L’Algérie dit non à l’OMC

Importation d’anciens véhicules et tarifS du gaz

L’Algérie dit non à l’OMC

El Watan, 20 décembre 2008

L’Algérie ne se pliera pas aux conditions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant le tarif du gaz et l’importation des véhicules de moins de trois ans. Il n’est pas question que les négociateurs algériens fassent des concessions sur ces deux aspects.

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a soutenu jeudi devant les députés à l’Assemblée populaire nationale (APN) que les pouvoirs publics ne céderont pas d’un iota sans pour autant remettre en cause les ambitions de l’Algérie pour devenir membre de l’OMC. « L’Algérie n’est pas une île coupée du monde », a-t-il commenté. M. Ouyahia fait, entre autres, allusion à la mesure relative à l’interdiction d’importation des véhicules de moins de trois ans considérée au niveau de l’Organisation, qui régule le commerce mondial, comme étant un obstacle à l’importation.

L’Algérie a également été épinglée sur la question du différentiel dans le prix du gaz entre le marché interne et le marché externe. Il est peu probable que l’Algérie emboîte le pas à l’Arabie Saoudite qui avait créé un précédent en rapprochant les prix du gaz du marché interne de ceux externes afin de devenir membre de l’OMC, compliquant ainsi les négociations pour l’Algérie. Le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait expliqué dans des déclarations à la presse que rien ne justifie une telle mesure du moment que le prix du gaz sur le marché national comprenait tous les coûts (production, développement, transport…) et est déterminé par la loi sur les hydrocarbures laquelle « prévoit aussi une marge de rentabilité raisonnable ».

Le coordonnateur de l’équipe de négociations pour l’accession de l’Algérie à l’OMC, Cherif Zaâf, avait abondé dans le même sens il y a quelques mois, déclarant qu’en réalité rien n’ impose à l’Algérie d’accepter ce que lui demandent les membres de l’OMC. Il a relevé que les négociateurs algériens ont misé sur la transparence en donnant des explications détaillées sur la question de la structuration des tarifs sur le plan interne pour les différents utilisateurs (ménages, PME, artisans, commerçants, industries). « Nous avons donné la preuve mathématiquement que le prix sur le marché intérieur couvre largement les éléments sur les coûts de production. On a donné suffisamment de preuves et de chiffres à tous les membres du groupe de travail. Donc, il n’y a pas d’ambiguïté », avait-il assuré.

L’Algérie qui s’appuie sur des analyses comparatives a mis également en avant le fait qu’il n’existe pas un prix de référence du gaz pour expliquer sa position. « Il y a des questions comme ça qui sont difficiles et pour lesquelles il y aura en fin de parcours une proposition que nous dégagerons en relation avec les autorités gouvernementales et que nous présenterons au Parlement pour une décision politique », avait affirmé encore M. Zaâf, jetant ainsi la balle du côté du gouvernement. Ce dernier a donc tranché si l’on tient compte des déclarations du Premier ministre. Le message de celui-ci devant les parlementaires est clair : l’Algérie veut accéder à l’OMC mais pas à n’importe quel prix.

Par Nora Boudedja