est arrivé avec un marteau piqueur. Les préjudices de la diplomatie française sont déjà trop lourds.

Le «Monsieur Algérie» de l’Elysée, Jean-Pierre Raffarin, arrivera à Alger le 24 novembre prochain dans le cadre de la mission que lui a confiée le président Nicolas Sarkozy et qui consiste en «la consolidation des relations économiques entre Paris et Alger». Fin connaisseur des dossiers surtout économiques, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, a été chargé le 2 septembre dernier, «d’identifier et de lever les obstacles entre la France et l’Algérie pour leurs investissements économiques respectifs».
Le développement des relations économiques entre les deux pays a été longuement évoqué par le Premier ministre Ahmed Ouyahia avec le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, qui s’est rendu à deux reprises à Alger, les 21 février et 20 juin de cette année, lors d’entretiens à Alger. Les relations politiques et économiques entre Alger et Paris traversent une zone de turbulences interminables depuis trois ans. A chaque fois que la France a eu maille à partir avec ses partenaires, c’est M.Raffarin qui est envoyé à la rescousse. On se rappelle du rôle qu’il a eu à jouer déjà en 2008, lorsque la Chine avait franchement exprimé son mécontentement envers Paris qui a réservé un accueil au dalaï-lama. Raffarin avait alors, réussi à désamorcer la crise. Parviendra-t-il à faire de même dans le cas algérien? La tâche n’est pas aisée. Les dégâts de la diplomatie française sont déjà trop lourds.
Pour opérer une cataracte, le Dr Kouchner est arrivé avec un marteau piqueur. Effacer trois années de maladresses diplomatiques, au bout d’une visite, n’est pas du tout une sinécure pour M.Raffarin. Les connaisseurs les plus avertis des relations bilatérales, estiment qu’il serait vain de prétendre rafistoler la «déchirure» à environ 15 mois de l’élection présidentielle française. La France a trop contré l’Algérie au plan international. Trop de préjudices, trop de dégâts. L’affaire du diplomate Hasseni, la liste noire, la révision des Accords de 68, le rappel à dessein de «l’affaire» des moines de Tibhirine et pour clore la liste des dommages, la France a tenté d’isoler totalement l’Algérie dans une question qui menace directement sa sécurité, à savoir l’intervention des forces étrangères au Sahel. C’est la première fois qu’un gouvernement français de droite abandonne la politique arabe de la France pour s’aligner sur les positions israéliennes. Cette démarche a marqué les trois années de règne du président Sarkozy. A Alger comme à Paris, on commence déjà à douter s’il n’est pas trop tard. Des experts économistes évaluent les pertes de la France dans le marché algérien à plus de 30 milliards de dollars! Ce sont des marchés qui devaient logiquement revenir aux entreprises françaises. «Notre pays demeure l’un des tout premiers partenaires économiques de l’Algérie. Pour autant, nul acquis n’est définitif et nous devons veiller à maintenir et autant que possible accroître nos positions de marché», a écrit le président Sarkozy dans sa lettre de mission au «Missi Dominici» Raffarin. Bon gestionnaire et ayant une vision bien arrêtée sur la situation Algérie, M.Raffarin va tenter de remettre tout sur les rails. Reste à savoir quels seront ses interlocuteurs directs à Alger.

Brahim TAKHEROUBT