L’Algérie veut sa part du gâteau en Méditerranée

Pêche, hydrocarbures…

L’Algérie veut sa part du gâteau en Méditerranée

Liberté, 3 avril 2018

L’Algérie vient d’instituer, par voie de décret présidentiel paru, le 1er avril, au Journal officiel, une zone économique exclusive (ZEE) au large de ses côtes. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Le pays veut, et c’est légitime, sa part dans l’activité économique en Méditerranée, notamment en matière halieutique et d’hydrocarbures, deux secteurs où l’intégration régionale devrait servir de catalyseur pour les projets d’investissement.
L’Algérie aura dans le cadre de la ZEE la latitude de développer encore plus la pêche en Méditerranée, et d’y engager, si elle le souhaite, des opérations d’exploration et d’exploitation pétrolières et gazières. Évidemment, Sonatrach ne vas pas tarder à s’engouffrer dans la brèche ainsi ouverte. Du reste, son P-DG, Abdelmoumen Ould Kaddour, a annoncé, il y a quelques jours, que les projets de forage en offshore au large des deux villes côtières algériennes, allusion faite ici, à Béjaïa et à Oran, sont au stade d’évaluation des données sismiques. “Avec nos partenaires, a-t-il dit, nous sommes en train de les évaluer, en précisant qu’à partir des résultats de l’étude de ces données, un programme sera tracé pour continuer l’évaluation en vue de chercher d’autres données et passer, enfin, au forage”.
Selon Ould Kaddour, Anadarko (États-Unis), Total (France), ENI (Italie) et Statoil (Norvège) sont intéressés à se joindre à Sonatrach pour pouvoir développer l’activité du forage en offshore en Algérie. De fait, la compagnie nationale des hydrocarbures pourra prendre ses aises et opérer dans des eaux territoriales clairement délimitées en vertu du décret dont il s’agit.
Celui-ci permet à l’Algérie d’asseoir sa souveraineté et sa juridiction conformément aux dispositions de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, notamment sa partie V.
La ZEE en question concerne l’espace maritime allant de la zone frontalière du Maroc, à l’ouest de l’Algérie, jusqu’à la zone frontalière de la Tunisie, à l’est du pays. D’après le droit de la mer, une ZEE est un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources. Elle s’étend depuis la ligne de base de l’État jusqu’à 200 milles marins (environ 370 km) de ses côtes au maximum. Au-delà, il s’agit des eaux internationales, précise le décret. Il y est toutefois précisé que les limites extérieures de la ZEE peuvent, le cas échéant, être modifiées dans “le cadre d’accords bilatéraux avec les États dont les côtes sont adjacentes ou qui font face aux côtes algériennes, conformément aux dispositions de l’article 74 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982”.
Les limites extérieures de la ZEE algérienne, calculées à partir des lignes de base définies par le décret d’août 1984, sont précisées par les coordonnées exprimées dans le système géodésique mondial (WGS 84), ajoute le décret.

Youcef Salami