Le non de SOS disparus annoncé à Bouira

Le non de SOS disparus annoncé à Bouira

Par Nacer Haniche, La Tribune, 3 septembre 2005

La première sortie de l’opposition concernant le référendum du 29 septembre a été effectuée jeudi dernier par le FFS à Bouira qui a organisé une conférence débat à la salle Errich du chef-lieu pour permettre à l’association SOS disparus de s’exprimer par rapport à la charte de la paix et la réconciliation nationale. En présence des responsables locaux de ce parti, Mme Chergui Dutour, F. Yous et H. Ferhati, membres de ladite association, ont, à tour de rôle, donné leur point de vue sur la démarche du Président devant plus d’une centaine de citoyens, avant d’appeler ces derniers à voter contre cette charte. Avançant un chiffre de 6 146 personnes disparues au cours des événements sanglants qui ont marqué le pays depuis le début du terrorisme, en 1992, les conférenciers ont exigé que toute la vérité soit établie sur ce qui s’est passé durant cette période et déclaré ne pas être convaincus par les réponses données jusqu’à maintenant par les autorités au sujet des leurs qui ont été «enlevés». Ils ont également insisté à ce que les responsables des enlèvements soient jugés : «C’est après cela qu’on pourra demander au peuple s’il veut pardonner ou non.» L’un des intervenants a indiqué que des membres des services de sécurité sont impliqués dans certaines disparitions en affirmant que son collectif ne cessera pas de réclamer «la vérité sur les disparus, les corps de ceux qui sont morts et la libération de ceux qui sont encore en vie». Un autre orateur a ajouté que les adhérents de SOS disparus ne désespèrent pas de voir un jour la libération des membres de leurs familles, disparus, car «les exemples sont multiples à travers le monde». Les orateurs ont déclaré qu’ils ne peuvent accepter qu’une telle charte soit proposée à l’approbation des citoyens, dans l’état actuel des choses, avant que la lumière ne soit faite sur les dépassements commis. Pour ces derniers, les familles des disparus et des victimes du terrorisme ne peuvent pas effacer le passé : «La douleur est tellement profonde, ce n’est pas cette charte qui va nous consoler.»
Par ailleurs, les membres du FFS, qui étaient destinataires de plusieurs questions sur l’actualité nationale, se sont limités à dire que la rencontre n’était qu’une tribune ouverte aux associations autonomes de la société civile pour débattre en public et sans aucun embrigadement des questions qui les concernent, en justifiant la faible assistance par la peur et le climat de psychose qui règnent encore dans la société. Mais les observateurs considèrent que cette tribune n’est pas ouverte d’une manière fortuite, il est fort passible que le FFS annonce une position tout à fait antagonique à celle annoncée par les partisans de la participation au référendum. Sur un autre registre, l’opinion locale s’interroge sur la position qu’adoptera ce parti par rapport aux élections locales qui vont se tenir dans six communes de la wilaya de Bouira.

N. H.