L’Algérie achète de nouvelles armes Russes

L’Algérie achète de nouvelles armes Russes

Le partenariat stratégique se renforce

El Watan, 1 avril 2007

La Russie devient, sur le plan militaire, le premier partenaire stratégique de l’Algérie. Le gros contrat d’achat d’armement signé entre les deux pays fait que les relations passent à un stade sensible d’importance.

Le contrat pourrait, si l’on fait foi des informations du quotidien Kommersant, réputé proche des milieux des affaires, atteindre les 15 milliards de dollars. A Alger, les autorités, militaires ou civiles, n’ont rien dit sur ce double marché jamais égalé par le passé. L’achat d’armes relève-t-il du secret-défense ? Le ministère de la Défense nationale a lancé des appels d’offres, peu visibles en Algérie, pour la construction d’une frégate et la réalisation de navires. Il y a également une demande d’approvisionnement en chasseurs et en chasseurs-bombardiers type Sukhoï : Su-30 MK (version améliorée du Su-27 UB conçu au départ pour contrer le F15 américain) et Su-32 dont les premiers tests de vol remontent à 1993 et qui peut être équipé en missiles air-air et en bombes à fragmentation. A l’origine, le SU-30 MK a été spécialement développé pour l’armée de l’air indienne. L’Inde, la Chine, la Malaisie et l’Indonésie sont les plus gros acquéreurs des appareils Sukhoï. Cette compagnie est, depuis l’été 2006, sous le coup de sanctions américaines. Les Etats-Unis lui reprochent de fournir à l’Iran du matériel pour le développement de projets nucléaires (dans le langage de Washington cela devient « armes de destruction massive »). Moscou avait qualifié la mesure d’inadmissible. Sukhoï, qui emploie 28 000 salariés, est le principal fabricant aéronautique de Russie. L’Algérie entend également acquérir des MIG 29 SMT, le fameux Fulcrum, dont les premières versions ont été mises en vol au début des années 1980, et dont le dernier né est toujours à l’essai pour remplacer le MIG 27. Le MIG 29, qui ne possède pas une grande autonomie en carburant, est surtout destiné à la défense du territoire. Son véritable engagement militaire remonte à la première guerre du Golfe avec l’invasion du Koweït par l’Irak. Selon plusieurs sources, les forces aériennes algériennes possèdent actuellement 159 MIG 29 de type S, UB et SMT. Les capacités aéronautiques de l’armée algérienne sont estimées à plus de 900 appareils de tous types dont les avions de fabrication algérienne Safir-43 destinés à l’entraînement, des aéronefs d’affaires comme les Falcon 900 et Gulfstream et des hélicoptères russes de type MI-HIP. L’armée algérienne, qui a passé commande auprès des Russes pour l’achat d’hélicoptères de combat MI-28 NE, connu sous le sobriquet de « chasseur de nuit », sera parmi les premières à en avoir. Puisque l’armée russe, qui entend acheter 300 unités de cet hélicoptère biplace de fabrication récente, vient à peine de contracter le marché. MI-28 NE est cinq fois plus puissant que le MI-24 (l’armée algérienne possède 70 unités de cet hélicoptère). D’après la revue Moscou Defense Brief, la Russie va, d’ici 2008, livrer à l’Algérie 550 chars de la série T90 S et T72 M fabriqués par la firme Uralvagonzavod. La même source évoque également l’achat de système anti-aérien 2S6M1 Tunguska-M1, de système de missile anti-char Metis-M1 et Kornet-E, de deux sous-marins 636 et d’avion-citerne de type IL-78. L’Algérie souhaite acquérir, selon Kommersant, le système anti-aérien Pantzyr-S1 (missile anti-missile sol-air). A l’essai actuellement aux Emirats arabes unis (pays qui a financé en partie le projet), ce système, quelque peu compliqué et à l’efficacité problématique, a besoin encore d’être amélioré. Après l’Algérie, la Syrie vient également de passer commande pour en acheter. Le Tula Instrument Design Bureau (basé au sud de Moscou), qui chapeaute le projet, laisse entendre que les contrats de vente atteignent déjà les 2,6 milliards de dollars. D’autres pays d’Afrique du Nord, probablement la Libye, sont intéressés par ce système. Les essais doivent être achevés l’été 2007. Les premières livraisons de Pantzyr-S1 aux Emirats commenceront à fin 2007. L’Algérie devra attendre jusqu’à 2010 pour recevoir les premières unités de ce système, si le contrat est conclu en termes précis. La revue spécialisée américaine Jane’s a dernièrement douté de la capacité des industriels russes à honorer les commandes réalisées à l’export. En plus de l’Algérie, le Venezuela a également passé un marché, de plus de 3 milliards de dollars, pour l’achat d’avions de chasse russes. La revue Jane’s met en avant les difficultés managériales des fabricants russes. Vladislav Poutiline, directeur adjoint de la commission militaro-industrielle, cité par l’agence Ria Novosti, a annoncé que les commandes militaires russes augmenteront de 29% en 2007, soit 21,6 milliards d’euros. Selon lui, la plus grande partie des 400 milliards de dollars consacrés à la commande militaire serait utilisée pour l’équipement des forces armées (achats et réparations d’armements). Le redéploiement diplomatique de Moscou est accompagné – c’est inévitable – par le renforcement des capacités militaires y compris celles d’anciens alliés, dont l’Algérie. L’Algérie aura à concilier entre son rapprochement avec la Russie (sur le plan énergétique également) et ses engagements avec l’Alliance atlantique nord (OTAN) dans le cadre du Dialogue méditerranée. L’OTAN entend également aider l’Algérie à « professionnaliser » son armée.

Faycal Metaoui