MaÎtre Merouane Azzi : 15 000 terroristes ont déposé les armes

MaÎtre Merouane Azzi au Forum d’El Moudjahid : 15 000 terroristes ont déposé les armes

El Moudjahid, 30 septembre 2013

Maître Merouane Azzi , président de la Cellule d’assistance judiciaire pour l’application des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, continue de plaider pour l’enrichissement de ce texte de loi qui a permis au pays de retrouver sérénité et stabilité (8.500 terroristes ont déposé les armes).

 

Maître Merouane Azzi , président de la Cellule d’assistance judiciaire pour l’application des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, continue de plaider pour l’enrichissement de ce texte de loi qui a permis au pays de retrouver sérénité et stabilité (8.500 terroristes ont déposé les armes). L’avocat, invité hier du Forum d’El Moudjahid, estime que la charte, plébiscitée par le peuple le 29 septembre 2005, a atteint ses objectifs.

Quel bilan peut-on faire de l’application de la charte pour la paix et réconciliation 8 années après ? C’est à cette question qu’a répondu maître Merouane Azzi, qui connaît sur le bout des doigts, ce dossier. Pour cet homme de loi, ce texte global, qui a succédé à la loi sur la rahma et de la concorde civile, qu’il qualifie de technique, a atteint les objectifs tracés. Grâce à ces trois dispositifs, 15.000 terroristes ont déposé les armes. Mais, dit-il, d’autres dispositions doivent venir en complémentarité pour prendre en charge d’autres catégories qui n’ont pas été concernées par les mesures contenues dans ce texte et que beaucoup appellent les «oubliés de la réconciliation nationale». D’ailleurs, dit-il, l’article 47 de ce texte confère, au Président de la République, le droit de prendre toute disposition adéquate pour activer et renforcer la réconciliation. Dans son exposé, Me Azzi a tenu à rappeler que l’essence de la charte pour la paix et la réconciliation nationale concerne trois catégories : les terroristes qui ont choisi la voie de la repentance, les familles des terroristes, les disparus et les travailleurs licenciés. À propos des catégories qui devraient figurer parmi les bénéficiaires de l’indemnisation, dans le cadre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, maître Azzi a cité les personnes qui ont lutté (contre le terrorisme) et qui, au même titre, ont été touchées par la tragédie nationale, ainsi que les citoyens qui étaient en détention provisoire pour une durée de cinq ans pour certains cas et que la justice a innocentés de tout lien avec le terrorisme.
Il a demandé, à ce propos, « la promulgation d’une loi spéciale pour l’indemnisation de ces dernières catégories, ainsi que des personnes qui ont perdu leurs biens (maisons, terrains) ou subi des dégâts du fait du terrorisme. Pour lui, seule une décision politique peut apporter des réponses et clore le dossier définitivement sans laisser personne sur le bord de la route. Selon les chiffres avancés par maître Azzi, près de 8.500 terroristes ont bénéficié des dispositions de la charte depuis sa promulgation. Il ajoute que pour l’année 2013, de janvier à septembre, 24 terroristes se sont rendus.

La lutte antiterroriste n’a jamais connu de répit

Le conférencier rappelle qu’en parallèle, la lutte antiterroriste n’a jamais connu de répit. Pour preuve, pour l’année en cours, 190 terroristes ont été abattus, dont 29 ont été mis hors d’état de nuire lors de l’assaut mené par les forces de sécurité dans l’opération de libération des otages détenus dans le complexe de Tiguentourine, au mois de janvier dernier. À ce sujet, il dit que les terroristes, de diverses nationalités, servaient des intérêts étrangers qui veulent justifier une intervention militaire.
À propos du dossier des disparus (7.144 familles, dont 7.000 ont été indemnisées), maître Azzi a fermement dénoncé les associations qui font dans la manipulation. Il dit que «même des familles de disparus se sont vues proposer de l’argent pour aller témoigner dans les instances internationales et accuser les services de sécurité d’être derrière les disparitions».
M. Azzi a indiqué que la cellule qu’il supervise a présenté, au mois de mai 2011, à la présidence de la République, 15 propositions relatives aux catégories n’ayant pas été mentionnées dans la charte. Il cite, entre autres, les victimes du terrorisme qui continuent de percevoir une pension de 5.000 dinars. Pour cette catégorie, il demande la révision de cette indemnité. Le deuxième dossier concerne les internés du Sud, dont le chiffre avancé par maître Farouk Ksentini est de l’ordre de 18.000, les enfants nés sous X (au nombre de 500), les femmes violées et les victimes «économiques» qui ont subi des pertes matérielles et qui attendent toujours un geste de la part des pouvoirs publics.
Le 29 septembre 2005, le peuple algérien a, en toute souveraineté, choisi de pardonner et de tourner une page douloureuse de son histoire ; c’est pourquoi maître Azzi estime qu’il est indispensable d’indemniser toutes les personnes touchées par la tragédie nationale dans le cadre d’une réconciliation algéro-algérienne.
Nora Chergui

Quelques chiffres à retenir

– Pas moins de 6.500 personnes ont bénéficié des mesures de la loi sur la concorde civile.
– 8.500 personnes ont bénéficié des dispositions de la charte pour la paix et de la réconciliation nationale.
– Au total, ce sont près de 15.000 terroristes qui ont bénéficié des dispositions de la loi sur la concorde civile et de celles de la de la charte pour la paix et de la réconciliation nationale.
– De 1992 à 2006, selon une liste nationale établie par les services de sécurité, 17.000 terroristes ont été abattus.
– Pour 2013, les statistiques indiquent que 48 terroristes ont été abattus au mois de janvier, 25 au mois de février, 13 au mois de mars, 15 au mois d’avril, 16 au mois de mai, 22 au mois de juin, 25 au mois de juillet et 5 au mois d’août dernier. Pour ce qui est du mois de septembre, pas moins de 20 terroristes ont été abattus.
Pas moins de 11.200 familles de terroristes abattus ont bénéficié à ce jour d’indemnités.
– De janvier 2013 à ce jour, 190 terroristes ont été abattus. Pour ce qui est des terroristes qui se sont rendus aux forces de sécurité, 24 terroristes se sont rendus aux forces de sécurité de janvier à septembre 2013. Ce chiffre se décline comme suit : Tlemcen (10), Skikda (5), Illizi (3), Boumerdès (2), Tizi Ouzou (2), Adrar (1) et Khenchela (1).
– Les familles des personnes disparues lors de la tragédie nationale se comptent à 7.144.
– Près de 7.000 de ces familles ont bénéficié, à ce jour, des dispositions de la charte nationale en ce qui concerne les indemnités. Les détenus du Sud se comptent à 18.000 personnes. Les enfants nés sous X, nés dans les maquis, sont au nombre de 500. Leur âge se situe aujourd’hui entre 3 et 15 ans.
Soraya G.