Sommet de Barcelone: Un code de conduite antiterroriste à défaut …

Sommet de Barcelone

Un code de conduite antiterroriste à défaut …

Le Quotidien d’Oran, 29 novembre 2005

Les chefs d’Etat et de gouvernement et les représentants de 35 pays du partenariat euro-méditerranéen ont entamé leurs travaux hier avec, sur la table, les mêmes difficultés rencontrées la veille.

Les points de friction ont été nombreux au sommet euro-méditerranéen entre l’UE et les pays arabes, qui a pour objectif de relancer un partenariat engagé en 1995 avec l’ambition de faire du bassin méditerranéen un «espace commun de paix et de stabilité» et une zone de libre-échange. Les 35 partenaires de l’Euromed se sont mis d’accord, hier, sur un code de conduite antiterroriste et un programme de travail sur cinq ans mais n’ont pas adopté de déclaration commune, remplacée par une déclaration de la présidence. Abdelaziz Belkhadem, cité par l’AFP, a résumé l’issue de ce sommet en disant que: «les intentions étaient nobles mais les résultats sont très modestes». L’Europe, dont les Arabes ont toujours espéré un rôle de contrepoids face aux Etats-Unis, «n’a pas fait suffisamment pression sur Israël», a encore souligné M. Belkhadem. Evoquant la lutte antiterroriste, devenue priorité mondiale depuis les attentats anti-américains du 11 septembre, M. Belkhadem a souligné la nécessité de «faire la différence entre la lutte contre le terrorisme et l’islamophobie et l’arabophobie». Le ministre algérien a, par ailleurs, critiqué la volonté de l’UE de conditionner son aide économique aux réformes politiques réalisées dans les pays arabes. «Nous trouvons humiliant que les Européens nous demandent des réformes en échange de quelques euros. Qu’ils gardent leurs euros car nous voulons des réformes dans un cadre de souveraineté», a-t-il ajouté.

L’Algérie a enfin émis des réserves sur le projet de mise en place, en 2010, d’une zone de libre-échange. Avec des économies peu compétitives, les pays du sud de la Méditerranée risquent de devenir un simple marché pour les produits européens.

Dans un message au sommet, lu hier en session plénière par le ministre des Affaires étrangères, M. Mohamed Bedjaoui, le Président Bouteflika a relevé que le bilan de dix ans de partenariat euroméditerranéen est «des plus mitigés».

Pour le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Abou Gheïth, le principal point d’achoppement, a été le conflit israélo-palestinien. Alors que les Européens et Israël réclamaient l’adoption d’un «code de conduite» antiterroriste, les représentants arabes ont demandé que soit reconnu le droit des Palestiniens «à la résistance contre l’occupation». «Il ne faut pas mélanger les choses: la résistance est un droit légitime reconnu par la communauté internationale», a expliqué le ministre égyptien.

«Là où il y a occupation, il y a résistance», a estimé de son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.

Tout en soulignant la nécessaire distinction entre les deux notions, Tony Blair a déclaré que «le terrorisme est un obstacle en vue de l’instauration de deux Etats». Le malentendu restait entier. Toujours au sujet du Proche-Orient, les pays arabes ont souhaité mentionner dans la déclaration finale du sommet, la nécessité de faire de cette région une zone dénuée d’armes nucléaires. Ce à quoi les Israéliens se sont fermement opposés.

Le consensus trouvé sur la question de la lutte contre l’immigration clandestine se présente donc comme la seule réussite de ce premier sommet entre l’UE et ses partenaires de la Méditerranée.

Dix ans de partenariat euro-méditerranéen n’ont pas été à la hauteur des attentes espérées, particulièrement du côté des pays du Sud. Le creusement de l’écart des niveaux de vie entre les deux bords de la Méditerranée, la frilosité des pays européens à investir dans les pays du Sud et le manque d’intégration des pays du Sud entre eux ont ainsi empêché ce partenariat de connaître un meilleur sort. Un état de fait amplifié, et à juste titre d’ailleurs, par les craintes des pays du Sud de voir la manne financière de l’UE se détourner au profit des nouveaux voisins à l’est de l’Europe.

Dans un message se voulant rassurant à ses partenaires de la rive sud, le président français Jacques Chirac a affirmé, hier à Barcelone, que les pays du sud de la Méditerranée devaient «demeurer une priorité stratégique pour l’Europe», appelant en particulier à maintenir les engagements financiers de l’UE. Il faut non seulement «maintenir les engagements financiers de l’Union, c’est-à-dire ne pas consacrer moins des deux tiers des ressources du nouvel instrument de voisinage à la coopération méditerranéenne, mais aussi (..) mobiliser des moyens supplémentaires, en particulier pour la coopération sur les migrations», a-t-il dit.

Synthèse: H. Barti