Alger peut perdre son statut de capitale

AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

Alger peut perdre son statut de capitale

Le Quotidien d’Oran, 3 octobre 2005

Le projet de réalisation de la ville nouvelle des hauts plateaux, Boughezoul, à cheval entre les wilayas de Médéa, Djelfa et M’sila, refait surface. Le ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement doit présenter le dossier au gouvernement «dans les prochains jours».

C’est ce qu’a annoncé Chérif Rahmani, lors du séminaire d’orientation des nouveaux chefs de postes diplomatiques et consulaires, samedi, au CNA. «Le gouvernement devra faire un choix qui est un choix politique et non technique et qui engage le collectif de la Nation», a estimé Chérif Rahmani. La ville nouvelle se fera, selon lui, autour du lac et viendrait en réponse aux pressions urbaines de la frange nord de l’Algérie. Elle est située sur les territoires des communes de Boughezoul et Aïn Oussera. Pour le ministre de l’Aménagement du Territoire, le gouvernement aura deux options quant à l’avenir de la future ville de Boughezoul, pressentie pendant des années comme étant la nouvelle capitale algérienne. Soit l’exécutif décide d’installer «tous les éléments institutionnels de l’Etat autour du lac». Ce qui reviendrait à faire de Boughezoul la nouvelle capitale politique et administrative de l’Algérie. Soit le staff gouvernemental abandonne cette option pour faire de la ville nouvelle «une ville de dimension régionale, avec moins d’ambitions mais qui reste importante et d’intérêt national». Dans ce dernier cas, Boughezoul ne serait pas, selon lui, «seulement un cadre de vie social, un conglomérat de Badjarrah». Le ministre a estimé que quel que soit le statut futur de Boughezoul et celui des autres villes nouvelles de Bouinan dans la wilaya de Blida, Meniâa, il revenait aux activités qu’elles seraient appelées à accueillir de créer «l’attractivité». Ces villes nouvelles doivent être, pour Chérif Rahmani, «des pôles d’excellence» où même l’habitat doit être «tiré vers l’excellence».

Suite à l’adoption de la loi n° 02-08 du 8 mai 2002 relative aux conditions de création des villes nouvelles et de leur aménagement, un décret exécutif portant création de la ville nouvelle de Boughezoul a été approuvé par le gouvernement le 29 octobre 2003. Selon ce dernier, la ville nouvelle de Boughezoul couvre une superficie de 4.650 ha, dont, notamment, 2.150 ha inclus dans le périmètre d’urbanisation et d’aménagement de la ville nouvelle, 1.000 ha autour des superficies aménagées constituant le périmètre de protection de la ville nouvelle et 1.000 ha de zone agricole. Localisée dans une zone peu urbanisée, à l’intersection de deux grands axes routiers, elle aura pour principales vocations le tertiaire supérieur, les technologies avancées, la recherche scientifique ainsi que les autres fonctions de soutien y afférentes. L’objectif à long terme est le redéploiement «volontaire» d’environ 3 millions de personnes des zones littorales vers les régions de l’intérieur du pays, hauts plateaux et sud, qui offrent plus d’opportunités en matière d’espace foncier.

A l’époque, Ahmed Ouyahia avait estimé que la création de Bouinan et Boughezoul était une «opération d’envergure qu’il s’agit de mener dans un double souci d’efficacité et de rationalité». Un Comité interministériel avait été installé afin d’évaluer les besoins en infrastructures et équipements dans le cadre de la création de ces villes nouvelles, ainsi que les coûts induits. Il faudra attendre la présentation de Chérif Rahmani au Conseil du gouvernement pour connaître réellement le statut futur de la nouvelle ville de Boughezoul. Un «vieux projet» qui est ressorti des tiroirs.

Samar Smati