19 personnalités nationales demandent audience au président: Bouteflika va-t-il répondre ?

19 personnalités nationales demandent audience au président: Bouteflika va-t-il répondre ?

El Watan, 7 novembre 2015

C’est une démarche inédite pour une date symbole. Dix-neuf personnalités nationales d’horizons divers, à leur tête des chefs historiques, ont fait le choix de ne pas célébrer le 1er Novembre dans la joie, mais de tirer la sonnette d’alarme. Le pays est en danger.

Ainsi, Abdelkader Guerroudj, Zohra Drif-Bitat, Lakhdar Bourgaâ, Mustapha Fettal et Meriam Benhamza ; des politiques comme Louisa Hanoune, Khalida Toumi, Abdelhamid Aberkane, Fatiha Mentouri ; les militants des droits de l’homme Noureddine Benissad et Boudjemaâ Ghechir ; le romancier Rachid Boudjedra, entre autres, interpellent publiquement le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, et sollicitent formellement une audience. Le «Groupe des 19» a choisi une date symbole pour demander à rencontrer le chef de l’Etat.

Une lettre-demande a été remise au chef de cabinet du Président, Ahmed Ouyahia, ainsi qu’au secrétaire particulier de Bouteflika, Mohamed Rougab. Mais de crainte qu’elle ne parvienne pas à son destinataire, les signataires ont décidé de rendre public leur document à l’occasion d’une conférence de presse tenue hier à Alger.

Un moment solennel, chargé d’émotion mais surtout de l’inquiétude qui anime le groupe, notamment les anciens de la Guerre de Libération. A la tribune prennent place le vétéran Abdelkader Guerroudj, deux fois condamné à mort par la justice coloniale, Lakhdar Bourgaâ commandant de la Wilaya IV historique, Zohra Drif-Bitat, une des figures emblématiques de la Bataille d’Alger et enfin l’inoxydable Louisa Hanoune.

Et c’est Zohra Drif-Bitat qui prend la parole en premier pour rappeler la «détermination combattante de ses camarades» qui tient ses racines du combat libérateur et leur attachement «à une Algérie libre et indépendante, dotée d’un Etat républicain, souverain et démocratique».

Elle a ensuite exprimé non sans angoisse «une inquiétude légitime» née des derniers développements politiques qu’a connus le pays ces derniers mois. «Nous sommes préoccupés des conséquences graves qui peuvent en découler sur la cohésion, la souveraineté et l’indépendance nationale.»

Lui succédant à la tribune, Abdelkader Guerroudj, militant au long cours qui, malgré le poids de l’âge et des épreuves, affiche une forme étincelante, une allure de combattant prêt à livrer bataille, une énième bataille, celle d’éviter au pays un sort funeste. Son visage se resserre quand il dresse un tableau «triste et alarmant» de l’état du pays, lui qui est un des représentants légitimes de la génération qui s’est battue pour la Libération nationale.

Il devait contenir sa rage intérieure en lisant la lettre adressée à son «ami» Bouteflika : «A l’occasion de la commémoration du déclenchement de notre glorieuse Guerre de Libération nationale, nous estimons qu’il est de notre devoir de patriotes algériens d’attirer votre haute attention sur la dégradation du climat général dans notre pays, qui peut être caractérisé principalement par le renoncement à la souveraineté nationale, par notamment l’abandon du droit de préemption de l’Etat auquel vous avez toujours été âprement attaché.»

D’une discrétion remarquable, l’ancien combattant n’est pas homme à ruer dans les brancards ; s’il a décidé aujourd’hui de s’associer à la démarche, c’est que la situation est réellement grave. Il ne pouvait pas regarder mourir le pays pour lequel il s’est battu au péril de sa vie.
Lakhdar Bourgaâ, opposant historique au régime, est rongé par une colère permanente. «Tant que je suis en vie, je ne renonce pas à mon combat», confie-t-il.

Bouteflika reçoit des étrangers, va-t-il recevoir ses compatriotes ?

Prenant subtilement le soin de ménager Bouteflika, la lettre résume en quelques paragraphes une situation des plus inquiétantes qui mine l’Etat et ses institutions : «La déliquescence des institutions de l’Etat met en péril les acquis de la nation et affaiblit le front politique et social national, au moment où le niveau des menaces extérieures est si élevé ; la substitution d’un fonctionnement parallèle, obscur, illégal et illégitime au fonctionnement institutionnel légal; la grave dégradation économique et sociale qui frappe la majorité du peuple, l’abandon des cadres algériens livrés à l’arbitraire, aux sanctions partiales, en violation des lois et règlements de la République et des procédures légales dans un climat d’oppression.» Le constat est affligeant.

