La désillusion saoudienne

Conférence internationale sur le terrorisme

La désillusion saoudienne

El Watan, 8 février 2005

Les travaux de la Conférence internationale sur le terrorisme, qui se tient depuis samedi dernier en Arabie Saoudite, prendront fin aujourd’hui.

Les participants – une cinquantaine de pays ne sont pas tous enthousiastes quant au poids des recommandations qui devront sanctionner la rencontre. Cela est d’autant plus vrai que le prince héritier Abdellah Ben Abdel Aziz n’ a pas réussi, outre mesure, à convaincre l’assistance de l’idée de la création d’un « centre international de lutte contre le terrorisme ». Cette proposition a été d’ailleurs accueillie dans l’indifférence par la majorité des pays participants. Le chef de la délégation américaine, Frances Townsend, a affirmé à l’AFP que ce « centre ne pourra aucunement remplacer le besoin d’un échange bilatéral d’informations ». Le même point de vue aé té exprimé, toutefois, par un responsable britannique qui a estimé que la lutte contre le terrorisme est mieux servie au moyen de la coopération bilatérale. Toujours est-il que les pays résolument engagés dans la guerre contre le terrorisme préfèrent plutôt une démarche bilatérale dans ce domaine. Les Etats-Unis, qui se considèrent comme le fer de lance de la lutte antiterroriste dans le monde, ont clairement opté pour la coopération avec des pays dont les positions par rapport au terrorisme ne souffrent aucune équivoque. En ce sens, contrairement à l’Arabie Saoudite qui, il faut le dire, mène un double jeu, l’Algérie représente, aux yeux des Américains, un partenaire privilégié dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Que cherche le royaume wahhabite à travers son initiative ? Pourquoi la monarchie a attendu l’année 2005 pour clarifier sa position sur le terrorisme ? Les observateurs ne cultivent pas de doute sur les mobiles et les visées d’une telle démarche. Il est clair que l’Arabie Saoudite, qui a longtemps encadré, financé et exporté le terrorisme, veut désormais s’é loigner de « l’axe du mal » et prouver au monde entier qu’elle est prête à se jeter dans l’arène de la lutte antiterroriste. Mieux encore, la capitale Riyad a la prétention de devenir la plaque tournante de la lutte contre le terrorisme dans le monde. En n’accordant pas une grande importance aux propositions saoudiennes, les participants à la conférence n’ignorent pas que le régime wahhabite porte de lourdes responsabilités dans le drame algérien, les douloureux événements du 11 septembre 2001… Ils n’ignorent pas également que les associations caritatives, qui sont sous la coupe du ministère des Affaires islamiques, continuent de financer les groupes terroristes y compris Al Qaîda. Ils n’ignorent pas que 15 parmi les 19 auteurs des attentats du 11 septembre 2001 étaient des Saoudiens. Tous cesé léments font que dans la nouvelle « feuille de route » américaine, l’Arabie des al Saoud compte de moins en moins. Ses propositions aussi.

A. Benchabane