La Coface maintient la notation de l’Algérie en A4

Malgré une situation financière extérieure solide

La Coface maintient la notation de l’Algérie en A4

El Watan, 19 janvier 2010

La Coface semble souffler le chaud et le froid, car une telle notation classe l’Algérie dans la liste des pays à la solvabilité moyenne.

La Compagnie française d’assurances pour le commerce extérieur (Coface) a maintenu la notation de l’Algérie en A4 dans son guide « Coface risque-pays 2010 » présenté hier à Paris, cité par l’APS. Cette notation signifie que l’Algérie présente un risque de défaut de paiement encore acceptable. La Coface semble souffler le chaud et le froid, car une telle notation classe l’Algérie dans la liste des pays à la solvabilité moyenne. Elle échappe à peine à la notation B des pays présentant « un environnement économique et politique incertain qui est susceptible d’affecter des comportements de paiement souvent médiocres ». Elle reste tout de même affublée d’un « comportement de paiement souvent assez moyen » qui « pourrait en outre être affecté par un environnement économique et politique qui pourrait se détériorer, la probabilité que cela conduise à un défaut de paiement reste acceptable ».

Pourtant la Coface relève que l’Algérie a « les capacités de résistance à une baisse de revenus pétroliers » ainsi que « la stabilité politique du pays » auxquelles s’ajoute « une croissance soutenue des dépenses publiques ». Seul bémol, cette compagnie note que « la croissance en 2009 a été contrainte par un recul de la production d’hydrocarbures qui a dû s’ajuster à la demande extérieure et aux quotas décidés par l’OPEP ». Elle souligne toutefois que « hors pétrole, en revanche, l’activité a été robuste, notamment dans la construction et les travaux publics soutenus par une politique contra cyclique ». Elle ajoute plus loin que « malgré la diminution des recettes pétrolières, les revenus pétroliers mis en réserves au cours des années précédentes dans le Fonds de régulation des recettes (FRR) ont permis de poursuivre un vaste programme d’investissements publics (infrastructures et habitat). D’excellentes récoltes (de céréales), après une mauvaise campagne 2008, ont également contribué à la croissance ».

Pour la Coface, l’exercice 2010 s’annonce sous de meilleurs auspices avec une consolidation de l’activité hors hydrocarbures qui, selon ses prévisions, « devrait continuer de progresser à un rythme honorable, soutenue par les dépenses publiques » pour lesquelles l’Etat puisera dans les réserves du FRR qui « devraient être suffisantes pour financer ces déficits ». La Coface rappelle que « l’Algérie a par ailleurs un très faible endettement public, ce qui lui donne certaines marges de manœuvre. Malgré la diminution des exportations, la situation financière extérieure reste solide. Une politique active de désendettement extérieur, par l’interdiction faite aux entreprises d’emprunter à l’étranger et par le remboursement anticipé de la dette rééchelonnée, a ramené les ratios à des niveaux très faibles ». Ainsi donc, malgré ces nombreux bons points, cet assureur crédit doute encore des capacités de paiement de l’Algérie, et ce, malgré ses réserves de change dont le montant a atteint les 146 milliards de dollars représentant l’équivalent de trois années d’importations.

Par Nora Boudedja


Niveau B pour l’environnement des affaires

Lors de son 14e Colloque risque pays qui s’est tenu hier au Carousel du Louvre, à Paris, la Coface a rendu publique pour 156 pays, dont l’Algérie, sa notation 2010. Si l’Algérie se maintient au niveau A4 pour le risque pays (considéré comme étant un bon niveau), l’environnement des affaires est classé au niveau B, celui-ci étant pénalisé par la nouvelle mesure législative algérienne sur les importations du 26 juillet 2009.

Paris. De notre correspondante

L’article 69 de la loi de finances complémentaire prévoit que le paiement des importations de biens d’une valeur supérieure à 100 000 DA, initiées par les opérateurs économiques de droit privé, s’effectue obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire. Le classement A4 risque pays de l’Algérie résulte plus de données macro-économiques que de l’environnement des affaires, qui est moyen. Dans le classement en B de l’Algérie pour l’environnement des affaires, la Coface a pris en compte ces dispositions législatives restrictives qui ne sont pas considérées comme un signe positif de libéralisation de l’économie algérienne. La réforme du système bancaire est toujours attendue. Il est à préciser que la notation pays Coface ne concerne pas la dette souveraine d’un pays ; elle donne une indication du niveau de risque moyen présent. Pour l’Algérie, il est estimé comme étant un « assez bon risque ».

La Coface signale que la notation pays @rating indique le niveau de risque moyen présenté par les entreprises d’un pays dans le cadre de leurs transactions commerciales à court terme. Elle mesure plus précisément comment ces engagements financiers sont influencés par les perspectives économiques, financières et politiques du pays ainsi que par l’environnement des affaires. Cette note est élaborée à partir de trois modules : perspectives économiques, politiques et financières du pays (fragilités politiques, vulnérabilité de la conjoncture, risque de crise de liquidité en devises, surendettement extérieur, vulnérabilité financière de l’Etat et fragilité du secteur bancaire), l’environnement des affaires et l’expérience de paiement sur les entreprises. Ces 3 modules sont combinés pour aboutir à une note synthétique attribuée à chacun des pays suivis. Les notes se situent sur une échelle de 7 niveaux, A1, A2, A3, A4, B, C, D dans l’ordre croissant du risque.

Au niveau A4 du risque pays, la Coface relève que « les perspectives politiques et économiques peuvent être marquées par quelques fragilités. Une relative volatilité de l’environnement des affaires est susceptible d’affecter les comportements de paiement, la probabilité moyenne que cela conduise à un défaut de paiement restant acceptable ». Quant à la la notation de l’environnement des affaires, elle a pour objet d’« évaluer la qualité globale de l’environnement des affaires dans un pays. Elle mesure plus précisément si les comptes des entreprises sont fiables et disponibles, si le système juridique assure une protection équitable et efficace des créanciers et si les institutions du pays constituent un cadre favorable aux transactions interentreprises ». Cette note reprend la même échelle que la note @rating pays dont elle est d’ailleurs un des trois piliers. Ainsi, les notes se situent sur une échelle de 7 niveaux – A1, A2, A3, A4, B, C, D – dans l’ordre décroissant de la qualité de l’environnement des affaires.

En ce qui la concerne, l’Algérie se retrouve au niveau B qui se traduit par un environnement des affaires moyen et lorsque « la fiabilité et la disponibilité des bilans d’entreprise sont très variables, le recouvrement de créances est parfois difficile. Les institutions présentent certaines fragilités. Les entreprises évoluent dans un cadre instable ou peu performant. C’est un facteur de risques à prendre en compte pour les transactions interentreprises ». Les points forts de l’économie algérienne sont, selon la Coface, ses importantes réserves de pétrole et de gaz, son faible endettement extérieur et ses confortables réserves officielles de change. Ses faiblesses sont là où se situent ses richesses, c’est-à-dire sa dépendance vis-à-vis des revenus pétroliers, ses politiques restrictives à l’égard des investissements directs étrangers pénalisant les perspectives de développement du pays, le taux de chômage élevé des jeunes et la fragilité de l’environnement des affaires.

Par Nadjia Bouzeghrane