“ Du pétrole en Algérie uniquement pour 16 ans”

Revue statistique de British Petroleum

“ Du pétrole en Algérie uniquement pour 16 ans”

Par Ryad Nasrou , Liberté, 12 septembre 2004

Notre pays sera un importateur net de brut à partir de 2020.
Dans la Revue statistique sur l’énergie dans le monde daté de juin 2004 de British Petroleum, compagnie pétrolière N° 3 à l’échelle de la planète, le groupe anglo-américain réputé pour ses analyses et ses données chiffrées sur le secteur indique que la durée de vie des réserves pétrolières de l’Algérie n’est que de 16 ans. De façon plus précise, les réserves prouvées de brut du pays sont, à fin 2003, de 11,3 milliards de barils, soit environ 1, 6 milliard de tonnes. Elles représentent 1% des réserves mondiales. L’Algérie a produit en 2003 pour 1,8 million de barils/ jour de liquides. Rapportée au niveau d’extraction du pays, la durée des réserves n’est que de 16 ans. Ce qui veut dire, nous semble t-il, — si entre-temps, il n’y a pas eu de découvertes significatives ou de réévaluations à la hausse des accumulations de brut dans les gisements —, que l’Algérie sera un importateur net de pétrole à partir de 2020. En comparaison, la durée de vie des réserves de pétrole du Nigeria et de la Libye, respectivement premier et second producteurs de brut en Afrique est de 43 ans et de 66 ans. L’Angola risque de ravir à l’Algérie sa place de troisième producteur dans le continent. Bien qu’aujourd’hui, ses réserves prouvées soient seulement de 8,9 milliards de barils et une production de 885 000 barils/jour, leur durée de vie est de 27 ans. Avec les successives découvertes enregistrées dans le golfe de Guinée, ces chiffres seront sans doute revus à la hausse au cours des prochaines années. En comparaison avec les pays du Golfe et d’autres pays grands producteurs de brut, les ressources de l’Algérie s’avèrent très modestes. La durée de vie des réserves est de 73 ans pour l’Arabie Saoudite, de 92 ans pour l’Iran. Elle est de 71 ans pour le Venezuela, 22 ans pour la Russie et le Kazakhstan.
En revanche, les ressources gazières de l’Algérie sont beaucoup plus importantes. Ses réserves prouvées sont à fin 2003 de 4 520 milliards de m3, soit 2,6 % des réserves mondiales. Leur durée de vie indique British Petroleum est de 54 ans. Les réserves de gaz de l’Algérie sont classées septième au monde. Sa production, de 82 milliards de mètres cubes en 2003, place le pays au cinquième rang à l’échelle de la planète.
En résumé, l’Algérie est un pays beaucoup plus gazier que pétrolier. Et ces chiffres invitent de façon urgente à réfléchir, dès aujourd’hui, sur l’après-pétrole et à une véritable industrie de biens et services de substitution aux hydrocarbures, à mettre en place d’ici à 2020.

N. R.

 

