L’Algérie dresse son bilan sécuritaire

Conférence internationale sur le terrorisme

L’Algérie dresse son bilan sécuritaire

Par Nissa Hammadi, La Tribune, 6 février 2005

La plupart des mandats d’arrêt internationaux lancés par le pays n’ont pas connu de suite, plus de 6 000 terroristes se sont rendus aux autorités depuis la loi sur la concorde civile, sept rapports nationaux, ainsi que des listes d’individus et d’organisations en Algérie ayant des liens avérés avec Al Qaïda ont été transmis au Conseil de sécurité depuis janvier 2004. Devant une assistance composée d’une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, la Chine et la Grande-Bretagne, l’Algérie déplore l’absence du GIA et du GSPC sur les listes des individus et groupes terroristes dressées par l’Union européenne. Le COTER -mécanisme de coordination de la lutte antiterroriste de l’Union européenne- est disposé à engager un dialogue avec l’Algérie. C’est ce qui ressort de l’intervention, dont on a pu avoir une copie, du chef de la délégation algérienne au cours de la conférence internationale sur le terrorisme tenue à Riyad, dont les travaux ont démarré hier. On apprend également que, dans le cadre de la nouvelle organisation du système judiciaire, le département de la Justice compte mettre en place des pôles judiciaires spécialisés dans le traitement des dossiers liés au terrorisme. Un juge d’instruction et un procureur de la République seront nommés à la tête de ces juridictions «avec des compétences élargies à l’ensemble du territoire national». Sont programmées également avec des partenaires étrangers des formations de juristes, d’agents chargés de l’application de la loi et d’analystes pour les investigations dans le domaine du financement du terrorisme et du blanchiment d’argent. Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales se penche, en outre, sur un plan pour renforcer la sécurité au sein et à l’extérieur de tous les sites stratégiques. Ce plan, soutient-on, «institue un système de coresponsabilité en matière de gestion sécuritaire». Ainsi, il revient aux dirigeants de ces structures d’en assurer au plan intérieur la sécurité et aux policiers de surveiller l’environnement externe. «Il s’agit là d’une responsabilité à caractère pénal», précise-t-on. Concernant la sécurité des navires et les installations portuaires, elles ont fait l’objet en 2004 d’un audit américain qui «a rendu des conclusions très satisfaisantes sur les normes appliquées par l’Algérie en la matière». En retraçant le dispositif législatif et opérationnel mis en place pour prévenir et combattre les actes terroristes et en revenant sur la dimension politique de cette lutte, la délégation algérienne a tenu à préciser que le combat contre le terrorisme transnational, elle l’a mené seule pendant une décennie.«Les groupes terroristes tiraient alors pleinement profit d’un certain laxisme, voire d’une certaine complaisance au niveau international. Un engagement des pays abritant des réseaux de soutien ciblant l’Algérie aurait sans doute permis d’abréger les souffrances du peuple algérien». Le chef de la délégation ajoute : «Aucune armée n’est prédisposée à lutter contre le terrorisme. Une adaptation de la formation et des moyens de lutte est donc indispensable. En Algérie, cette adaptation s’est faite sans le concours d’aucun pays.» L’Algérie estime que le chemin est encore long pour parvenir à «une coopération pratique traduisant au mieux et plus complètement les obligations au titre de la résolution 1373 du Conseil de sécurité qui organise la riposte antiterroriste de la Communauté des Nations». La coopération internationale dans le domaine de la lutte antiterroriste, outre son aspect opérationnel, doit comprendre, pense l’Algérie, les dimensions politique, diplomatique, judiciaire et financière. Les mesures de contrôle aux frontières ont été, souligne-t-on, consolidées de manière à filtrer des personnes recherchées pour activités terroristes et les services de protection ont été dotés de moyens de détection de faux documents de voyage. «Outre leur propre liste, les services algériens de sécurité s’appuient sur celles établies par d’autres pays partenaires et celle du Comité des sanctions contre ‘‘les taliban, Al Qaïda et les entités qui leur sont associées’’ du Conseil de sécurité des Nations unies». La délégation algérienne termine son intervention par un exposé sur la loi sur la concorde civile et la démarche de réconciliation nationale dont, soutient-elle, «le mouvement est pour l’essentiel accompli».

N. H.