Les prix flambent

Les marchés à la veille de l’Aïd

Les prix flambent

par Salah C. Et T. Mansour, Le Quotidien d’Oran, 17 décembre 2007

Après le coup de massue de l’achat du mouton de l’Aïd El-Kebir, les petites bourses doivent faire face à une hausse sensible des prix des fruits et légumes et de tous les autres produits de consommation, et ce,à 2 jours de la fête du sacrifice.

Hier, à Oran, à la rue des Aurès, un marché connu pour être l’un des marchés où les prix sont relativement raisonables, les ménagères étaient unanimes à dire que, depuis samedi, la mercuriale a connu une hausse très conséquente. Jugez-en : 50 à 60 DA le kilo de salade verte, 40 DA pour les navets et les carottes, 60 DA pour la tomate, 30 DA pour les fenouils, 60 pour le céleri, entre 40 et 50 pour la pomme de terre et 35 DA pour l’oignon sont les tarifs affichés par les marchands vers la mi-journée. Pour les primeurs, les petits pois sont cédés à raison de 140 DA le kilo, les haricots verts et les poivrons à 140 et la courgette à 100 DA. La palme revient au piment qui est taxé à 180 DA. Si la demande de ces derniers n’est pas importante, car considérés comme des légumes de luxe, du moins pour cette époque de l’année, la pomme de terre demeure incontournable et doit orner le couffin de la ménagère. Toutefois, 40 à 50 DA le kilo est une exagération et reflète encore une fois le poids des spéculateurs à maintenir ce niveau de prix, garantissant un profit optimal. Pourtant, un des responsables du ministère de l’Agriculture chargé de la régulation et du développement agricole déclarait samedi sur les ondes de la Chaîne Trois que les prix pratiqués se situent entre 25 et 30 DA, en raison de l’arrivée sur le marché de pas moins de 130.000 tonnes de pomme de terre d’arrière-saison et que les prévisions de production font état de 650.000 tonnes. Sur cette base, une stabilité des prix à la consommation du légume est envisagée. Mais cette lecture ne semble pas prendre en considération le manque de régulation du circuit de commercialisation qui reste sous l’emprise des spéculateurs qui, de par leur parfaite connaissance du créneau, feront douter les plus éminents économistes qui continuent de mettre en avant le principe de l’offre et de la demande.

Pour ce qui est des fruits, la clémentine et l’orange mènent un coude-à-coude et la qualité supérieure n’est pas encore descendue sous la barre des 80 DA. A noter que ce prix est supérieur de 20 DA chez les marchands de fruits des quartiers. L’orange de petit calibre est, quant à elle, vendue entre 50 et 60 DA le kilo. Quant aux bananes, elles se font de plus en plus désirées avec un prix qui culmine jusqu’à 120 DA, après avoir descendu jusqu’à 80 DA. Les pommes de bonne qualité sont passées, comme par enchantement, de 140 à 160, voire 180 DA. Enfin, les dattes varient entre 250 et 300 DA.

Par ailleurs, le prix de la viande ovine tourne autour des 650 et 700 DA le kilo et certains chefs de famille qui se trouvent dans l’incapacité d’acheter le mouton de l’Aïd font déjà leurs calculs pour offrir quelques kilos à leur famille. Dans les autres régions du centre ou de l’est du pays, la même tendance à la hausse est relevée. Celle-ci est notable notamment à Blida où des problèmes d’approvisionnement et de cherté sont perceptibles à partir du week-end dernier. En effet, il est devenu difficile de trouver une baguette de pain à partir de 17 heures, ce qui n’est pas arrivé depuis plusieurs années et même en plein mois de Ramadan. Les retardataires sont obligés de faire tous les revendeurs des villes pour se rabattre sur «Khobz Ettadjine», à 30 ou 35 DA/pièce. La plupart justifient cette rareté par le départ des employés des boulangeries vers leurs lieux de résidence, souvent à l’Est du pays (Jijel surtout, Sétif ou encore Tizi-Ouzou et Béjaïa). Les patrons se retrouvent donc avec de simples apprentis qui ne peuvent satisfaire la demande. Cependant, en plus de la rareté de certaines marchandises, les prix prennent l’ascenseur. Nous ne parlons pas seulement de la courgette qui est passée de 50 à 100 DA et 120 DA le kilo en une semaine, mais aussi de la tomate qui coûte 70 DA, la salade laitue vendue à 60 DA, les carottes à 50 DA, la pomme de terre qui est revenue à de meilleurs sentiments à 30 DA. Mais l’heure est à la viande ovine. Des bouchers, sentant la bonne affaire, ont revu à la hausse leurs prix, particulièrement des abats de moutons. Ainsi, une tête de mouton qui ne dépasse pas les 350 DA en temps normal est cédée durant ces jours entre 900 et 1.400 DA, selon la taille, ainsi que la panse qui est cédée entre 1.800 et 2.500 DA, vous obligeant ainsi à prendre le foie avec. Outre ces produits, l’huile, le sucre, le lait en poudre, les pois chiches, les produits laitiers, la semoule, la farine, et pratiquement toute l’épicerie a vu ses prix augmenter encore à l’approche de l’Aïd. La même explication de rareté et d’augmentation des cours mondiaux est donnée pour cela, sans que personne n’arrive à trouver une réponse officielle, sauf que «nous sommes dans une économie de marché et que les prix obéissent à la loi de l’offre et de la demande».