En ce 1er novembre, Guerroudj, Bourgaâ et leurs camarades veulent savoir ce qui se passe au sommet du pouvoir et surtout qui décide. Louisa Hanoune exprime des doutes sur le centre des décisions politiques.

Des doutes qui voilent finement ses certitudes sur le «retrait» du chef de l’Etat. «Nous voulons en avoir le cœur net. C’est pour cela que nous avons demandé à rencontrer le Président, car il est le responsable de la sécurité du pays et de la pérennité de l’Etat», a précisé Mme Hanoune.

Et de soupçonner : «Des décisions dangereuses pour le pays se prennent au nom du Président, mais nous doutons fort qu’il puisse prendre de telles décisions qui sont en contradiction avec ses engagements.

Nous voulons nous assurer si le Président est informé ou pas des décisions prises.» Se présentant comme ancienne candidate à l’élection présidentielle, Mme Hanoune précise que la démarche du G19 «n’est pas une initiative politique en compétition avec d’autres, nous sommes des légalistes et nous avons le devoir de rencontrer le chef de l’Etat pour en avoir le cœur net».

Va-t-il alors recevoir ce groupe dont certains membres sont des amis proches, comme Zohra Drif-Bitat, alors qu’il reçoit régulièrement des délégations étrangères ? Il semble que toutes les portes qui mènent vers Bouteflika soient fermées.

En tout cas, la démarche du «groupe des 19» pose un vrai dilemme à la Présidence et surtout à l’entourage immédiat du Président.

Dans le cas où il serait reçu par le Président comme dans le cas contraire. De l’avis de ceux qui ont l’habitude de fréquenter les travées de la Présidence, Abdelaziz Bouteflika «est comme à l’isolement depuis sa reconduction pour un quatrième mandat».

Des détenteurs de postes de responsabilité au sein de l’Etat n’auraient plus accès à lui et les dossiers ne lui parviendraient plus directement. Le Président a-t-il délégué ses pouvoirs et à qui ? En tout état de cause, la Constitution ne l’autorise pas à le faire. Mais visiblement, un pouvoir de fait s’est mis en place à mesure que Bouteflika s’éloigne de la scène publique.

Hacen Ouali


A Monsieur le Président de la République

A l’occasion de la commémoration du déclenchement de notre glorieuse Guerre de Libération nationale, nous estimons qu’il est de notre devoir de patriotes algériens d’attirer votre haute attention sur la dégradation du climat général dans notre pays et qui peut être caractérisée principalement par les faits suivants :

– Le renoncement à la souveraineté nationale, attribut de l’indépendance nationale chèrement acquise, par notamment l’abandon du droit de préemption de l’Etat auquel vous avez toujours été âprement attaché.

– La déliquescence des institutions de l’Etat à la construction desquelles vous avez tant consenti met en péril les acquis de la nation et affaiblit le front politique et social national, au moment où le niveau des menaces extérieures est si élevé.
– La substitution d’un fonctionnement parallèle, obscur, illégal et illégitime, au fonctionnement institutionnel légal en faveur duquel nous connaissons votre engagement.

– La grave dégradation de la situation économique et sociale qui frappe la majorité du peuple algérien à laquelle sont apportées des réponses inquiétantes de la part des autorités du pays augurant de l’extrême précarisation des plus vulnérables tout en livrant le pays, ses richesses, ses capacités aux prédateurs et aux intérêts étrangers contre lesquels vous avez tant lutté.

– L’abandon des cadres algériens livrés à l’arbitraire, aux sanctions partiales, en violation des lois et règlements de la République et des procédures légales, dans un climat d’oppression que vous haïssez tant.

Malheureusement, ce tableau triste et alarmant est loin d’être exhaustif… Seuls l’amour et le respect que nous partageons avec vous pour notre pays nous empêchent d’en accentuer le trait.

Cependant, nous sommes convaincus que cet état de fait n’est conforme ni à votre qualité de moudjahid, ni à votre éthique, ni à vos convictions, ni à votre sens de l’Etat, ni à votre pratique de Président.

C’est pourquoi nous vous prions, Monsieur le Président de la République, de bien vouloir nous recevoir en audience afin de vous faire partager nos profondes inquiétudes quant à l’avenir du pays et de solliciter vos interventions sur l’extrême gravité de la situation.

Enfin, loin de toute intention indélicate et dans le vif espoir que vous en preniez connaissance, c’est contraint et forcés que nous rendons publique notre lettre. Le recours à la presse pour vous faire parvenir notre demande d’audience est dicté par notre crainte légitime qu’elle ne vous parvienne jamais par les canaux institutionnels officiels.

Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de notre très respectueuse considération et de notre conviction de partager avec vous un patriotisme désintéressé.

