In Salah : La Place de la Résistance saccagée

In Salah : La Place de la Résistance saccagée

Impact24, 28.02.2015 23:43

In Salah : La Place de la Résistance saccagée Les forces de l’ordre ont saccagé en début de soirée les tentes disposées à Sahet Essoumoud – la Place de la Résistance- lieu de ralliement de la population d’In Salah pour dénoncer l’exploitation du gaz de schiste. La journée de dimanche devrait être très tendue à cause de l’arrivée des engins de fracturation hydraulique d’Halliburton. Par Tarek Hafid
Sahet Essoumoud, le symbole de la résistance des citoyens d’In Salah. Photo: In Salah Sun & Power

Cette action de représailles des autorités intervient dans le sillage des heurts qui ont opposé aujourd’hui un groupe de jeunes manifestants à une unité anti-émeutes de la gendarmerie nationale. Le saccage de la Place de la Résistance, lieu symbolique du mouvement citoyen qui a pris forme le 1er janvier 2015, est signal clair des autorités. Il signifie un changement radical dans la gestion de ce dossier, passant ainsi du dialogue à la répression de la revendication, sous toutes ses formes.

Insultes

La journée du 28 février marque un tournant décisif dans ce mouvement. Les jeunes militants anti-gaz de schiste sont vraisemblablement tombés dans un piège tendu par les autorités. « Les jeunes qui se sont présentés aujourd’hui auprès de la délégation d’Halliburton avaient l’intention de remettre une lettre de protestation suite à une information faisant état du lancement d’un nouveau puits de gaz de schiste par cette compagnie. C’était une action pacifique, dans l’esprit du mouvement citoyen lancé par les habitants de la région », explique un membre du comité des sages d’In Salah.

Mais en arrivant à la base-vie de la compagnie américaine, les jeunes militants se sont retrouvés face à une unité de gendarmes anti-émeutes chargée d’assurer la sécurité du site. « Plusieurs témoins indiquent que les gendarmes ont insulté les jeunes activistes. Ils leurs ont tenu des propos racistes. Ces derniers n’ont pas su être patients. Poussés à bout, ils ont réagi en lançant des pierres. La réaction des gendarmes a été instantanée et violente », précise notre interlocuteur. Selon lui, « le pouvoir estime avoir eu un argument valable pour imposer la répression et la violence ».

Les échauffourées ont ensuite éclaté au centre-ville d’In Salah où les forces de l’ordre ont utilisé de grandes quantités de gaz lacrymogène et procédés à des arrestations. Plusieurs manifestants et des gendarmes ont été blessés durant ces heurts. Le pire reste à venir, car les engins dépêchés par Halliburton et son partenaire Schlumberger pour effectuer les opérations de fracturation hydraulique devraient arriver demain à In Salah. « Les jeunes sont décidés à barrer la route du convoi et à l’empêcher d’arriver jusqu’au site de sondage », souligne notre source en précisant que de nouveaux renforts de forces de l’ordre sont arrivés aujourd’hui.

Canicule et vent de sable

Les autorités savent qu’elles doivent vite en finir le mouvement anti gaz de schiste d’In Salah car elles devront faire face des adversaires invincibles : les éléments naturels. Dans quelques semaines, il sera impossible de maintenir sur place des unités de maintien de l’ordre à cause des violents vents de sable qui débutent vers le 15 mars et qui durent près d’un mois. Mais c’est surtout la chaleur qui sera insupportable à l’arrivée du printemps. In Salah est une des régions les plus chaudes au monde où la température dépasse 45° d’avril à octobre.

T.H