La subvention des produits alimentaires coûte 300 milliards de dinars

La subvention des produits alimentaires coûte 300 milliards de dinars

Kamel Hamzi, Maghreb Emergent, 12 Avril 2011

La subvention des produits alimentaire coûte 300 milliards de dinars

Invité de la Radio Chaîne 3, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada a affirmé que l’Etat algérien pourrait ne pas avoir les moyens de continuer à subventionner certains produits alimentaires. Mais en attendant, il annonce que l’Etat soutiendra le prix des légumes secs…

La subvention des produits de première coûte annuellement à l’Etat 300 milliards de dinars. «Il faut engager une réflexion sur cette question car l’Etat algérien pourrait ne pas avoir les moyens prochainement pour subventionner les produits de première nécessité», a averti Mustapha Benbada, ministre du Commerce, invité ce lundi de la radio Chaîne III. Selon le ministre, la défiscalisation de l’importation des matières premières pour les huiles végétales coûtera au trésor public 27 milliards de dinars. «Depuis janvier, nous avons déboursé 3 milliards de dinars pour stabiliser les prix du sucre et de l’huile. Cela coûte cher donc», a-t-il appuyé. Des mesures prises par le gouvernement après les troubles qu’a connus l’Algérie en début janvier 2011 et qui étaient «justifiées» par la hausse des prix de l’huile et du sucre sur le marché local. Les prix de ces deux produits seront désormais soutenus par l’Etat sur une longue période. Le plafonnement des prix de l’huile et du sucre était pourtant prévu pour prendre fin le 31 août 2011 qui coïncidera avec le dernier jours du Ramadhan, mois sacré marqué par une hausse sensible de la consommation. «En mars, nous avons promulgué un décret pour institutionnaliser la mesure. Les prix du sucre et de l’huile seront fixés. Nous n’allons pas attendre l’échéance du 31 août 2011 pour revoir les mesures déjà prises. La décision est donc définitive et pérenne», a indiqué le ministre.

Les prix des légumes secs seront soutenus

Il a annoncé avoir rencontré les importateurs des légumes secs pour leur demander de ne pas revoir à la hausse les prix de ces produits. «L’Office algérien interprofessionnel des céréales(OAIC) va revenir sur le marché en tant qu’acteur principal et assurer au nom de l’Etat la fonction de régulation du marché pour que les prix soient supportables pour les citoyens», a-t-il précisé. Le cahier de charges qui lie les producteurs de pâtes alimentaires à l’OAIC portera une nouvelle condition obligeant ces transformateurs à consulter les pouvoirs publics avant toute augmentation des prix de vente. Le ministre du Commerce a indiqué que le système de subvention par l’Etat des produits alimentaires doit être revu de sorte à ce que le soutien des prix profite d’abord aux petites bourses. Pour lutter contre la spéculation, il est nécessaire, selon lui, de booster l’appareil de production et de l’accompagner par des réseaux efficaces de distribution. «Il faut avoir des espaces commerciaux organisés et bien managés et des systèmes de contrôle efficaces», a-t-il dit. Il a également annoncé le recrutement de nouveaux agents de contrôle et la création de 95 inspections au niveau national. «Les collectivités locales sont interpellées pour accompagner ce mouvement à travers la création de marchés de proximité et de marchés couverts pour absorber ces phénomènes de spéculation qui alimentent le marché informel», a-t-il appuyé. Benbada a aussi regretté l’absence de marchés de gros qui fonctionnent sur les règles modernes. «Nous sommes en train de revoir le décret sur le marché de gros des fruits et légumes», a-t-il annoncé. Le texte a été envoyé à l’Union général des commerçants et artisans algériens (UGCAA) pour enrichissement. Une nouvelle entreprise publique (EPE) suivra le programme d’investissement dans ce secteur et aura la charge de gérer quatre marchés nationaux et dix marchés régionaux. «Le but est de mettre à la disposition du pays des infrastructures modernes et efficaces et permettre à l’Etat de jouer le rôle de régulation», a-t-il précisé. Durant le second semestre 2011, le conseil de la concurrence (CNC) sera mis en place. Les textes relatifs à ce Conseil vont être débloqués à la fin avril 2011. «La mission de ce Conseil est de prendre des mesures contre les situations de dominance sur le marché. Il n’appartient pas au ministère du Commerce de le faire», a encore affirmé Mustapha Benbada. Un opérateur économique est considéré comme dominant lorsqu’il détient 45 % des parts du marché, selon les textes de loi régissant l’activité commerciale en Algérie.