Alger, le 1er novembre 2015

Liste des signataires :

-Abdelkader GUERROUDJ, moudjahid, ancien condamné à mort par le pouvoir colonial
-Mustapha FETTAL, moudjahid, ancien condamné à mort par le pouvoir colonial
-Zohra DRIF-BITAT, moudjahida, ancienne condamnée à perpétuité par le pouvoir colonial
-Lakhdar BOURGAâ, moudjahid, commandant de l’Armée de libération nationale (ALN)
– Miriam BENHAMZA, moudjahida, Fédération de France du FLN (1954-1962)
-Mohamed LEMKAMI, moudjahid, ancien ambassadeur
-Rachid BOUDJEDRA, écrivain
-Abdelhamid ABERKANE, professeur de médecine, ancien ministre
-Louisa HANOUNE, ex-candidate à l’élection présidentielle
-Khalida TOUMI, militante des droits des femmes, ancienne ministre
-Fatiha MENTOURI, ancienne ministre
-Nourredine BENISSAD, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme
– Zehira YAHl, militante des droits des femmes, cadre de la nation
– Rachid HADJ NACEUR, cadre de la nation, retraité
– Dalila AZOUG, militante des droits des femmes, chirurgien-dentiste
-Badia SATOR, militante des droits des femmes, cadre de la nation retraitée
-Boudjema Ghechir, avocat, militant des droits de l’homme
-Fettouma OUSLlHA, comédienne
-Samia ZENNADI, éditrice


Sa santé et l’avenir du pays inquiètent ses amis et l’opposition

El Watan, 7 novembre 2015

Des personnalités de divers horizons veulent en avoir le cœur net ; est-ce le Président qui gère le pays ou non ? La démarche entreprise par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, l’ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, le moudjahid Lakhdar Bourgaâ, la moudjahida Zohra Drif, des militants des droits de l’homme, ne prête à aucune confusion. Elle est claire et limpide comme l’eau de roche.

Si elle vient répondre à un constat alarmant sur la situation du pays, «le renoncement à la souveraineté nationale par, entre autres, l’abandon du droit à la préemption de l’Etat, la déliquescence de ses institutions, la grave dégradation de la situation économique et sociale, l’abandon des cadres algériens livrés à l’arbitraire et aux sanctions partielles», la demande d’audience formulée officiellement par 19 personnalités et remise au chef de cabinet du Président et ministre d’Etat, Ahmed Ouyahia, le 1er novembre dernier — qui n’a pas encore eu de réponse — pose en des termes sans équivoque la problématique de la capacité du locataire d’El Mouradia à gouverner et à gérer les affaires de l’Etat.

Qu’elle soit ainsi exposée par des personnalités publiques, quelques-unes proches du président Abdelaziz Bouteflika, de son entourage, des sénateurs qu’il a désignés lui-même dans le quota du tiers présidentiel du Conseil de la nation, une institution dont le président (Abdelkader Bensalah) est absent depuis plusieurs mois, c’est que la capacité du chef de l’Etat — ayant brigué un 4e mandat lors de l’élection très contestée d’avril 2014 — à exercer les charges liées à ses fonctions constitutionnelles, interpelle, angoisse, alarme et suscite des craintes sur les dangers qui guettent l’avenir du pays.

L’intervention de Djamel Ould Abbès, ancien ministre de la Santé, actuellement membre du bureau politique du FLN — certainement missionné pour répondre à Louisa Hanoune qui n’a pas cessé de douter que le chef de l’Etat soit au courant des décisions prises — ne semble pas à même de calmer les esprits.

Les assurances que les responsables étrangers donnent, à la sortie de chaque audience avec le président Bouteflika, n’ont pas non plus d’effet sur une opinion qui a considéré que les déclarations faites, en juin dernier, par le chef de l’Etat français, François Hollande, étaient «une ingérence dans les affaires algéro-algériennes et une atteinte à la souveraineté nationale».

L’initiative des 19 personnalités nationales — qui veulent donc constater de visu l’état de santé du Président, car c’est de cela qu’il s’agit en réalité — vient de donner une preuve éclatante que de plus en plus de monde, même les plus proches amis du locataire d’El Mouradia, ne prête désormais l’oreille ni aux élucubrations de ses collaborateurs et de ses relais politiques, encore moins aux assurances intéressées des étrangers qui le rencontrent.

Et la non-réponse à la demande d’audience ne fait que jeter plus d’incertitude, d’appréhension et de doute sur les capacités à gouverner du chef de l’Etat qui n’a reçu, depuis son retour après sa longue hospitalisation en France, hormis Lakhdar Brahimi, aucune autre personnalité nationale.

Pourquoi ? L’a-t-il décidé de son propre chef ? Si tel n’est pas le cas, beaucoup d’observateurs estiment qu’on peut comprendre que le Président soit sciemment isolé pour que les Algériens ne sachent pas que la réalité du pouvoir est entre les mains d’autres personnes qui gèrent les affaires de l’Etat par procuration.

