Affaire Mecili: Le diplomate attend le feu vert du juge pour les tests ADN

Affaire MECILI

Le diplomate attend le feu vert du juge pour les tests ADN

Par : A. OUALI, Liberté, 8 novembre 2008

Trois semaines après la décision de la cour d’appel de Paris de maintenir l’inculpation de Mohamed Ziane Hasseni dans le dossier Ali Mecili, le diplomate attend le feu vert du juge d’instruction afin de se soumettre à des tests ADN et à des analyses graphologiques. Lors de l’audition du 1er septembre, M. Hasseni avait rejeté cette même demande formulée par le juge à la fin de l’audition et qui lui paraissait incongrue. La partie civile a ensuite fait de ce refus son principal argument devant la chambre d’instruction de la cour d’appel devant laquelle il s’était pourvu pour demander l’annulation de son inculpation et de son contrôle judiciaire.

Depuis, le chef du protocole au ministère des Affaires étrangères se montre soucieux de ne pas laisser prospérer les vues de la partie adverse. Il s’est ravisé et se dit disposé à se soumettre à toutes les analyses susceptibles de faire jaillir la vérité. Une nouvelle audition par le juge d’instruction Baudoin Thouvenot est prévue sous peu, à une date déjà fixée. M. Hasseni qui lui a déjà répondu par écrit à la demande sur les expertises confirmera sa disposition. Si le juge y tient toujours, le diplomate s’y soumettra. Depuis son interpellation le 14 août à Marseille où il se rendait en voyage privé, il n’a pas arrêté de clamer son innocence en faisant valoir une erreur judiciaire. Après presque trois mois d’exil forcé à Paris, cette interpellation soulève toujours des questions. L’interpellation du diplomate découle d’un mandat d’arrêt délivré le 7 décembre 2007. Lequel mandat découle du témoignage de l’officier déserteur Mohamed Samraoui entendu en Allemagne le 2 juillet 2003. Quatre ans d’une attente que le parquet n’a d’ailleurs pas manqué de pointer. L’avocat du diplomate, Me Jean-Louis Pelletier mais aussi Jacques Vergès ont souligné le caractère invraisemblable du libellé du mandat d’arrêt qui contient des éléments d’identité ne correspondant pas à ceux de M. Hasseni. Ceci n’excuse pourtant pas le manque de vigilance de la partie algérienne. Le 25 décembre 2007, la presse française faisait écho au mandat d’arrêt. Le Canard Enchaîné, rue 89.com et l’AFP en faisaient état, livrant à l’opinion le nom de Mohamed Ziane Hassan, présenté comme un “capitaine de la sécurité militaire” et celui d’Abdelmalek Amellou, l’exécutant présumé au domicile duquel avait été trouvé un ordre de mission signé de Rachid Hassani.

Assez suffisant pour sonner l’alerte et mettre en garde le diplomate contre les risques éventuels de cette confusion ! Le mandat d’arrêt ne serait pas parvenu aux autorités algériennes et rien ne semble donc avoir été fait. Les articles publiés par la presse française donnaient d’autres motifs d’alerte pourtant. “Les mandats d’arrêt valent mise en examen (inculpation) et si la procédure va à son terme, les deux hommes seront jugés un jour par une cour d’assises à Paris qu’ils soient présents ou non”, était-il écrit alors. Faute de mise en garde, M. Hasseni s’est donc rendu à Marseille sans méfiance aucune sachant qu’il est étranger à l’affaire. Erreur : aujourd’hui, il est sommé de prouver son innocence. Exercice facile si on veut bien l’écouter. Le problème c’est que le doute est jeté sur toutes ses déclarations. Erreur de nom ? L’accusateur fait croire que les éléments des services secrets avaient tous un pseudonyme. Ce n’est quand même pas très futé de se faire appeler Hassani lorsque le vrai nom est Hasseni, non ? Le CV qui prouve que M. Hasseni n’a jamais été dans ces services ? Une invention ! À la fin de ses études en licence de sciences économiques à l’université d’Alger, M. Hasseni avait rejoint une entreprise publique avant d’aller effectuer son service militaire dans une unité de la Marine nationale à Alger. Le général qui dirigeait l’unité fera appel à lui quand il sera chargé du protocole à la présidence. Chargé de l’accueil, M. Hasseni conduira la construction de la résidence El-Mithaq à El-Biar. Un chantier réalisé par une entreprise canadienne. Ensuite, il deviendra sous-directeur chargé de la gestion et de l’exploitation des structures officielles d’accueil. Et quand il intégrera le réseau diplomatique, il ne sera jamais en poste au Mali, comme l’affirme son accusateur. Ce dernier pourra aussi se tromper sur les photos, c’est le diplomate qui restera suspect. Même le livret de famille délivré par l’administration coloniale ne servira à rien ! Et quoi d’autre après les tests ADN ? Car il ne faut surtout pas miser sur une interférence politique. Certains peuvent faire mine de ricaner sur l’indépendance de la justice française. Elle n’en a pas moins débouté le président de la République d’une récente plainte, ce qui équivaut à une condamnation. Et la garde des Sceaux n’a pas évité la condamnation de son propre frère.

A. OUALI