Agriculture: Méga-projets algéro-américains pour améliorer la production

Agriculture: Méga-projets algéro-américains pour améliorer la production

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 22 mars 2017

Les méga-projets dans le secteur agricole vont permettre à terme à l’Algérie d’exporter son excédent de production et d’arrêter les importations de certains produits, dont le lait en poudre. Smail Chikhoune, président du Conseil d’affaires algéro-américain, a expliqué hier à la radio nationale qu’ «il faut aller vers la production locale et arrêter ces importations, il faut aller vers ces méga-projets pour développer l’agriculture» algérienne. Revenant sur la joint-venture algéro-américaine conclue l’année dernière entre un investisseur algérien et des partenaires américains à El-Bayadh, il a indiqué que la première production de pomme de terre est prévue au mois de mai prochain, «avec un léger retard» qu’il a expliqué par l’arrivée un peu tardive du matériel et son déploiement par les techniciens américains.

Au départ, il s’agit de travailler sur 1.500 hectares, avec l’installation de pivots, soit 156 dont 9 de 90 ha chacun sont déjà en place, selon M. Chikhoune. Ce projet, rappelle-t-on, porte sur une superficie totale de 20.000 hectares, avec un coût de 200 millions de dollars.

Il s’agit de produire progressivement sur 20.000 hectares du blé dur, des fourrages, de l’orge, l’ensilage de mais et de la pomme de terre, en plus de 5.000 ha pour l’élevage bovin. Les productions attendues à terme, c’est-à-dire dans sept ans, selon M. Chikhoune, sont 200 millions de litres de lait par an, 297.000 tonnes de pomme de terre au bout de la sixième année, 50.000 tonnes de mais en grains, 54.000 tonnes de blé dur et également 4.000 tonnes d’amandes. In fine, l’objectif pour la pomme de terre est de la transformer en partie sous forme de produit industriel pour être prête à la consommation, alors que pour le lait, l’objectif est d’atteindre un nombre de 20.000 vaches laitières pour une production moyenne annuelle de 200 millions de litres. «Au bout de sept ans, l’exportation va commencer, mais ce sera à partir du moment où il y aura des excédents», ajoute M. Chikhoune, le coût à terme est de 500 millions de dollars. Pour autant, «la concession à El-Bayadh est donnée uniquement à la partie algérienne, la joint-venture est algéro-américaine». M. Chikhoune précise que «l’Américain ne possède pas la concession qui est exclusivement donnée à la partie algérienne». «Ce projet va éliminer les importations de poudre de lait, de céréales, et de pomme de terre, et surtout aller vers l’autosuffisance, ce qui va permettre par la suite d’aller vers l’exportation», affirme-t-il.

Le président du Conseil d’affaires algéro-américain a indiqué par ailleurs qu’il y a actuellement des discussions avec d’autres partenaires à Adrar et d’El Menéa, car il faut d’autres projets agricoles, «et l’actuel va inciter à en créer d’autres». Balayant d’un revers de main la polémique sur l’utilisation de pesticides nuisibles à l’environnement et la nappe phréatique, M. Chikhoune a expliqué que «le groupe Lacheb a négocié sur les pesticides, il s’agit de pesticides biologiques fabriqués sur place», et «tous ces experts viennent de Californie, ils ont de l’expérience» dans le domaine de la production agricole et la protection de l’environnement. M. Chikhoune rappelle que la Californie est à elle seule «la 6ème puissance économique mondiale et détient par exemple 85% du marché mondial des amandes». Par ailleurs, il a souligné que pour les investisseurs américains l’Algérie est un portail vers l’Afrique et le Moyen-Orient, et qu’au Conseil d’affaires, «nous ciblons les secteurs hors-hydrocarbures comme le partenariat pharmaceutique. On a mis le paquet dans l’agriculture car c’est là qu’il y a le besoin pour diminuer ces importations et aller vers ces méga-projets agricoles». Sur le volet énergétique, M. Chikhoune a indiqué que «bien sûr, les Américains seront intéressés par le projet algérien de réaliser 4.000 MW en photovoltaïque». Il annoncera ensuite que sur le volet commercial et la reconduction de l’accord Tifa, qu’il y aura un round de discussions au mois d’avril prochain à Alger. Au mois d’octobre 2017, une centaine d’hommes d’affaires américains représentant certaines grandes entreprises et groupes industriels se déplaceront à Alger (1er au 4 octobre) pour examiner avec leurs homologues et avec les responsables algériens les opportunités d’affaires en Algérie. En outre, les Etats-Unis seront l’invité d’honneur du prochain Salon international de l’élevage, de l’agroalimentaire et de l’agroéquipement (SIPSA, 4-7 octobre) avec 23 entreprises américaines spécialisées dans l’irrigation et le machinisme agricole.