Manifestation à In Salah : Des dizaines de blessés, une nouvelle répression

Manifestation à In Salah : Des dizaines de blessés, une nouvelle répression

El Watan, 1 mars 2015

Ils étaient quelque 4 000 manifestants à accéder ce dimanche à la Place Somoud après en avoir été éjectés la veille vers les coups de minuit par les tirs de bombes lacrymogènes.

Apres un samedi violent, la nuit a été très mouvementée avec les forces de l’ordre qui ont réussi à lever le camp dressé depuis deux mois sur la place jouxtant le siège de la daïra d’In Salah. D’impressionnantes images de tentes brulées ont circulé la nuit durant sur les réseaux sociaux dénonçant un excès de violence contre les manifestants, hommes et femmes, qui sont sortis dans la rue en fin d’après-midi demander aux gendarmes et aux policiers de relâcher les détenus de la matinée, chose obtenue vers 16h.

Mais les affrontements entres les agents antiémeutes et les manifestants ne se sont pas estompés pour autant. La confrontation a continué de plus belle tard dans la nuit avec pour seul objectif, une épreuve de force visant à déloger les habitants de la Place Somoud et effacer tous les signes d’une résistance inédite qui aura duré exactement 60 jours.

Ce matin, ils étaient des centaines à se regrouper devant le siège de la daïra. Les manifestants entonnaient en chant patriotique « samidoun lil ghaz sakhri rafidoun » « nous résistons et refusons le gaz de schiste ». Ils manifestaient contre les violences policières, une résistance affichée après les événements de la veille. Des témoins parlent « de bombes lacrymogènes encore plus fortes qui n’ont pas épargné les établissements scolaires, notamment Omar ibn el khettab ou des jets ont atteints les clases ou les enfants essayaient de passer leur premier examen de la journée ».

A l’heure ou nous publions, les affrontements se poursuivent. Des images étonnantes de femmes déplaçant des fardeaux de vinaigre ou brisant des roches pour alimenter Sahat Somoud en cailloux. Le matin, des avions militaires (deux ou trois selon nos sources) ont acheminé les renforts attendus par les autorités locales depuis des jours. Ces renforts ont vite pris position dans les points névralgiques d’In Salah qui vit ses premières émeutes et ou la première confrontation avec les forces antiémeutes laisse beaucoup d’amertume et un regain de mobilisation.

L’étincelle ? Des affirmations officielles qui ont circulé depuis jeudi dernier sur le maintien de la fracturation hydraulique décriée par la population et… de la bouche même du chef de brigade chargé de la protection de la base de vie de Halliburton située à 10km d’In Salah qui aurait crié aux manifestants de samedi matin « Nous sommes là pour protéger ceux qui viendront fracturer le second puits, vous n’y pourrez rien ». Une nouvelle provocation, de nouveaux blessés qui sont soignés à domicile pour éviter d’être repérés par les forces de l’ordre.

Houria Alioua