Les Allemands envoient trois avions espions dans le Sahara algérien


AFFAIRE DES 15 OTAGES DETENUS

Les Allemands envoient trois avions espions dans le Sahara algérien

Le Quotidien d’Oran, 24 juin 2003

Des avions de reconnaissance de la marine allemande auraient été déployés dans le sud algérien pour la recherche des 15 otages encore détenus par le GSPC. Des sources militaires allemandes ont indiqué qu’une douzaine de pilotes ont été envoyés en Algérie.

C’est le «Nordseezeitung», (le journal de la Mer du nord) journal régional qui a rapporté cette information du fait qu’il couvre les activités de la base navale de la marine allemande située au port militaire de Bremen-Haven, dans le nord de l’Allemagne. Ce journal indique que des pilotes des escadrons de la Navy allemande de Nordholz ont été dépêchés en Algérie pour participer aux recherches en collaboration avec l’armée algérienne afin de repérer le groupe des 15 otages (10 Allemands, 4 Suisses et 1 Néerlandais), détenus dans les grottes du massif de Tamelrick, à 150 km au nord d’Illizi. Selon les militaires cités, l’escadron allemand est composé de 3 avions de type Breguet Atlantic des unités MFG 3, escadron des pilotes de la marine, appelés « Graf Zepplin ». Cette unité serait renforcée par des avions de chasse de type Tornado britannique, spécialisés dans la lutte anti-sous marins, mais dont certains équipements de détection électronique sophistiqués peuvent être utilisés dans le repérage de « cibles » enfouies dans le sol. Ce type d’équipement serait nécessaire afin de repérer, de manière pointue, les otages européens et leurs ravisseurs qui vivraient cachés dans les profondeurs de grottes et casemates naturelles du massif rocheux de Tamelrick. Mais selon ces militaires, ces avions ne peuvent mener d’attaques au sol et ne seraient opérationnels qu’avec le déploiement des troupes au sol. C’est la première fois que les médias allemands rapportent la mise en place d’un dispositif militaire allemand dans le Sahara algérien. L’état-major de l’armée algérienne qui avait mené l’assaut d’Amguid qui avait permis la libération des 17 premiers otages, n’était pas favorable à une présence militaire étrangère que sous la forme d’un « soutien tactique ». C’est à dire une contribution des militaires allemands dans la recherche et la traque par des moyens dont elle ne dispose pas. Ainsi, l’envoi de drones, avions de reconnaissance sans pilotes, de la Bundeswehr a été un moment envisagé après la venue, fin mai, du ministre allemand des affaires étrangères, Joshka Fisher, à Alger.

Ce déploiement militaire allemand entrerait, ainsi, en droite ligne dans les promesses du président Bouteflika à la chancellerie allemande en donnant l’assurance de «ne rien entreprendre sans consulter Berlin» puisqu’il y a une majorité d’Allemands parmi les otages. Cette déclaration faite à Vienne, le 17 juin dernier, était assortie d’une autre promesse qui ouvrait le champ à une participation militaire européenne plus active dans les recherches : «Dans cette affaire nous avons mis au second plan les considérations de souveraineté nationale» dira-t-il avant de faire l’éloge de la coopération germano-algérienne «dans les domaines politique, de sécurité et militaire» qui était un prémisse à cette intervention.

Les dix otages allemands qui demeurent en captivité mobilisent les efforts de la diplomatie allemande et ceux d’Otto Shilly, ministre allemand de l’Intérieur, qui s’est déplacé, secrètement, à quatre reprises à Alger depuis 4 mois. Après avoir paralysé toute action militaire, le gouvernement de Gerahd Shrodeor se montre, apparemment, disposé à participer « militairement » tout en continuant à privilégier les négociations avec les ravisseurs. Le climat entre Alger et Berlin qui s’est nettement amélioré depuis quelques semaines avait été marqué, en mars dernier, par des tensions créées après l’envoi par l’Allemagne de 6 agents du GSG9, unité allemande spécialisée dans la lutte antiterroriste et dont les conseils n’ont pas été appréciés par leurs homologues algériens, davantage connaisseurs des réseaux du GSPC de Mokhtar Belmokhtar. Si cette assistance militaire se confirme, du moment que ni Alger, ni Berlin ne l’évoquent, elle impliquerait une nouvelle phase dans l’affaire des otages qui demeurent, selon des sources diplomatiques, dans une situation insoutenable avec l’épuisement des réserves d’eau et la chaleur qui atteint des pics inhumains dans le sud-est algérien.

Mounir B.