Les agriculteurs veulent vendre directement au consommateur

Pour le mois de Ramadhan

Les agriculteurs veulent vendre directement au consommateur

par M. Aziza, Le Quotidien d’Oran, 27 juillet 2009

Les prix des légumes connaissent déjà une flambée. Et les spéculateurs sont déjà de la partie à l’approche du mois de Ramadhan. Le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui, revendique au nom des agriculteurs «des marchés qui seront gérés directement par des fellahs professionnels, des marchés conçus spécialement pour le mois sacré». Pour le SG de l’UNPA, ce genre de marchés va certainement contribuer à la régulation des prix notamment des produits de base, et faussera les calculs des spéculateurs qui ont déjà commencé le stockage en prévision du Ramadhan, pour avoir la mainmise sur le marché.

Pour notre interlocuteur, la création de marchés spécial Ramadhan qui seront gérés par les producteurs de légumes évitera la succession d’intermédiaires. Il faut savoir que le fellah cède, à tire d’exemple, la pomme de terre à 12 DA au mandataire, qui fixe son prix sur le marché. Le mandataire est sollicité par une tierce personne qui rachète toute la production et fixe à son tour des prix le plus souvent exorbitants. «La pomme de terre est cédée par le fellah à 12 DA pour être vendue aux consommateurs à 45 et 50 DA le kilo». Alioui estime que l’ouverture de marchés spécial Ramadhan, loin des mandataires et des commerçants qui sont souvent derrière la flambée des prix, assurera plus de gain aux fellahs et protégera les consommateurs de la folie de certains spéculateurs.

Prenant la défense des agriculteurs, le secrétaire général s’est dit contre le fait que le mandataire et le commerçant gagnent le triple de ce que gagne le fellah, alors que le travail dur est accompli par ce dernier, et ce, durant toute une saison. Telle est la deuxième revendication de l’Union nationale des paysans algériens après celle de l’effacement des dettes des agriculteurs, déjà acquis. Pour ce dernier point, pas plus tard qu’avant-hier, les représentants des agriculteurs, à savoir l’UNPA, se sont réunis avec le premier responsable du ministère des Finances, Karim Djoudi, pour finaliser la question de l’effacement des dettes qui paralysent les agriculteurs. Le SG de l’UNPA a confirmé l’entrée en vigueur, dès hier dimanche, de la décision du président de la République portant l’effacement des dettes des agriculteurs qui s’élèvent à 41 milliards de DA. «Une décision qui a été annoncée par le président Bouteflika le 28 février dernier», a-t-il précisé.

Mohamed Alioui souligne que l’ensemble des dossiers qui ont été étudiés ont été acceptés. «Je souligne que les fellahs concernés par l’effacement des dettes sont des agriculteurs professionnels et qu’il n’y a pas parmi eux des commerçants ou des mandataires». En matière de chiffres, le secrétaire général de l’union précise que le nombre des agriculteurs concernés est de l’ordre de 175.000: 50.000 sont endettés auprès de la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA) et 125.000 autres sont redevables d’une dette de 22 milliards auprès de la Badr. Mohamed Alioui a tenu à rappeler que les dettes accumulées des agriculteurs sont celles en relation avec le terrorisme et la sécheresse. Le secrétaire général de l’UNPA a enfin appelé tous les agriculteurs concernés à se diriger vers leur banque pour obtenir une attestation portant effacement de leur dette.