Hydrocarbures : résultats de l’exploration depuis l’indépendance

3,7 milliards de tonnes découvertes

Par Ryad Nasrou Liberté, 12 septembre 2004

Dans un article intitulé “Historique et évolution de l’exploration en Algérie” dans la revue L’Explorateur de la division exploration de Sonatrach datée de juillet 2004, M. Malla, président du comité de rédaction du périodique, retrace les efforts accomplis depuis l’indépendance.
Dans l’introduction, figure la genèse de l’activité exploration en Algérie. “C’est à la fin des années 1890, dans le bassin du Cheliff, lit-on, que les travaux d’exploration ont commencé au nord de l’Algérie. Les premiers puits, peu profonds, forés dans la région, ont montré des indices de présence de pétrole. Mais la première découverte commerciale a eu lieu en 1948 à Oued Gueterini à 150 kilomètres au sud d’Alger. Durant la période 1946-1952, sous domination française, les premiers travaux d’exploration ont commencé au Sahara, engagés par les sociétés françaises SN Repal, la Cfpa, la Creps et la Rap qui est un consortium composé de Shell, Brp et Sn Repal. Vers les années 50 commence à s’intensifier l’effort d’exploration au Sud-Est et au Sud-Ouest. On enregistre plusieurs découvertes d’huile et de gaz. De 1953 à 1956, sont réalisées d’importantes découvertes, dont la première au Sahara est celle de djebel Bergua dans le bassin de l’Ahnet en 1953. La première commerciale est celle d’Edjeleh au Sud-Est. L’année 1956, l’Algérie étant sous occupation française et menant une héroïque guerre de libération, assiste aux plus importantes découvertes en gaz.
En 1956, le gisement d’huile de Hassi Messaoud est mis en évidence. Il a des réserves en place évaluées à 7 milliards de tonnes. En septembre 56, c’est au tour de Hassi R’mel d’être découvert avec des réserves de gaz de 3 300 milliards de m3. Ce sont les plus gros gisements d’Algérie. Ils comptent parmi les plus importants champs dans le monde.
De 1957 à 1962, l’exploration s’étend au Sud-Est au bassin d’Illizi. Une dizaine de gisements y sont découverts : Tiguentourine, El-Adeb Larach, In Amenas, Zarzaitine, la Reculée, Ohanet, In Akamil, Timadanet… Elle s’étendit aux pourtours de Hassi Messaoud où sont mis en évidence les gisements d’El-Gassi, Hamra, Gassi Touil, Rhourde Nouss et Rhourde El-Baguel. Au Sud-Ouest, le bassin de l’Ahnet–Gourara qu’on découvre le maximum de gisements de gaz dont les principaux sont Djebel Berga, Tirechoumines, Tineldjane, Kréchba, In Salah.
Au cours de la période post-indépendance s’étendant de 1963 à 1970, le fait majeur est la création en 1963 de la Sonatrach, avec pour objectif au départ la gestion d’accords et de concessions résultant des accords d’Évian. Mais en 1966, les missions de la Sonatrach ont été élargies avec la signature de nouveaux accords entre l’Algérie et les autorités françaises avec la rentrée d’associations coopératives (Ascoop) pour l’exploration, l’exploitation et la commercialisation des hydrocarbures dont l’objectif est de contrôler les activités pétrolières depuis l’amont jusqu’à l’aval, y compris la commercialisation. Durant cette période, plus de 200 puits d’exploration ont été forés, avec seulement 33 découvertes qui ont mis en évidence des réserves de 1 milliard de tonnes équivalent pétrole (Tep) La période 1971-1985 est marquée par les nationalisations. L’exploration reste localisée surtout autour des gisements déjà découverts. Durant la période, environ 360 puits ont été forés. Sonatrach a enregistré 84 découvertes ne représentant qu’un volume de réserves de 700 millions de Tep. Les résultats sont considérés comme modestes, en rapport avec la période précédente et l’effort consenti, en raison des faibles moyens disponibles à l’époque mais aussi aux contraintes de l’économie planifiée.
De 1986 à 1991, c’est sous une nouvelle législation qui ouvre le domaine minier au partenariat, que Sonatrach conclut les premiers accords de recherche et d’exploitation avec des compagnies étrangères. En 199I, la loi est amendée ouvrant cette fois- ci les champs de gaz au partenariat. Jusqu’à 2000, c’est l’essor de l’exploration.
En 94 et 95, l’Algérie est classée au premier rang des découvreurs dans le monde. De 1986 à 2000, les associés qui ont contribué à ces découvertes sont Anadarko, Cepsa, Agip, Burlington Ressources, Bhp, Repsol…
Grâce à toutes ces découvertes réalisées par Sonatrach et ses associés et la réévaluation des gisements surtout de Hassi R’mel et Hassi Messaoud, les réserves hydrocarbures ont été maintenues au même niveau que celui de 1971 bien que plus de 3 milliards de Tep aient été produits de 1971 à 2000. De 2000 à 2003, s’intensifie la conclusion de contrats d’exploration 22 accords de partenariat en trois ans. Ainsi, de 1986 à 2004, quelque 70 contrats de prospection, d’exploration et production ont été signés entre Sonatrach et des compagnies étrangères. Plus de 6,7 milliards de dollars ont été investis dont environ 3 milliards de dollars en effort propre avec une moyenne de réalisation annuelle de 14 puits et 6 500 kilomètres de sismique. Ces efforts ont permis de réaliser 132 découvertes dont 64 de Sonatrach et 68 de Sonatrach avec ses associés.
Les volumes découverts atteignent durant cette période plus de 2 milliards de Tep dont 35% en effort propre. Ainsi, de l’indépendance à nos jours, il ya eu la découverte de 3,7 milliards de Tep. Ces mises au jour d’accumulations d’huile et de gaz ainsi que les réévaluations surtout des gisements de Hassi Messaoud et de Hassi R’mel ont permis de maintenir les réserves d’hydrocarbures au niveau de 1971.