Brown & Rot Condor (BRC) dissoute

BROWN & ROOT CONDOR (BRC) DISSOUTE

En attendant le rapport de l’IGF sur les infractions

L’Expression, 17 janvier 2007

Un liquidateur a été désigné pour accompagner les modalités de dissolution.

L’entreprise mixte algéro-américaine Brown & Root Condor (BRC), créée en 1994, au capital de 368,99 millions de dinars et dont le groupe Sonatrach détient 51% des parts contre 49% pour la compagnie américaine Hulliburton, est dissoute. Les représentants de la multinationale américaine, présents lors de la réunion du conseil d’administration tenu tout au long de la journée de lundi passé et dont l’un des actionnaires et ancien président-directeur général n’est autre que le vice-président des Etats-Unis, Dick Cheney, ne se sont pas opposés à la décision finale qu’ils ont d’ailleurs entérinée. Pour rappel, la Brown & Root Condor, spécialisée dans l’ingénierie pétrolière, avait suscité l’intérêt des autorités algériennes qui, depuis juillet 2006, avaient mis au scanner sa gestion. Sur instruction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, un rapport a été, en cette date, établi sur les activités de la compagnie et concernait surtout les grands projets décrochés par cette dernière auprès de Sonatrach, du ministère de l’Energie et des Mines, celui de la Défense nationale, de Naftec, et de la compagnie Anadarco.
La presse avait, alors, estimé, selon diverses sources, le chiffre global des transactions mises à l’index par les enquêteurs, à hauteur de 70 milliards de dinars. L’octroi de marchés de gré à gré est la source de la polémique qui a motivé l’ouverture d’une enquête judiciaire. La brigade économique s’est chargée du dossier qui a atterri au tribunal de Bir Mourad Raïs pour traiter des contrats de sous-traitance conclus depuis 2001. BRC compte environ trois mille employés dont des centaines de cadres.
Leur sort reste inconnu et a suscité un long débat au sein du conseil d’administration qui s’est caractérisé par la position forte du président-directeur général de l’entreprise, démissionnaire, M.Abdelmoumen Ould Kaddour, de prendre en charge les travailleurs de la société mixte par leur intégration à Sonatrach. La liquidation de l’entreprise en question ne va pas clore le dossier de la BRC. Un liquidateur a été désigné en la personne de M.Djebour pour accompagner les modalités de la dissolution avant que les instances judiciaires ne se décident à donner les suites nécessaires à ce dossier. La compagnie mise en cause aujourd’hui, comme rapporté dans le document transmis aux services de la présidence, octroyait certains des projets qu’elle obtenait à des compagnies sous-traitantes.
Comme c’est le cas du nouveau siège du ministère de l’Energie et des Mines, à propos duquel la BRC avait sollicité les services de 26 compagnies sous-traitantes, dont 21 entreprises algériennes. Entre autres projets réalisés par la compagnie, celui de l’hôpital militaire d’Oran (Ouest), un CHU à Constantine (Est) pour le compte du ministère de la Défense nationale et un centre spécial sur les crimes au profit de la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) à Bouchaoui, à l’ouest de la capitale.
C’est, justement, près de ce lieu qu’une embuscade avait été tendue, au mois de décembre, par un groupe terroriste se revendiquant du Gspc, au bus transportant les cadres étrangers travaillant pour le compte de cette société, dont un Américain d’origine libanaise avait trouvé la mort en plus du chauffeur de nationalité algérienne. Un attentat qui a surpris bon nombre d’observateurs et donné un coup dur au système sécuritaire adopté dans la capitale, plus particulièrement au lieu de l’attentat. Le président Bouteflika avait demandé d’éplucher méticuleusement les transactions décrochées par cette compagnie.
Des inspecteurs de l’IGF ont aussitôt investi le terrain. Pour rappel, les compagnies étrangères, américaines plus particulièrement, avaient menacé, il y a quelques semaines de cela, de quitter l’Algérie invoquant le blocage de la loi sur les hydrocarbures que le président de la République avait remis en cause.
Mais certains observateurs n’ont pas omis de lier cette réaction à la nouvelle politique adoptée par les autorités algériennes de mettre fin aux infractions constatées dans l’apport de l’investissement lourd étranger.

Kamel BENMESBAH