Le schiste américain sape les efforts de l’OPEP

Le pétrole au plus bas depuis fin novembre

Le schiste américain sape les efforts de l’OPEP

El Watan, 14 mars 2017

Le retour de la production américaine mine de plus en plus la stratégie de stabilisation de l’offre conduite par l’OPEP et 11 autres pays producteurs, dont la Russie.

La reprise du secteur du schiste américain commence à saper complètement les efforts de réduction de l’offre de pétrole engagés par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en novembre dernier, le brut évoluant désormais à des niveaux jamais vu depuis plus de trois mois. En effet, le retour de la production américaine mine de plus en plus la stratégie de stabilisation de l’offre conduite depuis janvier par l’OPEP, ainsi que 11 autres pays producteurs, dont notamment la Russie.

Au plus haut depuis un an, la production de brut américaine caracole ainsi à quelque 9,1 millions de barils par jour, tandis que le nombre de puits de forage aux Etats-Unis ne cesse de s’accroître, atteignant désormais plus de 600, selon le dernier décompte de la société Baker Hughes. En conséquence, les marchés deviennent de plus en plus frileux et le pétrole a pour ainsi dire effacé d’un coup les gains qu’il avait engrangés à la faveur de l’entrée en vigueur, en janvier dernier, de l’accord de limitation de la production initié par l’OPEP et 11 autres producteurs non OPEP.

Pour la cinquième séance consécutive, les cours du pétrole poursuivaient ainsi leur chute lors de la journée d’hier, plombés par les anticipations d’une hausse encore plus importante de la production américaine. Vers 11h GMT, rapporte l’AFP, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 51,17 dollars sur l’InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en recul de 20 cents par rapport à la clôture de vendredi.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), la référence américaine, le light sweet crude (WTI) pour le contrat d’avril cédait pour sa part 27 cents, pour s’établir à 48,22 dollars le baril. Mercredi dernier, les cours du brut subissaient déjà de sérieux revers suite à l’annonce d’une hausse plus importante que prévue des réserves américaines qui ont ainsi atteint de nouveaux records.

Selon les dernières données publiées par le département américain de l’Energie (DoE), les réserves commerciales américaines de brut ont augmenté de 8,2 millions de barils pour atteindre 528,4 millions de barils, soit la plus forte hausse hebdomadaire jamais vu depuis 1982. La tendance actuelle des prix, «intervient alors que l’entreprise privée Baker Hughes a publié vendredi soir ses données sur les puits actifs aux Etats-Unis, qui ont augmenté pour la huitième semaine consécutive», relève Michael van Dulken, analyste chez Accendo Markets, selon qui ce constat nourrit les craintes d’une hausse de la production américaine qui viendrait compenser les baisses consenties par l’OPEP.

Aussi, notent pour leur part les analystes de Commerzbank, «les données recueillies par sondage sur les niveaux de production font état d’une baisse de l’OPEP, mais il n’y a pas vraiment d’autres éléments qui montrent que l’offre se resserre». Au contraire, ajoutent-ils, «les réserves américaines de brut atteignent de nouveaux records chaque semaine».

Depuis fin décembre, convient-il de rappeler, les cours mondiaux du brut ont amorcé une remontée appréciable, atteignant même des niveaux proches des 60 dollars le baril, sous l’effet des mesures de réduction de la production d’environ 1,8 million de barils/jour, mises en place par l’OPEP et 11 autres pays non membres de cette organisation.

Comme redouté et annoncé dès l’entrée en vigueur de ces décisions de limitation de l’offre, la remontée des cours commence désormais à favoriser une forte reprise du schiste américain, ce qui risque de faire replonger à nouveau les marchés dans leur situation d’avant l’accord de l’OPEP.

Akli Rezouali