Pétitions contre abstention annoncée

Pétitions contre abstention annoncée

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 5 février 2009

Une élection présidentielle dans laquelle Bouteflika n’aura à se confronter qu’à d’insignifiants concurrents et sur laquelle plane, de surcroît, le spectre d’une abstention massive. C’est, assurément, le scénario annoncé dont le pouvoir a maladroitement tenté de s’en prévenir. Pour ce faire, il a tout à la fois cherché à susciter des candidatures crédibles en faisant approcher, en de tortueuses manoeuvres, des personnalités nationales, pour les inciter à s’engager dans la compétition, et lancé une campagne d’incitation des citoyens à accomplir leur devoir électoral.

La première a tourné court. Toutes les personnalités d’envergure, pouvant donner du relief à l’élection présidentielle par leur participation, se sont abstenues, certaines appellant même à son boycott. Quant à la seconde, elle est si grossièrement menée et orchestrée qu’elle risque, au final, d’avoir l’effet contraire à celui escompté pas ses initiateurs.

Pour autant, et contrairement à ce qu’en déduisent certains commentateurs et analystes, la perspective d’une réélection sans gloire, de Bouteflika, n’angoisse par outre mesure le pouvoir et ses tenants. Peu importe, en effet, pour ceux-ci la forme dans laquelle cette réélection s’obtiendra. Ce qui leur importe, c’est que leur candidat «rempile» à El-Mouradia.

A ceux qui vont inévitablement décrier l’attendue victoire de leur candidat pour cause de déficit, tant dans la composante des participants à la course électorale que celle de la participation citoyenne au scrutin, le camp de Bouteflika va opposer une logique dont il est en train de peaufiner l’argumentaire. C’est ainsi que depuis leur entrée en campagne pour cette élection présidentielle, les partis de l’alliance et les organisations acquis à la candidature de Bouteflika ont pour «leitmotiv» que le scrutin allant être régulier et transparent, l’absence de candidats d’envergure ne s’explique que par le constat qu’ont fait les pressentis de ne pas faire le poids face à Bouteflika et à son bilan. Pour l’abstention électorale prédite, leur parade consiste à présenter la candidature du président sortant, comme portée par une sollicitation populaire s’exprimant avant le scrutin sous la forme de pétitions aux millions de signatures qu’ils se font forts à réunir.

Autant dire que pour la nébuleuse bouteflikienne, toutes les dénonciations et critiques qui sont formulées portant sur les atteintes aux normes démocratiques devant cadrer cette élection présidentielle sont nulles et non avenues. Et c’est, ancrée dans cette «certitude», qu’elle s’est mise en ordre de bataille en attente que son chef d’orchestre lui donne le signal d’entamer «la marche triomphale». Il faut reconnaître qu’en face, c’est le désert et la désolation d’où ne s’élèvent que des voix faisant d’amers constats d’impuissance.