Les explications, les maladresses et les lapsus de Dahou Ould-Kablia

Résultats officiels des législatives

Les explications, les maladresses et les lapsus de Dahou Ould-Kablia

Hamid Guemache, TSA, 11 mai 2012

« En 1991, c’était un vote sanction. En 2012, c’est un vote refuge ». C’est en ces termes que le ministre de l’Intérieur Dahou Ould Kablia a expliqué la victoire écrasante du FLN aux élections législatives lors de l’annonce vendredi des résultats officiels des législatives du 10 mai. L’ex-parti unique a remporté 220 sièges sur 462, loin devant le RND (68 sièges) et l’Alliance de l’Algérie verte (48 sièges). En décembre 1991, le FLN avait été battu par l’ex-FIS lors du premier tour des législatives qui ont ensuite été annulées.
En annonçant les résultats, Ould Kablia a minimisé les incidents enregistrés durant le scrutin. « Le scrutin s’est déroulé dans le calme et la transparence. Les incidents enregistrés ne peuvent pas entacher la crédibilité de l’élection », a-t-il dit. Le ministre de l’Intérieur a quasiment ignoré la majorité des Algériens, près de 58 %, qui n’ont pas voté. Il a estimé que le taux de participation de 42,36 % était « acceptable » et ressemblait à ceux enregistrés dans les pays développés. « Les Algériens sont habitués au boycott des élections », a-t-il expliqué, avant de reprocher aux Algériens résidant à l’étranger d’avoir fait baisser le taux de participation. « La faiblesse de la participation de nos compatriotes à l’étranger a fait baisser le taux de participation », a-t-il fait remarquer. En Algérie, le taux de participation a dépassé 44 %. M. Ould Kablia a démenti l’incendie d’urnes à Biskra. « Trois ou quatre urnes ont été fracassées par des jeunes, mais leurs contenus n’ont pas été touchés ».

Le ministre de l’Intérieur a estimé que le MSP était responsable de ses propos au sujet des cas de fraude. « Il y a des instances de recours », a-t-il dit. M. Ould Kablia a également contredit Ahmed Ouyahia qui a brandi la menace de l’intervention étrangère en cas d’échec de ce scrutin. « Je ne crois pas à la menace étrangère. Personne ne peut dicter sa politique à l’Algérie ». Pour les électeurs dont les noms n’étaient pas inscrits sur les listes électorales, le ministre de l’Intérieur a dit que c’était de leur faute. « Celui qui n’a pas voté depuis trente ans ne peut pas nous reprocher cela », a-t-il dit en faisant allusion au FFS dont une candidate n’a pas voté à Alger. Son nom ne figurait pas sur la liste électorale.

Interrogé sur la différence de participation entre le nord et le sud du pays, M. Ould Kablia a donné une réponse surprenante : « les gens du Sud sont plus patriotes, plus libres. Les gens du Nord ont peut-être profité de la journée pour sortir. Le vote n’est pas obligatoire en Algérie ». Sur le vote des militaires, le ministre de l’Intérieur a commis un autre lapsus : « on ne peut pas faire injonction aux militaires pour voter. Si c’était une élection présidentielle, peut-être ! ».

M. Ould Kablia est revenu sur la demande refusée aux observateurs européens d’accéder au fichier électoral. « On ne leur a jamais refusé l’accès au fichier électoral. Les observateurs voulaient qu’on leur remette ce fichier sur un support, un CD ou une clé USB. Nous avons refusé de leur remettre le fichier. Aucun pays au monde ne peut le faire ». Le ministre de l’Intérieur a annoncé que 6 ou 7 partis seraient agréés après les législatives.