Libération envisagée des touristes au Mali

BERLIN DEPECHE UN EMISSAIRE A BAMAKO

Libération envisagée des touristes au Mali

Le Quotidien d’Oran, 23 juillet 2003

Le secrétaire d’Etat allemand des affaires étrangères, Juergen Chrobog est depuis hier à Bamako pour préparer le terrain à une libération « imminente » des 15 otages européens. Les ravisseurs ayant opté pour un repli vers le Mali.

Spécialiste du Sahara et envoyé spécial du ministre allemand des Affaires Etrangères Joschka Fisher, J. Chrobog devrait avoir : « des entretiens avec les autorités maliennes consacrés à libération des otages européens du Sahara » selon la télévision publique allemande ARD. Berlin qui n’a pas voulu en dire plus de crainte de compromettre l’opération a indiqué, via un porte-parole du ministère que : « Les efforts du gouvernement allemand pour que les personnes concernées rentrent saines et sauves à la maison sont toujours poursuivis ».

Cette effervescence diplomatique prépare, selon les observateurs, une libération qu’on dit imminente alors qu’on boucle, ce mercredi, 150 jours de détention par le GSPC. Alors que l’armée algérienne a desserré l’étau sur Tamelrick, à 120 km au nord d’Illizi, des sources concordantes indiquent que les ravisseurs auraient définitivement opté pour un repli sur le Mali, précisément vers le nord, dans la région de Kidal, là où des complices salafistes les attendraient et là, également, où l’armée malienne s’est mise en état d’alerte depuis deux jours. Les ravisseurs auraient négocié avec les autorités allemandes, avec le consentement des Algériens, un retrait vers le secteur de Tanezrouft où un camp de base de l’émir Mokhtar Belmokhtar existe et où le Mali a perdu le contrôle.

Reste que certains détails peuvent bloquer des négociations qui sont menées tambour battant. Juergen Chrobog, diplomate chevronné qui gère le dossier des otages (il est également en charge du dossier du Sahara occidental), aurait obtenu des autorités algériennes, suite à ses cinq déplacements secrets à Alger, de mener des négociations avec les ravisseurs. Le contact avec les ravisseurs ayant été établi, il s’avère que les salafistes n’auraient pas encore tranché la question de savoir s’ils doivent abandonner les otages sur place, dans les grottes de Tamelrick ou les emmener avec eux, comme garantie, vers le Mali. Un autre détail freinerait les discussions. A savoir avec quel moyen de locomotion -hélicoptère ou 4×4- les ravisseurs doivent faire le trajet.

L’option d’un retrait vers la Libye semble s’éloigner du fait que le GSPC se méfie de l’attitude de Tripoli. Ayant des contacts avec le GCML libyen, un groupe islamiste radical qui est opposé à Muammar El Kadhafi, la destination libyenne leur auraient été déconseillée du fait du traitement que réserve le leader libyen aux islamistes.

Les diplomates allemands font actuellement le forcing afin de garantir, au maximum, la sécurité des otages. Les dix Allemands ( Martin Hainz, Rainer Bracht, Christian Grûne, Franck Gottloeber, Juergen Matheis, Sacsha Notter, Witold Mitko, Michaela Spitzer, Kurt et Erna Shuster), les quatre Suisses (Mark Hediger, Reto Walther, Silja Stahli et Sybille Graf) et un Néerlandais ( Arjen Hilbers) seraient actuellement en route vers le Mali selon des sources diplomatiques occidentales à Alger qui ne précisent pas la date de leur arrivée et les modalités de leur libération.

Joschka Fisher a dépêché Chrobog dans ce sens. Ce dernier qui avait fait le déplacement vers Illizi a constaté sur place la complexité d’entrer en contact avec des ravisseurs dénués de moyens de communication. Même si des sources sécuritaires indiquent que Belmokhtar possède, effectivement, un téléphone satellite avec lequel il aurait pu entrer en contact avec les… Allemands. Sans intermédiaires. En tout cas, les avions allemands dépêchés depuis une base de l’OTAN, basée en Italie, ne seraient plus dans le sud algérien.

La multiplication d’indices, ces derniers jours, démontre que l’affaire des otages est proche du dénouement. Le tout est de savoir si les otages sont libérés, une fois arrivés au Mali, ou abandonnés dans le désert. Comme lorsqu’ils ont été kidnappés cinq mois auparavant !

Mounir B.