Accord d’association avec l’Union européenne: Le patronat favorable à la renégociation

Accord d’association avec l’Union européenne

Le patronat favorable à la renégociation

El Watan, 14 juillet 2009

Le patronat algérien est pour une renégociation de l’Accord d’association avec l’Union européenne.

Les principales organisations patronales entendent presser le gouvernement qui vient de rompre, pour la première fois, avec ses traditionnels bilans positifs de cet accord, entré en vigueur en septembre 2005. « Nous pensons que des compensations sont possibles à travers une révision de cet accord. Il ne s’agit pas de le remettre en cause, mais il y a toujours des choses à négocier, et ce, dans le but de réorganiser l’économie nationale », a déclaré, hier, Mohand-Saïd Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), joint par téléphone. De son côté, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem M’rakach, estime, lui, qu’il est déjà nécessaire de faire une évaluation commune des quatre premières années de la mise en œuvre de l’accord et ce, « afin d’aller vers une nouvelle forme de coopération ». « En tant qu’opérateurs nous demandons de rééquilibrer la balance et d’asseoir un mécanisme de contrôle et de suivi. Nous demandons l’approfondissement de cet accord, par une action efficiente, afin de combler le déficit dans un cadre loyal qui doit s’articuler impérativement sur la contrepartie », a-t-il ajouté. La nécessité d’aller vers une renégociation de l’Accord d’association revient avec acuité ces derniers temps.

C’est le directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce, Chérif Zaâf, qui avait provoqué l’étincelle. « Pour 1 dollar exporté vers l’UE, l’Algérie importe pour 20 dollars », avait-il souligné, suscitant moult questionnements sur cet accord qui ne semble profiter en fin de compte qu’à la partie européenne. Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l’UE restent marginales, voire insignifiantes en s’établissant à 1 milliard de dollars en 2008. Les importations acheminées depuis les pays de l’Union européenne, elles, ont totalisé 20,8 milliards de dollars. Les organisations patronales contactées hier par nos soins n’hésitent pas à parler d’un déséquilibre important qu’il faudra juguler. Le président de la CNPA, M. Naït Abdelaziz, déplore l’absence de concertation entre les différents acteurs en Algérie avant d’aller vers la signature de l’Accord d’association. M. M’rakach se demande, lui, « s’il était préférable de parachever l’adhésion à l’OMC avant la signature de l’accord d’association avec l’UE ». L’Union européenne pour sa part a estimé récemment que les mesures annoncées par le gouvernement Ouyahia sur l’investissement étranger « semblent être en désaccord avec l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, notamment l’article 37.1 qui contient une clause de stabilité, l’article 32.1 (b) qui engage l’Algérie à accorder le traitement national aux prestataires de services de l’UE et l’article 39 qui impose la libre circulation des capitaux entre les deux parties ». Le désaccord entre les deux parties, après quatre ans de coopération infructueuse, fait ressortir la nécessité de renégocier l’Accord d’association, chose que le patronat algérien n’hésite plus à exiger.

Par Ali Titouche