Dangereux dérapage de Amar Saadani

Il signe son retour à partir de Tébessa

Dangereux dérapage de Amar Saadani

El Watan, 22 mai 2016

Amar Saadani, l’homme par qui s’exprime le clan Bouteflika, a signé hier, à partir de Tébessa, son retour sur la scène politique et médiatique en prononçant un discours d’une rare violence à l’égard des principaux acteurs aujourd’hui dans la ligne de mire du pouvoir.

Issad Rebrab, Louisa Hanoune et le PT, El Khabar et El Watan sont considérés, par le secrétaire général du FLN, comme des «tentacules encore agissants» au service du DRS version Toufik, qu’il évoque sans le nommer en le qualifiant de «pieuvre». «En tant que militants politiques, il faut que vous sachiez ce qui se passe dans le pays. En Algérie, il y a un lobby qui a gouverné l’Algérie dans les années 1990, une pieuvre avec cinq tentacules qui voulait s’emparer du pays comme cela s’est passé dans certains pays où a eu lieu ce que j’appelle le printemps de ruine et non le printemps arabe.

C’est le lobby composé des anciens généraux actuellement à la retraite», a-t-il décrété lors de ce meeting régional regroupant les militants des mouhafadhas des wilayas de l’Est et du Sud-Est. Et si des tentacules ont été coupés — allusion faite au départ du patron du Renseignement et l’emprisonnement des généraux Hassan et Benhadid — la tête de la pieuvre développerait encore, selon lui, des ambitions et tenterait de revenir à travers les autres tentacules.

Et Saadani ne s’embarrasse pas de les citer avec force pédagogie devant une salle où régnait l’anarchie, en commençant par le bras politique : «Il y a certains partis, des ’partillons’, et des personnalités qui se prétendent trotskystes, socialistes et démocrates (il rigole), alors qu’ils ne sont ni trotskystes ni socialistes ni démocrates.

Vous l’avez vue, aujourd’hui, elle (Louisa Hanoune, ndlr) veut vendre les travailleurs à l’homme d’affaires Rebrab (la salle applaudit, des «Allah Akbar» se font entendre). Le Parti des travailleurs veut vendre les travailleurs parce qu’il fait partie du lobby, c’est l’un des tentacules de la pieuvre. Ce groupe, et ce qui se trouve autour de lui, est aujourd’hui malade, battu ; révélé au jour, il n’a plus de voile pour se cacher.»

Le patron de Cevital est aussi la cible des flèches venimeuses de celui qui a été des années durant président de l’APN et n’a pas encore répondu aux interrogations sur la source de sa fortune investie dans l’immobilier dans les capitales européennes. Selon lui, «un tentacule financier a amassé des fortunes pendant les années 1990. Et ce tentacule veut mélanger politique et argent. Après s’être gavé d’argent, il veut faire de la politique. Issad Rebrab, après s’être enrichi, veut s’impliquer en politique. Et nous on dit que la politique est néfaste pour l’argent comme l’argent est mauvais pour la politique. Rebrab doit choisir entre la politique et l’argent, s’il choisit les deux, il va perdre l’argent».

Vient ensuite le tour des journaux que Saadani n’aime visiblement pas, trouvant l’occasion de régler ses comptes avec, à travers l’affaire de la vente d’El Khabar. «L’argent avec lequel il voulait racheter El Khabar n’appartient pas à Rebrab, c’est l’argent de la Banque centrale», a-t-il fait savoir. Et dans ce sillage, le secrétaire général de l’ex-parti unique s’est attaqué directement à El Khabar et El Watan. Selon lui, ces deux organes représentent «un véritable lobby médiatique qui ne cesse de causer des problèmes à l’Algérie par leurs articles», citant l’exemple de Salima Tlemçani d’El Watan et Saâd Bouakba d’El Khabar.

Se prenant pour un fin politique, Saadani croit démêler l’écheveau d’un véritable plan machiavélique aux visées politiques. «Vous devez savoir que ce n’est pas Issad Rebrab qui veut acheter El Khabar, c’est la tête de la pieuvre qui veut acheter ce journal sous la couverture de Rebrab. Mais pourquoi veut-il acheter El Khabar, et à travers El Khabar, El Watan ? Il prépare la présidentielle, parce que cette tête de la pieuvre, qui jadis désignait les Présidents, les ministres, les ambassadeurs et les directeurs, est incapable aujourd’hui de désigner un petit chef de bureau dans la commune», conclut-il en souriant devant une salle remplie d’inconditionnels.

Lakehal samir