Pas de conflit entre Bouteflika, Benflis et l’ANP !

Commentaire de l’ENTV sur la situation politique

Pas de conflit entre Bouteflika, Benflis et l’ANP !

L’Actualité, 2 février 2003

Les relations entre le président de la République et son Premier ministre FLN ne souffrent d’aucune contradiction. Un constat similaire concerne également les rapports entre Bouteflika et l’Armée nationale populaire. En somme, l’Algérie va bien, selon l’Unique !

Le commentaire de l’ENTV lu furtivement lors de l’édition de 20 heures de vendredi dernier, tombe comme la sentence d’un tribunal. Au demeurant, ses rédacteurs n’ont pas cru nécessaire d’ajouter des éléments matériels prouvant cette « lune de miel » entre des hommes et des institutions qu’un paquet d’idées et d’intérêts sépare.

Il y a lieu de croire sur parole, simplement. Cette mise au point à la presse écrite et à certaines organisations politiques intervient au moment où plusieurs journaux ont repris des déclarations d’opposants déclarés ou embusqués du président de la République. Si des interprétations exagérées pouvaient être relevées, il en est autrement des faits, telles les prises de position des personnalités politiques et syndicales.

Dans ce cas, l’ENTV est dans l’obligation de justifier son silence sur la concorde nationale et les réformes économiques, les deux principaux foyers de tension. A défaut, elle peut se contenter de nous en dire plus sur les concessions, somme toutes logiques, qu’auraient consenties les acteurs de ce théâtre d’ombres. Jusqu’à preuve du contraire, les conflits larvés directs et/ou par personnes interposées sont des secrets de Polichinelle.

Il en est ainsi de la conception des réformes économiques et de leurs finalités. Force est de constater que le Président et ses ministres chargés des départements économiques ont une vision différente de celle de Ali Benflis, le chef du gouvernement.

L’homogénéité et la cohérence gouvernementale ont pris un sérieux coup. Le dossier des hydrocarbures est assez volumineux pour passer inaperçu. Le Président, qui a défendu ses principales dispositions aux Etats-Unis, a lâché son ministre de l’Energie et des Mines sur la question à la fin de l’année dernière. Les difficultés de son « ministre de la Privatisation » Abdelhamid Temmar pour faire passer ses réformes se sont soldées par des échecs cuisants qui ont failli provoquer une grève générale en 2001. Et voilà que le spectre refait surface avec la volonté de Temmar de privatiser des entreprises par paquets, en dépit des assurances données par le chef de l’Exécutif à la Centrale syndicale de plus en plus frondeuse, au point de voir son secrétaire général avouer dans une interview récente au Quotidien d’Oran que le pays est à la recherche d’un « homme d’autorité » qui ne peut être dans son esprit « l’homme du consensus ».

En ce qui concerne l’ANP et le Président, nous pouvons signaler que la grande muette a clarifié un peu sa position en s’éloignant encore des conceptions du président de la République, particulièrement à l’occasion de la dernière sortie médiatique du général-major Mohamed Lamari.

En plus du combat contre l’intégrisme à mener par les politiques, de la réforme de l’école, le chef d’état-major des armées pense, maintenant, que l’Algérie doit passer à l’économie « de production des richesses ». Cette dernière position tranche avec le comptoir commercial; accentué par les dernières mesures contenues dans la Loi de finances faisant peu de cas d’un minimum de protection de la production nationale – encore moins quand il s’agit d’incitation à la mise sur pied d’unités productives — déjà malmenée par une baisse drastique des droits de douane entrés en vigueur l’année dernière.

Pour l’Unique, cette « agitation médiatique préfabriquée et imaginaire » n’a rien à voir avec la prochaine élection présidentielle de 2004.

Encore une décision de l’Unique, qui tranche la question en déclarant fausse toute course à la présidentielle. Il s’avère que 48 heures plus tôt, Abdallah Djaballah avait déclaré officiellement qu’il se présentait à la prochaine élection.

Mourad Ait-Ouarab