L’accord d’association ratifié

L’ACCORD D’ASSOCIATION RATIFIE

Le plaidoyer de Belkhadem

Le Quotidien d’Oran, 15 mars 2005

Les députés ont aussi ratifié au cours de la séance d’hier l’accord d’association avec l’Union européenne, signé le 19 décembre 2001 à Bruxelles puis paraphé le 22 avril 2002 à Valence, en Espagne. Après la présentation du projet et de ses enjeux par le ministre des Affaires étrangères, M. Abdelaziz Belkhadem, 23 députés sont intervenus dans le débat général. Certains intervenants ont exprimé leur crainte de voir le marché algérien se transformer en déversoir des produits européens, face à la faiblesse de l’économie nationale, incapable de faire face à la concurrence, en l’état actuel des choses.

Pendant plus de deux heures, Belkhadem a plaidé les vertus de cet accord, en remontant loin dans le passé pour restituer les conditions dans lesquelles le processus de négociation a été enclenché, en 1993. Il défendra longuement le point de vue selon lequel l’Algérie ne peut vivre en autarcie et l’utilité pour elle à s’ouvrir sur le monde économique extérieur à l’ère de la formation des ensembles régionaux.

Il y a plus qu’une raison de le faire avec l’Union européenne puisque 65% des échanges commerciaux de l’Algérie se font avec les pays qui la composent. L’UE, c’est également la voie royale pour l’intégration du marché international.

Le ministre, opérant sur plusieurs registres pour défendre l’accord et faire valoir le bien-fondé du choix, a lié l’association à l’impératif de tendre de se départir de la dépendance des ressources énergétiques, que seule une politique de réformes et donc de développement peut autoriser. La quête passe par le changement du style de gestion et l’adaptation du cadre économique.

«Nous assurons la sécurité énergétique de l’Europe, sans rien gagner en contrepartie, si ce n’est l’importation des produits alimentaires alors que l’Algérie dispose de suffisamment d’atouts pour prétendre à la prise en charge de ses besoins en consommation alimentaire», dira-t-il notamment pour mieux faire émerger l’enjeu du développement économique et de l’amélioration des capacités de production.

Et l’accord d’association est, à ses yeux, l’un des outils qui permettra de réaliser cet objectif, grâce à la coopération globale qu’il générera. D’autant qu’il n’est pas circonscrit au seul aspect commercial mais intègre les domaines larges du politique, du sécuritaire, des échanges culturels… et installe «une logique de dialogue permanent qui permettra à l’Algérie de tirer profit de l’expérience européenne». «Il ne faut pas perdre de temps, car on en a perdu suffisamment par rapport à nos voisins», ajoutera-t-il.

Le ministre des Affaires étrangères quand il quitte le discours de la plaidoirie, c’est pour aborder les défis qui s’imposent à l’Algérie de hisser son économie au niveau requis par la compétitivité internationale. Outre ce qu’a permis de faire tout le temps qui a précédé la ratification, il reste les étapes de la levée graduelle des barrières douanières.

Ce n’est qu’en 2017 que la levée totale de la tarification douanière interviendra pour ouvrir la voie à l’institution de la zone de libre-échange. Une période de transition de 12 ans qui confortera «le processus d’adaptation de notre système économique». Les droits de douanes et taxes applicables aux importations algériennes provenant de l’UE diminueront ainsi progressivement avant d’être complètement éliminés. Déjà ratifié jusqu’à présent par 14 parlements de l’Union européenne sur 15, l’accord n’entrera en vigueur qu’après sa ratification par le parlement du pays membre de l’UE manquant, les Pays-Bas, et par le Conseil de la nation.

Omar S.