Ali Yahia Abdenour: « 12 fosses communes avec des preuves à l’appui »

Ali Yahia Abdennour ouvre le feu sur Ksentini

« 12 fosses communes avec des preuves à l’appui »

Par : Hamid Yes , El Khabar, 4 août 2004

Le président de la LADDH (Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme), Ali Yahia Abdennour, a appelé à la création d’une commission d’enquête « indépendante » pour « dévoiler la vérité sur les génocides » que plusieurs régions du pays ont connues, durant la deuxième moitié des années 90.

Ali Yahia Abdennour, qui a tenu une conférence de presse, hier, au siège de sa ligue, a affirmé que son organisation détient des preuves indiquant l’existence de 12 fosses communes, concernant des disparus.

Le président de la LADDH a insisté sur la nécessité d’ouvrir une enquête indépendante sur les génocides, pour déterminer les responsabilités afin d’éviter la reproduction des scénarios du Chili et de l’Argentine ».

Le conférencier a vivement critiqué Farouk Ksentini, président de la commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), en le qualifiant de « porte-parole de Bouteflika », et de « porte parole du pouvoir ».

Abdennour expliqua que Ksentini n’est pas un défenseur des droits de l’homme, car il est en train de propager la version officielle selon laquelle les disparition sont le fait des groupes terroristes. Abdennour a également reproché au président du CNCPPDH d’avoir proposé des indemnités au familles des disparus afin de clore le dossier définitivement.

Les familles des disparus, ayant assisté à la conférence de presse, ont, de leurs côtés, déclaré que les indemnités ont été proposées pour acheter leur silence, afin de mettre un point finale à cette affaire, comme si de rien n’était ».

Le président de LADDH, Ali Yahia Abdennour, a considéré sa ligue comme « le seule représentant des droit de l’homme en Algérie », et a critiqué certains activistes dans ce domaine, en déclarant qu’ils « défendent les droits de l’homme via des fax ».

Revenant sur la cas de Farouk Ksentini, Abdennour annonça que c’est grave « grave de dire que l’Etat n’est pas responsable des disparus, comme il est grave que Ksentini déclare que seul les groupes terroristes sont responsable de cette tragédie ».

« A mon sens », poursuit Ksentini, « les génocides de Bentalha et de Raïs, et les dépassements des forces de sécurité, ce sont la même chose; et il faut que les responsables de ces crimes soient punis ».

Abdennour invita le pouvoir à révéler la vérité sur les disparus : s’ils étaient tués, il faut le reconnaître et montrer à leur familles leur tombes, et s’ils étaient détenus, il faut que les autorités indiquent les centres de détentions dans lesquels il se trouvent ».

Notre interlocuteur pense que le problème des disparus ne peut être résolu par des indemnités, car le fond du problème est politique ».

Dans ce contexte, le conférencier a révélé que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme a découvert une fosse commune à la wilaya de Rélizane (ouest), contenant des dépouilles mortelles, au sujet desquelles, le représentant de la ligue dans cette wilaya dira qu’ils s’agit d’individus enlevées, tuées et enterrées par un groupe de résistants (civils armés par les autorités pour faire face aux attaques des terroristes). Ali Yahia Abdennour accusa, pour sa part, la gendarmerie nationale de « cacher les traces de la fosse ».

Le président de la LADDH a révélé, d’autre part, que sa ligue a découvert, dans un recensement qu’elle a effectué, 7200 cas de disparition. L’identité des auteurs de 40 cas ont été confirmée par les familles concernées, et il s’agit, selon le conférencier, d’éléments des forces de sécurité.

Ali Yahia Abdennour n’a pas omis de rappeler que l’Algérie a signé 72 accord en matière de droits de l’homme, et, elle ne peut, de ce fait, ignorer sa responsabilité dans ce domaine ».