OPEP: Les «pressions» américaines

SOMMET DES CHEFS D’ETAT DE L’OPEP

Les «pressions» américaines

L’Expression, 15 Novembre 2007

Les Etats-Unis demandent à l’Opep d’augmenter sa production.

Le secrétaire d’Etat américain à l’Energie, M.Samuel Bodman, pointe du doigt l’Organisation des pays exportateurs de pétrole. «Il y a un manque de volonté d’approvisionner le marché. Et cela contribue à la situation des prix élevés du pétrole», a déclaré le responsable américain. Le ministre algérien de l’Energie et des Mines ainsi que son homologue qatari ont déclaré, à l’unisson, qu’il ne fallait s’attendre à aucune décision de l’Opep concernant l’augmentation de sa production. Le Sommet des chefs d’Etat de l’Opep, qui se tiendra à Riyad les 17 et 18 novembre, aura d’autres préoccupations. Une stratégie commune à mener. Il revêtira donc un caractère politique. «Les chefs d’Etat, lors de ce Sommet, n’auront pas à traiter du marché pétrolier ou des prix du pétrole. Ils s’occuperont de stratégie à long terme», a précisé M.Chakib Khelil, en marge du Congrès mondial de l’énergie qui se tient à Rome et qui prendra fin aujourd’hui. Lui emboîtant le pas, le ministre qatari du Pétrole écarte une éventuelle décision d’augmentation de la production de l’Opep. «C’est une réunion de chefs d’Etat et pas des ministres de l’Energie», a tenu à préciser M.Abdallah Ben Ahmed Al Attiyah. Il va falloir s’attendre à un message fort qui pourrait rassurer les pays producteurs. La priorité du chef de l’Etat algérien, c’est les générations futures. Le pétrole n’étant pas une richesse inépuisable, il faudra donc tout faire pour la préserver. M.Abdelaziz Bouteflika, l’a souvent martelé. Il faudra s’attendre donc à de sérieuses «salves oratoires». Le déluge pourrait provenir d’Hugo Chavez, président du Venezuela et ennemi juré de l’administration Bush. «C’est une tradition de considérer l’Opep comme le démon. Le gouvernement des Etats-Unis, s’en est déjà pris à des pays de l’Opep, en les accusant de manipuler les prix», a tenu à dénoncer le chef de l’Etat vénézuélien. De toute évidence, les sollicitations américaines se font de plus en plus pressantes. L’économie des Etats-Unis d’Amérique s’essouffle et la récente crise des «subprime» n’a rien arrangé. L’Opep, cèdera-t-elle? Le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, M.Abdellah El Badri, a été, on ne peut plus précis. «En ce moment, franchement nous ne voyons pas le besoin de mettre davantage de brut sur le marché», a déclaré hier, lors d’une conférence de presse organisée à Riyad, le secrétaire général de l’Opep. Le prix du baril de l’or noir, qui a frôlé les 100 dollars, pèse fortement sur la demande mondiale. Et ce ne sont ni les conflits ni la rudesse d’un hiver annoncé qui tendront à la stabiliser. L’Opep s’en lave les mains.
«Ce n’est pas de sa faute», a affirmé Hugo Chavez, chef de l’Etat du Venezuela. L’Opep fera-t-elle quand même un geste? La décision finale sera prise le 5 décembre à Abou Dhabi par les ministres des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.

Mohamed TOUATI