L’huile sur le feu

Une nouvelle augmentation des prix

L’huile sur le feu

par Salah-Eddine .K, Le Quotidien d’Oran, 26 Août 2007

Le prix de l’huile de table a pris, sournoisement, ces jours-ci la trajectoire de celui de la pomme de terre pour frôler la barre des 600 dinars le bidon de cinq litres. Une augmentation qui intervient à moins d’un mois du Ramadhan.

En l’espace d’à peine deux mois, l’huile de table a enregistré trois augmentations successives, dont la dernière est intervenue la fin de la semaine écoulée.

Comme pour s’aligner sur ceux de nombreux produits, dont ceux de large consommation qui ont connu de fortes augmentations, le prix de l’huile de table est ainsi passé de 550 à 590 dinars les cinq litres. Tout dépend, nous dit-on au marché, de la marge de bénéfice que tient à arracher le détaillant. « Chacun majore le prix de vente à sa manière; il ajoute parfois de 20 à 30 dinars et même plus », nous dit cet épicier sur la rue Didouche. Il reconnaîtra cependant qu’il n’est pas au courant des dernières augmentations de l’huile parce qu’il n’a pas encore renouvelé son stock auprès des grossistes. Il prendra du coup son téléphone pour s’enquérir de l’état des choses. Il entrera en contact avec le dépôt de Cevital situé à Dar El-Beida. Son interlocuteur lui confirme « la nouvelle ». L’huile a effectivement augmenté en quelques jours de près de 140 dinars.

Si les marges des détaillants peuvent varier aussi amplement, c’est que le prix à la production est très élevé. C’est ce qui nous est affirmé auprès de Cevital. « Nous considérons que l’huile est vendue cher, mais il faut savoir que les prix sur les marchés mondiaux ont augmenté; le prix de la matière première reste donc élevé », nous dit notre source au niveau des services de Isaâd Rabrab. « Si les prix des matières premières ont pris l’ascenseur, c’est évident que ceux à la consommation le prennent aussi », ajoute notre interlocuteur. Ce dernier insistera beaucoup sur la TVA qui, estime-t-il, est exorbitante. « La TVA sur l’huile est de 17%. Vous rendez-vous compte, alors que dans les autres pays elle est abordable ! », dit-il. Un épicier activant en plein coeur de la capitale déclare: « J’avais à la même période de l’année dernière un chiffre d’affaires oscillant entre 6 et 7 millions; aujourd’hui, il atteint à peine 3 millions, les gens n’achètent plus comme avant, du moins ils ont fortement réduit la quantité des produits dans leur panier», explique-t-il. A Cevital, on veut faire savoir que les producteurs d’ailleurs bénéficient d’une marge importante, « c’est pour cela qu’en cas de flambée des prix sur les marchés mondiaux, ils ont la latitude de jouer sur ces marges et éviter ainsi de faire répercuter les hausses au niveau des marchés sur le prix à la consommation ». En tout état de cause, en cette importante crise qui secoue les marchés locaux, comme le disent nos économistes, « nous sommes le seul pays qui ne sait pas faire dans les anticipations à même de pouvoir y faire face sans faire payer le consommateur ». Il faut croire qu’en l’absence de l’Etat régulateur, tout « est permis », nous dit un consommateur. L’on ne manque pas de noter que l’Etat se déplace « sans gêne d’une situation de monopole à une autre ». L’ENCG, entreprise nationale publique qui était seule à produire les corps gras, a été privatisée, sans pour autant pouvoir bénéficier de plans de charge susceptibles de concurrencer un marché en pleine folie. Et actuellement, le plus gros producteur d’huile dans le pays est sans conteste Cevital.

L’absence de l’Etat régulateur est presque prouvé par le ministère du Commerce, qui soutient que « l’Etat n’a pas d’instruments de régulation. Nous sommes réduits à observer la disponibilité des offres et d’attirer l’attention sur uniquement d’éventuels emballements des prix ». Un de ses cadres nous explique que « pour le moment, nous considérons que les augmentions des prix des produits alimentaires, en dehors de la pomme de terre, obéissent aux augmentations de leurs prix à la tonne sur les marchés mondiaux ». Il estime simplement qu’il « fallait s’attendre au retour de manivelle de l’emballement du prix de pétrole ».

Pour de nombreux consommateurs, cette nouvelle hausse n’augure rien de bon pour le mois de Ramadhan, qui connaît une augmentation de la consommation de ce produit.