L’initiative des 19 personnalités — et surtout ses motifs — vient en effet tirer la sonnette d’alarme sur une situation qui s’avère intenable pour tous et sur laquelle l’opposition alerte depuis plus d’une année. Au sein de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), des voix se sont même élevées pour exiger l’application de l’article 88 de la Constitution qui stipule la destitution du Président en cas de grave et durable maladie.

Le Pôle des forces du changement dont le coordinateur n’est autre que le président de Talaie El Houriat, Ali Benflis, qui craint que le pouvoir ne soit entre les mains de forces extraconstitutionnelles, revendique le retour à la légitimité des urnes. L’ancien candidat à l’élection de 2014 a souvent exprimé des doutes sur les discours lus au nom de Abdelaziz Bouteflika.

Louisa Hanoune, qui a critiqué le pouvoir sur les changements opérés récemment au sein du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et l’emprisonnement du général Hassan (ancien patron de la lutte contre le terrorisme) et du général à la retraite Benhadid, se pose désormais la question si le chef de l’Etat sait ou ne sait pas.

Alors, allons-nous vers un consensus au sein de toute la classe politique algérienne sur la vacance du pouvoir ?
Said Rabia


Repère

Bouteflika est-il encore le chef ?

Une tentative d’ouvrir une brèche dans le statu quo qui plombe le pays et de percer un mystère : savoir si le chef de l’Etat est ou pas au courant des décisions politiques et économiques qui se prennent en son nom. C’est le sens de la démarche du «groupe des 19» dans lequel figurent des personnalités connues pour être proches de Bouteflika.

En filigrane, les doutes exprimés à la faveur de cette démarche laissent croire que le chef de l’Etat est tenu à l’écart des grandes décisions politiques.

Se pose alors légitimement la question de savoir si Abdelaziz Bouteflika est encore le véritable chef du palais. Si l’opposition radicale ne cesse de marteler une vacance du pouvoir, cette fois-ci la «confirmation» de la prise du pouvoir par des groupes informels vient des alliés mêmes de Bouteflika. Khalida Toumi, Zohra-Drif, pour ne citer qu’elles, connaissent assez bien «la maison» pour ne pas conclure à ce que l’adresse du pouvoir a déjà changé. Visiblement, la situation suggère que Bouteflika semble perdre le contrôle et qu’un transfert du pouvoir se serait opéré sur fond de luttes et de règlements de comptes à l’intérieur des appareils.

Autrement dit, la reconduction de Abdelaziz Bouteflika dans des conditions contestables n’aura servi que de paravent afin de permettre à des groupes d’intérêt de s’emparer des leviers du pouvoir. Un processus engagé quelques mois avant la décision de Bouteflika de «rempiler». Des digues devaient alors céder. A commencer par celle qui, jusque-là, constituait l’armature du régime, le DRS.

Malmené par des assauts répétés venus de l’intérieur du sérail, les hommes forts du Département du renseignement et de la sécurité ont été «éliminés» un par un jusqu’à atteindre le mythique général Toufik.

Il s’ensuivit une prise en main par ce que nombre d’acteurs politiques appellent les «oligarques» qui ont grandi à l’ombre d’un Président qui leur a accordé avantages et privilèges. Une oligarchie en devenir qui, comme sous d’autres cieux où l’exemple a sévi, risque de dompter l’Etat pour s’emparer de ses pouvoirs.

Le parallèle avec la Russie d’Eltsine ou l’Egypte de Moubarak est frappant. Contrôle des secteurs stratégiques de l’économie, main basse sur les institutions, domestication des partis politiques au pouvoir, soumission de l’administration en s’assurant la caution internationale… La révision de la Constitution devrait couronner la marche vers la prise du pouvoir.

Cependant, cette entreprise peut rencontrer une «résistance» de l’intérieur, qui pourrait être suscitée par le choc des ambitions aussi multiples que contradictoires et, dans un moindre degré, celui des egos. Entre ceux inspirés par le maréchal Al Sissi et ceux qui prennent l’exemple des fils de Moubarak, le télescopage risque de s’avérer désastreux.

La guéguerre entre les «alliés» Ouyahia-Saadani en est un des révélateurs. Il va sans dire que la crise économique pourrait dangereusement précipiter les événements.

Le régime, qui a toujours fonctionné sur la base d’arrangements claniques, se trouve privé des instruments d’arbitrage. L’effacement de Bouteflika du devant de la scène complique davantage les possibilités de «compromis» entre les différents blocs. Les tensions risquent de déborder les frontières du sérail. Les mois à venir s’annoncent décisifs.

Hacen Ouali