Sonatrach veut «internationaliser» ses activités

LE DEPLOIEMENT DE LA SOCIETE SERA RENFORCE

Sonatrach veut «internationaliser» ses activités

Le Quotidien d’Oran, 13 décembre 2003

Sonatrach qui fête, ces jours-ci, son 40ème anniversaire, est fermement décidée à renforcer son ancrage au niveau international. C’est ce qui se dégage de l’entretien accordé par son P-DG Mohamed Meziane au bimensuel économique «Ecofinance». «Ce 40ème anniversaire de Sonatrach, je le vois comme un pas plus marqué de l’internationalisation des activités de l’entreprise». Le patron du groupe Sonatrach ne s’est pas trop étalé sur le sens de cette internationalisation. «Nous venons de signer six contrats avec six cabinets et mettre en place une structure d’audit interne», a ajouté M. Meziane. Il s’exprimera sur le but escompté par le recours à des cabinets dont les noms n’ont pas été avancés en disant: «il s’agit de renforcer l’esprit de transparence dans tous les actes». Ce souci de transparence laisse supposer que le groupe Sonatrach s’oriente vers une filialisation de ses propres activités. Pour rappel, ce groupe a créé en juillet 1999, Sonatrach International Corporation (SIHC), déjà présent au Yémen, au Venezuela, au Pérou et en Espagne. Au Pérou, SIHC a engagé presque 100 millions de dollars U$ dans le projet de construction de 2 canalisations de 540 km et 714 km. En Espagne, la SIHC, en partenariat avec la «Basf» et «Propanchen» dans le projet de réalisation et d’exploitation d’une entreprise de propylène à Tarragone. SIHC est engagé dans d’autres projets en Europe et en Afrique.

Dans le même entretien, le patron de Sonatrach n’exclut pas le déploiement de son groupe en Irak. Dans ce sens, il dira «si nous y trouvons des partenaires sérieux (…), s’il y a échange fructueux d’expériences avec une rentabilité qui nous convient, nous sommes partants». Or, il ne peut y avoir partenariat qu’avec les Américains, devenus au fil des années, un client traditionnel de Sonatrach. Dès la fin de la guerre contre l’Irak, les Américains, en protégeant les puits pétrolifères et le ministère du pétrole, ont signifié au reste du monde qu’ils veulent faire du pétrole irakien leur chasse gardée.

Concernant la loi sur les hydrocarbures, projet de loi qui avait été rejeté avant même d’être endossé par le gouvernement dirigé par Ali Benflis, et qui avait été assimilé à une entreprise de privatisation de Sonatrach, M. Meziane est resté très évasif. Il dira: «nous continuons à travailler, à utiliser tout ce que nous autorisent les textes et l’encadrement juridique actuels pour avancer, élargir nos positions». Mais sa déception de voir ce projet de loi gelé, transparaît clairement quand il lance: «cette loi vise à préparer le secteur des hydrocarbures aux réformes et à la mondialisation».

Une autre question soulevée dans cet entretien concerne «la directive énergétique européenne». Le patron de Sonatrach signalera qu’elle a été arrêtée sans la concertation des exportateurs, y compris l’Algérie. Il révélera que: «des discussions sont en cours et la question des contrats à long terme est réglée». Résumant la position de son groupe concernant l’exigence européenne, il indiquera: «nous acceptons de garantir la sécurité de l’approvisionnement, mais il faut aussi celle de la demande et l’équilibre des relations». Se prononçant sur la situation du marché des hydrocarbures dans un moyen terme, le P-DG de Sonatrach prévoit une offre excédentaire générant une tension. Il estimera que ce sont les pays hors OPEP, notamment la Russie, l’Angola et l’Afghanistan, qui vont inonder le marché pétrolier. Le marché gazier connaîtra, selon ses prévisions, moins de remous mais continuera de subir les conséquences de l’indexation du prix du gaz sur celui du pétrole. S’agissant des perspectives immédiates pour l’Algérie en 2005, il dira: «nous visons une production de 1,5 million de barils de pétrole brut par jour et des exportations de gaz de 67 milliards de m3». Dans le même ordre d’idées, il indique que l’Algérie continuera à revendiquer l’augmentation de son quota au niveau de l’OPEP.

Il est à noter que parallèlement à l’entretien que lui a accordé le patron de Sonatrach, la publication «Ecofinance» a publié un classement des 500 entreprises africaines pour l’année qui s’achève. Avec son chiffre d’affaires de l’ordre de 18,6 milliards de dollars U$ (équivalent au PIB de la Tunisie), Sonatrach vient en tête, très loin devant «Old Mutual», une entreprise d’assurance sud-africaine. Quant aux investissements du groupe Sonatrach, ils sont de l’ordre de 3,5 milliards par an estime le magazine.

Ziad Salah