Farouk Ksentini: «Au moins 3.000 cas de faux disparus»

FAROUK KSENTINI

«Au moins 3.000 cas de faux disparus»

Le Quotidien d’Oran, 8 décembre 2005

« Il n’y a aucun cas de torture signalé depuis novembre 2004», a déclaré, hier, M. Farouk Ksentini, lors de son passage sur les ondes de la radio nationale dans l’émission «Tahaloulet». S’exprimant sur la situation des Droits de l’homme en Algérie, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des Droits de l’homme (CNCPPDH) a indiqué qu’il faudrait encore 4 à 5 ans pour que l’Etat de droit s’installe définitivement en Algérie.

Ksentini s’est étalé sur le dossier épineux des disparus, indiquant que sur les 6.146 cas de disparition, la moitié sont des faux disparus. Invité à s’expliquer sur ce sujet M. Ksentini a parlé de plusieurs catégories de disparus: «Les cas recensés ont été enregistrés sur la base des déclarations de leur famille, mais après enquête, il s’est avéré qu’au moins 50% de ces cas, c’est-à-dire au moins 3.000 personnes disparues sont des personnes qui ont rejoint le maquis et qui sont mortes par la suite ou des personnes qui se trouvent cachées à l’étranger». Cette situation rend difficile le traitement des dossiers et ralentit le règlement du problème des disparus, a encore affirmé M. Ksentini. Interrogé sur le règlement des cas recensés, il a affirmé que plus de 77% des familles ont accepté le principe de l’indemnisation. Précisant que la question du montant n’a pas encore été tranchée par les services concernés. M. Ksentini a affirmé, par ailleurs, que devant l’urgence de la situation sociale, parfois difficile, les premiers cas de familles de disparus seront indemnisés dès le premier semestre 2006. «Nous sommes en train d’étudier la formule d’indemnisation entre mensualités ou versement total de l’indemnisation, mais le choix revient aux familles», a encore précisé le président CNCPPDH.

S’exprimant sur la préparation des textes de la réconciliation, M. Farouk Ksentini a indiqué que la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme, n’a pas été approchée à ce sujet mais qu’elle pourrait donner son point de vue sur le dossier notamment celui des disparus. Au sujet des «harkis» le président de la CNCPPDH a indiqué que c’est un problème franco-français mais qu’il faut différencier entre les actions des parents durant la guerre de Libération et leurs enfants. «Les enfants de harkis peuvent venir en touristes en Algérie sans difficulté», a-t-il déclaré par ailleurs.

Salim Bey