«Moumène Khalifa sera en Algérie avant le 31 décembre si…»

Retour en Algérie de Brahim Hadjas et extradition annoncée de Moumène Khalifa

Un deal pour clore ces affaires ?

Le Soir d’Algérie, 18 décembre 2013

Le patron du défunt groupe Khalifa, Rafik Abdelmoumène Khalifa, condamné par contumace à perpétuité dans le procès Khalifa Bank, devrait être extradé d’Angleterre où il est détenu, a annoncé lundi le ministère britannique de l’Intérieur. Vendredi dernier, Brahim Hadjas, le patron de l’aussi défunte Union Bank, est rentré au pays, après dix années de cavale et de refuge au Maroc et au Canada, pour assainir sa situation vis-à-vis de la justice qui l’a condamné par contumace à plusieurs peines. Aurait-il eu quelques assurances que l’on pourrait extrapoler pour le cas Khalifa ?

Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir)
Coup sur coup, ce sont, donc, deux magnats du business, poursuivis et condamnés pour banqueroutes et fuites de capitaux, qui se retrouveront entre les mains de la justice de leur pays.
Condamné par contumace par le tribunal criminel de Blida en 2007, lors d’un procès retentissant qui a tenu en haleine l’opinion nationale, Abdelmoumène Khalifa aura épuisé tous les recours légaux que lui confère la loi britannique pour échapper à la mesure d’extradition vers l’Algérie, conformément à la demande formulée par la justice algérienne.
Dans sa note d’information, le ministère de l’Intérieur britannique a en effet indiqué que «M. Khalifa s’est vu refuser d’interjeter appel devant la Cour suprême le 3 décembre. Il va être extradé dans les 28 jours suivant cette décision».
L’extradition du golden boy algérien devient donc inéluctable, à moins que, dans l’intervalle, Abdelmoumène Khalifa n’explore d’autres voies de recours. Et en la matière, il lui reste de plaider sa cause auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme.
Une possibilité d’ailleurs évoquée hier par le ministre algérien de la Justice, Tayeb Louh. Seulement un tel recours n’est pas gage de salut pour Khalifa, tant est que la Cour européenne des droits de l’Homme devra statuer non point sur les aspects relatifs aux décisions rendues par la justice britannique mais sur les conditions de sécurité et de procès équitable de l’extradé.
Or, l’on suppose que les juridictions britanniques, qui ont eu à examiner les garanties données par la justice algérienne en accompagnement de la demande d’extradition, ont estimé que les conditions d’un procès équitable étaient réunies.
Alger aurait assurément fourni des assurances aux autorités judiciaires britanniques qui, pendant longtemps, étaient restées réticentes sur l’extradition d’Abdelmoumène Khalifa, arrêté en 2007 à Londres où il s’était réfugié en 2003. Des assurances liées à la garantie d’un procès équitable.
Le procès en appel dans l’affaire Khalifa Bank devait s’ouvrir le 2 avril dernier devant la cour de Blida, mais il a été reporté à une date non encore déterminée. Sauf s’il parvient à s’éviter une extradition, Abdelmoumène Khalifa comparaîtra, donc, à la barre en tant que principal accusé dans l’affaire Khalifa Bank.
L’opinion, restée sur sa faim lors du premier procès, attend avec impatience ce que Khalifa plaidera pour sa défense. Elle guette des révélations dans cette affaire qui n’a toujours pas livré l’entièreté de ses secrets. Mais Abdelmoumène Khalifa osera-t-il secouer le cocotier ? Ce risque est-il appréhendé ? Autant de questions qui ne peuvent trouver des réponses immédiates.
Comme celles, d’ailleurs, relatives à l’attitude de Brahim Hadjas qui a décidé de se mettre à la disposition de la justice, après une fuite qui aura duré dix années entières.
Les craintes qui lui avaient dicté de prendre la poudre d’escampette ont-elles disparu ? Comment ? Qui en donne les assurances ?
S. A. I.

 


 

TAYEB LOUH L’A SOUTENU HIER

«Moumène Khalifa sera en Algérie avant le 31 décembre si…»

Le Soir d’Algérie, 18 décembre 2013

Le ministre de la Justice et garde des Sceaux a promis un procès équitable dans le cadre de l’affaire Khalifa, qui vient de rebondir de manière spectaculaire avec la décision des autorités britanniques de l’extrader avant la fin de l’année en cours.
M. Kebci – Alger (Le Soir)
«Abdelmoumène Khalifa aura un procès équitable dans le cadre de la législation du pays», a en effet soutenu Tayeb Louh au sortir de la séance de vote du projet de loi, amendant et complétant l’ordonnance 156-66 portant code pénal datant du 8 juin 1966, hier à l’APN. Le ministre a soutenu que Moumène Khalifa a «épuisé toutes les voies de recours introduites auprès de la justice britannique, dont la dernière remontant au 3 décembre dernier quand il s’est vu refuser d’interjeter appel devant la Cour suprême», a-t-il affirmé. D’où son extradition en Algérie qui ne saurait «aller au-delà du 31 décembre prochain», reprenant presque mot à mot le communiqué de la veille du ministère britannique de l’Intérieur.
A moins que, a poursuivi le ministre, le concerné, soit Khalifa, «ne dépose un recours auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme» qui n’a droit de regard que sur la nature du procès en termes de régularité et de respect des procédures, ne s’immisçant nullement dans la législation du pays.
D’où la précaution prise par Louh, de préciser en tout premier lieu que le procès de Khalifa sera «équitable selon les procédures prévues par les lois du pays». En tout état de cause, et selon Louh, les autorités du pays «suivent de très près ce dossier» et ont, d’ores et déjà, entrepris les «démarches nécessaires à l’accueil de Khalifa».
A noter que le procès en appel, qui avait été reporté le 2 avril pour absence d’accusés et vérification de cas de décès, pourrait être reprogrammé prochainement à la faveur de cette perspective d’extradition.
Le procès de mars 2007 a vu le goldenboy algérien condamné à perpétuité par le tribunal de Blida pour sa responsabilité dans le plus grand scandale financier du pays. Les chefs d’inculpation retenus contre lui sont «association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux» dans l’affaire de la faillite de Khalifa Bank. Et les déboires de Moumène Khalifa s’étendent même en France où il est poursuivi pour «banqueroute et détournement». D’ailleurs, le procès y afférent devrait avoir lieu du 2 au 20 juin prochain. Pour revenir au projet de loi amendant et complétant l’ordonnance 156-66 portant code pénal, il a été adopté à la majorité des députés présents, la moitié, avec, il faut le préciser, l’abstention des groupes parlementaires de l’Alliance de l’Algérie Verte et du PT, les parlementaires du FFS ayant brillé par leur absence à l’hémicycle Zighoud-Youcef.
Un amendement visant, selon le ministre de la Justice et garde des Sceaux, à faire face au phénomène du kidnapping des enfants, qui a ébranlé ces derniers temps la société algérienne avec le durcissement de la législation en la matière. Et pas que cela puisqu’il est aussi question d’une lutte sans merci contre la mendicité dont sont victimes les enfants, utilisés par les adultes dans cet autre fléau. Aussi, ce projet de loi élargit la législation en matière de lutte contre le terrorisme désormais transfrontière puisqu’il englobe bien des crimes avec les sanctions y afférentes, comme les détournements d’avions, l’usage de certaines matières chimiques dans les attentats à l’explosif, etc.
M. K.