Présidentielles: Un non-événement pour la presse étrangère

COUVERTURE MÉDIATIQUE DE LA PRÉSIDENTIELLE D’AVRIL 2009

Un non-événement pour la presse étrangère

Le Soir d’Algérie, 1er avril 2009

La présidentielle algérienne du 9 avril 2009 semble constituer un non-événement pour la plupart des journaux étrangers. Près de deux semaines du début de la campagne électorale, peu d’articles ont été consacrés à ce rendez- vous dont même les électeurs algériens se désintéressent.
Lyès Menacer – Alger (Le Soir) – Les journaux de nos voisins immédiats, les Tunisiens et les Marocains, ont le regard tourné ailleurs en cette période de campagne électorale en Algérie. Le Quotidien et Le Temps tunisiens n’ont pas publié le moindre article sur le sujet. L’hebdomadaire Réalités s’est penché sur la présidentielle en résumant pratiquement ce que la presse algérienne a écrit ces derniers mois, à travers deux articles dont l’un a été consacré à Louisa Hanoune. Aujourd’hui Le Maroc a publié un article le 19 mars dernier, une dépêche de l’APS, où il était seulement question de loi fixant le temps d’intervention des candidats dans les médias lourds. Le reste de la presse marocaine (La Gazette du Maroc, Le Matin Maroc) préfère s’intéresser à d’autres questions, sans l’Algérie dans leur rubrique internationale. La presse française n’a guère fait mieux que nos voisins tunisiens et marocains. En dehors du quotidien L’Humanité, qui a publié un reportage sur la présidentielle quelques jours avant le coup d’envoi de la campagne électorale et l’entretien avec le président du RCD, Saïd Sadi, du quotidien Le Monde, les journaux de l’hexagone ont la tête au Soudan, en Israël et en Afghanistan, où les troupes françaises se trouvent coincées dans un véritable bourbier. Le quotidien Le Monde s’est singularisé par la publication d’une contribution de l’écrivain algérien Boualem Sansal qui décrit en quelques lignes le mal-vivre des Algériens et un pays qui ne cesse de sombrer dans le désespoir, malgré une santé financière des plus bonnes. Le Figaro et Libération, qui ne ratent aucune occasion pour semer le doute sur l’Algérie, notamment durant la décennie noire, se désintéressent comme par enchantement de l’élection présidentielle. C’est le cas aussi pour la plupart des hebdomadaires comme l’Express, Le Point, Marianne et Le Nouvel Observateur, pour ne citer que ceux-là. Le numéro de février du mensuel Le Monde Diplomatique a consacré deux pages, dont un reportage intitulé : L’Algérie ne croit plus aux promesses – Remise en cause des acquis démocratiques. L’article en question retrace cette longue régression accomplie par l’Algérie durant les deux mandats du président-candidat Abdelaziz Bouteflika, notamment en matière de répression des libertés individuelles et collectives et de retour en douce des islamistes sur le terrain de l’activité politique. Un seul article a été consacré par La Tribune de Genève, quotidien suisse, à la veille du coup d’envoi de la campagne électorale. L’autre quotidien suisse Le Temps s’interroge sur la transparence du scrutin présidentiel, au moment même où trois des cinq concurrents de Bouteflika menacent de se retirer si les dépassements constatés ne cessaient pas. L’article est intitulé : Algérie – Une élection biaisée ? et il a été publié le 27 mars dernier. Une brève seulement, signée Agence France Presse, a été noyée dans la rubrique monde du quotidien belge La Libre Belgique. L’article traitait de la validation des dossiers de candidature des cinq concurrents de Bouteflika, sans trop s’étaler sur le sujet. La publication de cet écrit date du 4 mars dernier. Le reste de la presse belge n’a pas jugé nécessaire d’offrir à ses lecteurs d’autres informations relatives à la présidentielle algérienne, dans un contexte de crise économique mondiale difficile. Concernant la couverture médiatique de la présidentielle, le jour même de la tenue du scrutin, le 9 avril 2009, il y aura à peine une centaine de journalistes présents en Algérie. Ce nombre englobe les journalistes de la presse écrite étrangère, de la radio et de la télévision. Ce chiffre ne représente rien devant celui des journalistes accrédités pour couvrir une rencontre de football entre deux prestigieux clubs du championnat espagnol, à l’exemple de Real Madrid – FC Barcelone ou un match de la Ligue des champions. Quand on constate le caractère peu tendre des articles publiés au sujet de la prochaine présidentielle en Algérie, qui émettent des doutes sur la transparence de ce scrutin, on comprendra que les journaux étrangers semblent avoir tiré les conclusions d’un rendez-vous électoral qui éloignera davantage les Algériens de leurs gouvernants.
L. M.